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Agrivoltaïsme : le soleil au service de l’élevage Avis d’expert : Jean-François Moreau, chargé de mission énergie

Jean-François Moreau, chargé de mission énergie à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire répond aux questions de la rédaction de Matériel Agricole.

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Matériel Agricole : Comment choisir entre la revente de l’électricité produite sur la ferme et sa valorisation en autoconsommation ?

Jean-François Moreau : La réponse à cette question dépend des dépenses électriques de l’exploitation et de ses capacités potentielles de production. L’autoconsommation présente un réel intérêt pour une installation hors sol possédant une chaîne d’alimentation, des ventilateurs et des lampes chauffantes, ou encore dans un élevage laitier avec un robot de traite, un tank à lait et des racleurs. Dans ces deux exemples, il existe un « talon », c’est-à-dire une consommation minimale et pratiquement continue en journée qui peut être couverte par la production solaire. Sur une ferme qui achète son électricité à 0,20 €/kWh, voire au-delà, chaque kilowattheure autoconsommé fera baisser d’autant la facture d’achat. Naturellement, le rendement des panneaux varie selon l’ensoleillement. En hiver, la plage de fonctionnement est réduite. Mais si l’installation est bien dimensionnée, il est possible de couvrir entre 25 et 35 % des besoins annuels, avec des performances de 80 % ou plus les jours les plus ensoleillés et de moins de 5 % quand il fait vraiment gris. A contrario, quand les heures de consommation ne correspondent pas à la période de production, mieux vaut opter pour une revente totale, même si le prix d’achat est inférieur.

Mat'Agri : Entre des panneaux fixes sur toiture et un tracker solaire, quel système est, selon vous, le plus intéressant pour un producteur ?

J.-F.M. : Ce sont deux principes très différents, chacun possédant leurs avantages et leurs inconvénients. Seul l’exploitant peut choisir en fonction de sa situation de départ et de ses propres besoins. Le tracker est un équipement mécanique, qui tourne en continu. Ce matériel doit donc être entretenu régulièrement, car il existe toujours un risque de panne. En revanche, comme les panneaux sont toujours orientés vers le soleil, la production démarre très vite le matin et atteint rapidement son niveau maximum avant de redescendre en début de soirée. En comparaison, une installation sur toiture demande moins d’entretien, hormis un lavage régulier des panneaux. La production est liée à l’exposition du bâtiment. Si les panneaux sont plein sud, la montée en puissance sera un peu plus lente qu’avec un tracker : ils enregistreront un pic à la mi-journée, suivi d’une baisse continue les heures suivantes. Avec une toiture à deux pans est et ouest, il est intéressant de répartir les panneaux de chaque côté : la production démarrera ainsi plus tôt le matin et augmentera assez rapidement. Le pic à la mi-journée est certes moins élevé, mais le rendement est plus régulier, ce qui correspond parfois mieux aux besoins réels de l’exploitation. Enfin, le montant de l’investissement est souvent décisif. Si la ferme dispose déjà d’un bâtiment bien exposé, pourquoi ne pas le valoriser ? En effet, pour un niveau de production équivalent, la pose de panneaux sur une toiture existante revient de deux à trois fois moins cher que l’investissement dans un tracker. S’il n’existe pas de toit à couvrir sur la ferme, ni de projet de construction de bâtiment, la solution du tracker mérite d’être étudiée.

Mat'Agri : Qui peut accompagner les exploitants dans la construction d’un projet photovoltaïque ?

J.-F.M. : Les chambres d’agriculture disposent, pour la plupart, d’un service dédié aux énergies renouvelables. Dans les Pays de la Loire, nous intervenons sur plusieurs dizaines de projets chaque année. Le suivi débute toujours par un diagnostic de l’exploitation agricole. Nous regardons ses besoins et son potentiel de production, et réalisons ensuite une analyse technico-économique. Nous avons un partenariat avec des fournisseurs, via un groupement d’achat qui ouvre l'accès à des tarifs négociés. L’agriculteur reste libre de consulter d’autres prestataires. Le conseiller qui l’accompagne analyse ensuite avec lui toutes les propositions en totale indépendance. Attention au choix du prestataire ! Certains acteurs peu sérieux tentent parfois d’attirer leur clientèle avec des offres très alléchantes. Il est impératif de demander des références aux installateurs et des garanties, comme l’attestation d’assurance décennale couvrant cette activité. Sur le plan administratif, l’installation de panneaux en toiture ou la pose d’un tracker n’entraîne pas de démarches trop contraignantes. À moins de résider à proximité de monuments historiques, cela se limite souvent à une demande de travaux ou à un permis de construire. La demande de raccordement au réseau est en revanche plus complexe, mais elle est généralement assurée par le prestataire.

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