« J’ai équipé mon intégrale Vervaet Evo Beet Eater 625 de chenilles en caoutchouc sur l’essieu central pour être en mesure de poursuivre mes prestations d’arrachage sur les parcelles gorgées d’eau de mes clients betteraviers », annonce d’emblée Laurent Ardaens, à la tête de la SARL du même nom, située à Volckerinckhove, près de Saint-Omer (Nord).
Il offre des prestations du semis à la récolte, en passant par la protection phytosanitaire pour les cultures céréalières et betteravières. En parallèle, l'agriculteur continue d’exploiter la ferme familiale de 85 ha de SAU.

Un kit de chenilles à 35 000 €
À la fin de l’année 2023, les conditions météorologiques sont restées dévastatrices pour les surfaces agricoles du nord de la France. En effet, la majorité des parcelles de betteraves sucrières était toujours gorgée d'eau, rendant l'arrachage de ces dernières difficile.
« Ma machine à roues allouée à la récolte de cette culture circulait avec difficulté et s’est enlisée à plusieurs reprises, raconte l’entrepreneur. Comme je ne voulais pas retarder la date de récolte des parcelles de mes fidèles clients betteraviers, j’ai cherché plus attentivement une solution pour continuer à travailler dans ces conditions. »
En « baignant » dans l’eau, les betteraves sucrières perdent en densité et en teneur, réduisant le rendement en sucre. En novembre 2023, au détour de recherches sur Internet, Laurent Ardaens repère une annonce pour un kit de chenilles triangulaires en caoutchouc d'occasion, du fabricant Zuidberg, compatible avec son intégrale Vervaet Evo Beet Eater 625, pour la somme de 15 000 € HT.
« Un ami m’a conseillé de ne pas laisser passer l’affaire, surtout à ce prix », ajoute-t-il, soulignant qu'un modèle neuf coûte près du double.
Ces chenilles affichent une longueur de 2,2 m pour une largeur de 75 cm, identique à celle des roues du premier essieu. Malheureusement, leurs bandes en caoutchouc sont en mauvais état. Des craquelures et fissures apparaissent en seulement 15 jours.
« Je me suis alors procuré deux nouvelles bandes en caoutchouc du fabricant Zuidberg pour 20 000 € », indique Laurent Ardaens.
Les techniciens de Vervaet France se sont alors déplacés en concession afin d’installer le kit de chenilles. Pour loger ces dernières dans le pont central de l’intégrale, quelques modifications techniques doivent en effet être réalisées pour abaisser le moyeu correspondant. En revanche, si l'entrepreneur souhaite par la suite intervertir les deux systèmes, il pourra tout simplement relever l’essieu central monté sur des vérins, sans recourir à un cric. Les trois ponts de la machine étant moteurs et indépendants, les équipes de Vervaet ont également configuré l’ordinateur de bord afin d’assurer la bonne proportionnalité de rotation entre les roues et les chenilles. Sur route, bien que ces dernières soient remontées hydrauliquement, la vitesse d’avancement de l'intégrale se limite à 15 km/h, contre 30 km/h avec les six roues.

« Cette diminution de vitesse m’oblige à réviser la gestion de mes chantiers entre les différentes parcelles situées à 40 km à la ronde », souligne l’entrepreneur, voyant de fait son temps de déplacement entre les différents sites doubler.
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Une portance au sol augmentée avec les chenilles
« Au travail, le premier pont de l’intégrale, doté de roues, écarte la boue de chaque côté et fraye le chemin à l’essieu central à chenilles. Ces dernières peuvent ainsi circuler sur un sol plus porteur, avec une adhérence améliorée », explique Laurent Ardaens.
De même, la conception des chenilles offre une portance au sol plus élevée qu’avec des roues. Cette solution permet d'extraire les betteraves sans créer de plus imposantes ornières dans la parcelle. L’utilisation des chenilles est également appréciée des clients de la SARL souhaitant diminuer le tassement du sol de leurs parcelles.

« Équiper la Vervaet Evo Beet Eater 625 de chenilles en caoutchouc entraîne en revanche des coûts de maintenance et d’entretien plus élevés qu’avec un système à roues. Je suis donc contraint d’augmenter le prix de mes facturations », regrette l'entrepreneur.
Des betteraves arrachées dans les moindres recoins de la parcelle
En examinant les données de conduite dans le terminal de l’intégrale, Laurent Ardaens a pu constater une augmentation de la consommation de carburant lorsque la machine est équipée des chenilles. Il tient tout de même à préciser que cela se produit dans des situations extrêmes.
« En conditions humides, grâce aux chenilles, l’intégrale, chargée à 55 t lorsque la trémie est remplie, est capable de passer partout dans la parcelle. Cette solution évite également d’abandonner des coins de parcelles moins porteurs, impraticables en configuration six roues », ajoute l’entrepreneur.
Néanmoins, la difficulté d’arrachage des betteraves dans un sol humide ne se limite pas uniquement aux roues. De fait, Laurent Ardaens a souvent dû faire face à des bourrages au niveau des paniers de nettoyage.
« Pour les prochaines années, j’ai comme objectif d’entamer la première moitié de la saison d’arrachage de betteraves avec ma machine équipée de ses six roues. Lorsque les conditions météorologiques rendront les parcelles difficilement praticables, je procéderai à l’interversion des roues du pont central avec le kit de chenilles en caoutchouc », conclut l'entrepreneur.