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Pièces au carbure de tungstène  « Chez nous, à la SCEA du Tertre, le traitement au carbure est indispensable »

L’utilisation de jumelages et de pneus à basse pression fait aussi partie de la stratégie pour limiter le tassement des sols et donc moins solliciter les outils.
L’utilisation de jumelages et de pneus à basse pression fait aussi partie de la stratégie pour limiter le tassement des sols et donc moins solliciter les outils. (©D.L.)
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Sur l’exploitation de Jean-Louis et Jérémie Meunier, dans l’Indre, les « bournais », des sols riches en sable fin, usent le matériel. Pour eux, la solution passe par l’emploi de dents et de pièces d’usure systématiquement protégées par des pastilles de carbure de tungstène ou renforcées par une soudure au carbure de chrome.

Jean-Louis Meunier, cogérant avec son fils Jérémie de la SCEA du Tertre, dans l'Indre, estime que, dans les sols très usants de son secteur, la protection des pièces d’usure avec du carbure est indispensable. (© D.L.)
« Au début de ma carrière, je me souviens avoir réalisé des chantiers de labour où nous devions changer les pointes de la charrue au bout d’une douzaine d’hectares seulement, explique Jean-Louis Meunier, associé avec son fils Jérémie au sein de la SCEA du Tertre, à Préaux, dans l’Indre. Sur l’exploitation, une part importante des surfaces est composée des terres appelées “bournais”. Ces terrains renferment assez peu d’argile : souvent entre 20 et 25 % seulement mais, parfois, cela baisse à 12 ou 13 %. Le reste est constitué principalement de limons et surtout de sable fin très usant. Avec les vitesses de travail toujours plus élevées, aucun acier standard n’y résiste. Tous les matériels de travail du sol sont donc très sollicités. Au début des années 2000, quand j’ai entendu parler de la résistance des pièces protégées par des pastilles de carbure de tungstène, j’ai tout de suite voulu essayer. »

Tous les outils travaillant le sol

L’exploitation de Jean-Louis et Jérémie Meunier est exclusivement céréalière : blé, orge, colza, orge de printemps, féverole, sorgho, maïs et tournesol. Ensemble, ils gèrent aussi une ETA qui réalise tous types de travaux en prestations. Au total, le père et le fils cultivent ainsi chaque année environ 1 000 ha. La charrue fut le premier outil doté de pointes traitées au carbure de tungstène. Jean-Louis Meunier a ensuite fait de même avec les dents de la herse rotative, avant d’équiper tous les outils travaillant le sol : le déchaumeur à dents, le fissurateur et les différents semoirs de l’exploitation.

« Je me fournis depuis le départ auprès de la société ADI Carbures, explique l’agriculteur. C’est une entreprise locale basée dans le département voisin de la Vienne. Elle a une offre assez large et, surtout, elle peut proposer des pièces réalisées à la demande pour des besoins spécifiques. C’est un véritable atout. À plusieurs reprises, il m’est arrivé de lui présenter une dent ou un soc provenant d’un nouveau matériel. Elle part alors de la pièce d’origine en acier traditionnel non protégé et ajoute un traitement adapté à la forme et aux conditions d’utilisation de la pièce travaillante. »
Si les dents, socs et sabots traités au carbure coûtent plus cher à l’achat, leur durée de vie est doublée, voire triplée, et leurs renouvellements par conséquent moins fréquents. (© SCEA du Tertre)

ADI Carbures propose deux types de traitements, parfois combinés sur la même pièce. Le premier consiste à apposer des plaquettes de carbure de tungstène sur la partie de la dent ou du soc la plus exposée aux frottements. Il en existe plusieurs formes, dans différentes dimensions, ce qui permet de répondre à presque tous les besoins, quelle que soit la taille de l’élément à protéger. Mais si ces plaquettes s’avèrent très résistantes à l’abrasion, elles n’empêchent pas les frottements du flux de terre en amont de la dent, donc la création d'une usure sur la partie arrière qui, elle, n’est pas protégée.

Pour ce sabot à double rang de semoir, ADI Carbures a d’abord réalisé des pièces à la demande avant de les proposer au catalogue. (© D.L.)

D’où l’intérêt du second type de traitement, réalisé à partir de carbure de chrome. Il s’agit d’une couverture déposée par soudure. Le cordon plus ou moins large et de différentes formes possibles est souvent réalisé avec un robot de soudage (voir l'encadré « Rechargement possible à l’atelier »). Il représente donc une solution intéressante à combiner avec la pose de plaquettes de carbure de tungstène pour protéger, par exemple, les flancs de la pièce ou les zones périphériques desdites plaquettes. Le cordon peut également être appliqué autour des points de fixation, notamment en bordure de tête de boulon, afin de réduire les risques d’abrasion. Cette protection au carbure de chrome est aussi utilisée pour recharger en matière les parties de soc ou de dent abîmées par les frottements.

