Sous une tempête de neige, Daniel Billod-Laillet m’accueille au chaud, en ce mois de décembre 2017, à bord de la cabine d’un de ses trois Fendt Xylon. A peine assis confortablement, nous partons déneiger les routes. Le relevage avant, facilement visible par l’absence totale de capot, accueille une étrave.


Cet exploitant forestier, installé à son compte sur la commune de Les Fins, au pied de la frontière Suisse, dans le Haut-Doubs, assure durant l’hiver le déneigement des routes sur plusieurs villages ainsi que des parkings.

Trois paysagistes locaux, dont leur travail principal est stoppé par le manteau blanc, assurent la conduite de trois ensembles. En période estivale, les Xylon 524 évoluent en forêt. Un blindage forestier composé d’une plaque d’acier sous le châssis et de tubulures autour de la cabine, témoigne de leur activité. La configuration particulière du Xylon doté d’une plateforme arrière et de deux relevages répond parfaitement aux équipements installés par Daniel.

La grue avancée permet de déposer les grumes au niveau de l’axe du pont arrière, et de bénéficier d’une bonne adhérence.
Dans les situations difficiles, le treuil assure aussi la sortie en sécurité du tracteur et de son chargement.

Un tracteur multi-tâche
Pour tirer les grands épicéas, c’est le deuxième Xylon qui s’en charge. Acheté d’occasion avec 2 500 h au compteur, il en affiche 9 000 aujourd’hui. Il reçoit à l’arrière un treuil Pan de 2 x 16 tonnes et de câbles de 16 mm de diamètre. Les bobines se logent entre les roues, tandis que la bêche et les poulies de guidages sont montées au plus proche du tracteur, à la place du relevage.

A l’avant prend place un chargeur dont le bâti se fixe sur la poutre du châssis du Xylon. Devant la cabine, un espace libre permet de stocker les tronçonneuses et autres petits matériels forestiers. La cabine fixée entre les deux essieux sur silent-bloc limite les secousses, et améliore le confort de ses occupants. Elle accueille facilement le chauffeur et un passager. Les commandes sont principalement regroupées sur la droite, exceptée pour le pilotage de la grue, avec un joystick sur chaque accoudoir. Le pont avant bénéficie d’une suspension de type balancier de conception Fendt.

Pour le suivi du relief du terrain, le tracteur s’articule autour d’un pivot horizontal placé devant la cabine, et reliant les deux demi-châssis. Le troisième Xylon, qui totalise 6 500 heures, réalise des travaux moins contraignants, comme le nettoyage de parkings et de routes avec une balayeuse, et le déneigement avec l’étrave durant l’hiver. « Avant j’attelais même une fraise à neige pour déblayer les tas sur les parkings ». Le Xylon à la particularité de bénéficier d’un régime de prise de force de 1 400 tr/min en plus des trois autres (540, 750 et 1 000). Pour Daniel, le régime élevé lui permettait de projeter la neige assez loin.

Un centre de gravité bas
Fendt a réussi à regrouper tous les organes de puissances et de transmissions sous la cabine centrale, abaissant le centre de gravité du Xylon. Le moteur MAN turbocompressé de 4,6 L à la particularité d’être monté à plat. D’une puissance de 140 ch, il entraine un coupleur hydraulique suivi d’une transmission ZF. Elle totalise 24 vitesses avant et arrière, avec six vitesses mécaniques synchronisées et quatre rapports sous charge. Quant à l’inverseur à présélection, il se gère au volant.

Habitué aux plus anciens tracteurs de la marque bavaroise motorisés par un bloc MWM, Daniel pensait que le MAN ne serait pas adapté pour le Xylon, encore moins à plat et logé sous la cabine.
Au début, Daniel a dû changer plusieurs fois les pivots de direction au niveau du pont avant, car il n’y avait pas de graisseurs. Les pivots grippaient et cassaient.

« Depuis que j’ai percé l’axe et installé des graisseurs et que je donne un coup de pompe au moment de la vidange moteur, je n’ai plus de problème ».
Comme tout matériel qui travaille en conditions difficiles, en forêt ou lors du déneigement, il y a malgré tout de la casse.
En termes de gros travaux, seul le pivot d’oscillation du châssis et l’embrayage avec le coupleur complet ont été changés sur les plus anciens.
« C’est un tracteur conçu sur de bonnes bases », poursuit-il. En sortie de transmission, une cascade de pignons logée dans un pont portique démultiplie le régime. Les réducteurs du pont ZF comptent quatre satellites contre trois habituellement en agricole. La puissance passe par des roues chaussées en 38 pouces, et en 30 pouces à l’avant.

Après 20 ans d’utilisations en travaux forestier, le Xylon a encore de beaux jours devant lui dans cette entreprise… si la mécanique tient le coup. Les modèles d’occasions se font de plus en plus rares sur le marché, et Fendt n’envisage pas « encore » de ressortir un tracteur porte-outil.