Basse pression, jumelages et itinéraires simplifiés

Pour moins user son matériel, Jean-Louis Meunier a en outre choisi depuis longtemps de limiter le travail du sol. Il a ainsi progressivement abandonné le labour sur une bonne partie des terres qu’il cultive. Désormais, la majorité des parcelles est conduite en travail simplifié, avec un déchaumage après la moisson et l’implantation d’un couvert végétal avant les cultures du printemps suivant. Déchaumage et semis du couvert sont réalisés soit simultanément grâce à une trémie frontale avec rampe de semis, soit en décalé avec un semoir à dents. Au moment du semis suivant, le terrain est retravaillé au fissurateur, si le sol est compacté, ou avec un outil à dents. La SCEA dispose de deux semoirs, un Horsch Sprinter et un Duro Evo, tous deux équipés de dents.

Sur ce fissurateur à dents, l’ensemble des éléments, de la pointe jusqu’au coutre, est protégé par une rangée de plaquettes. (© D.L.)
« J’ai toujours une charrue, précise l’exploitant, mais je ne m’en sers que sur certaines parcelles, principalement dans les zones plus argileuses, ou quand je suis confronté à une impasse pour le désherbage. Nous avons aussi conservé une herse rotative combinée à un semoir à disques Sulky, mais ce matériel est utilisé moins souvent. La plupart des préparations de semis se font en technique simplifiée, voire en direct quand il s’agit d’une implantation d’automne, derrière un tournesol, un sorgho ou un maïs. Moins je travaille le sol, moins j’use mes outils. Cela suppose une organisation spécifique sur le plan de la rotation des cultures pour limiter le risque de tassement. Les tracteurs sont équipés de pneumatiques à basse pression, en 710 mm de largeur. Pour les semis, nous avons investi dans un jumelage intégral, avant et arrière. Quant à la moissonneuse-batteuse, le modèle Claas à chenilles Terra Trac nous permet de passer plus facilement dans toutes les parcelles, en début comme en fin de saison. À la récolte, les remorques n'entrent pas dans le champ et restent toujours stationnées en bordure de parcelle. Cette stratégie limite ainsi le tassement et évite par la suite de trop solliciter les outils de travail du sol. »
Les cordons de soudure réalisés au carbure de chrome ont permis ici de protéger efficacement la partie de la dent située derrière la plaquette de carbure de tungstène ainsi que son écrou de fixation. (© D.L.)

Une durée de vie triplée

Travailler avec des pièces protégées au carbure n’entraîne pas de contrainte spécifique, hormis dans les zones pierreuses où le chauffeur doit réduire sa vitesse de travail, pour passer de 15 ou 16 km/h à moins de 10 km/h. Les chocs produits par les cailloux peuvent en effet parfois décoller la plaquette de son support. Jean-Louis Meunier réfléchit régulièrement à de nouvelles adaptations pour protéger les pièces d’usure de son matériel.

Il existe plusieurs types de plaquettes afin de s’adapter aux dimensions et aux formes des pièces à protéger. (© D.L.)
« Ce que j’apprécie avec mon fournisseur, c’est de pouvoir lui demander des commandes spécifiques, souligne-t-il. Il y a quelques années, nous avions étudié ensemble le projet de protection de toute la périphérie d’un disque de déchaumage avec des plaquettes de carbure de tungstène. Mais le prix final était très élevé et, comme il fallait le multiplier par les 72 disques du déchaumeur de 8 m de largeur, l’addition aurait été vraiment trop salée. En revanche, pour des sabots de semoir aux formes spécifique, ADI Carbures m’a proposé des pièces qui ne figuraient pas auparavant au catalogue à un prix tout à fait raisonnable. »

Économiquement, le prix d’une pièce protégée au carbure est naturellement plus élevé qu’un produit en acier standard. Le surcoût varie de 50 à 200 % selon les modèles. Mais pour les utilisateurs, cela reste rentable.

« Chez nous, une pièce protégée au carbure dure souvent de 2,5 à 3 fois plus longtemps que celles en acier classique. L’écart de prix est donc justifié. Et il y a d’autres avantages à la clé, poursuit-il. D’une part, j’économise du temps de main-d’œuvre puisque je les remplace moins souvent. En période de pointe, c’est très précieux. D’autre part, je gagne en précision de travail. C’est notamment vrai avec le matériel de semis, car si elle ne s’use pas, la pointe garde sa dimension d’origine, et le travail se fait toujours à la bonne profondeur. Aujourd’hui, ce type de protection est devenu indispensable dans des terrains sablonneux comme les nôtres. »

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