C’est en 2020 que l’entreprise de travaux agricoles Clément, installée à Broons, dans les Côtes-d’Armor, a été sollicitée par des clients pour effectuer des travaux d’épandage de fumier. Jusque-là, l’ETA ne proposait pas cette prestation : cela a donc nécessité des investissements.
« La majorité de mes collègues utilise un tracteur pour tirer l’épandeur et un autre matériel pour effectuer le chargement, souligne Frédéric Clément, cogérant de l’entreprise avec son frère Philippe. Comme nous ne voulions pas mobiliser deux engins sur le même chantier, nous avons réfléchi à une organisation pour tout faire avec un seul tracteur et un seul chauffeur. »

Attelage automatique
Très rapidement, les deux frères s’intéressent à la solution d’attelage automatique Combi-Hitch proposée par le Danois Siwi. Le principe est simple : deux interfaces, l'une placée sur le relevage arrière du tracteur et l’autre du côté de l’outil, qui se connectent et se déconnectent rapidement, sans descendre de la cabine.

La prise de force, le système de freinage ainsi que tous les branchements hydrauliques ou électriques se raccordent en même temps. Une fois la question de l’attelage résolue, restait à trouver le matériel. Leur choix se porte alors sur un tracteur Fendt 924 Vario, doté d’un chargeur frontal TX 430, l'un des plus gros modèles de la marque MX. Pour l’épandeur, ils optent pour un modèle Muck Master de 24 m3 du constructeur Pichon.

De 80 à 110 t de fumier à l’heure
L’ensemble est confié à Alexandre, jeune salarié dans l’entreprise depuis 2021, qui est passé auparavant par un contrat d’apprentissage.
« Beaucoup de chantiers se déroulent au champ où il faut reprendre des tas déposés par l’agriculteur, explique-t-il. Le dételage de l’épandeur s’effectue en quelques secondes. J’utilise un boîtier dédié au Combi-Hitch, placé en cabine, avec lequel je commande le déverrouillage des connexions, puis je pose le support de l’épandeur à terre et j’avance le tracteur. Pour l’attelage, c’est tout aussi rapide. »

En cabine, la visibilité sur le chargeur frontal est jugée très satisfaisante. Le conducteur utilise un petit levier en croix sur l’accoudoir du Fendt pour piloter toutes les fonctions du MX. La pince, de type benne multiservice, de 2,5 m de largeur, offre une très bonne capacité de travail. Le chargeur s’élève pour sa part jusqu’à 5,3 m, une hauteur suffisante pour vider dans l’épandeur.

Parfois, quand il faut reprendre du vieux fumier souvent très dense, le tracteur peine un peu mais, pour toutes les autres tâches, il affiche presque le même rendement que celui d'un télescopique. Dans les champs, la bonne adhérence et la force de poussée du 924 Vario sont deux atouts importants. Pour rééquilibrer l’ensemble, les quatre pneus du Fendt sont gonflés à l’eau, et deux masses de roues de 600 kg ont été fixées au niveau des jantes arrière.

« Quand les tas sont régulièrement déposés dans le champ, le chauffeur ne perd pas de temps à se déplacer, ajoute Philippe Clément. Il réussit généralement à épandre entre 80 et 110 t de fumier par heure, soit jusqu’à six épandeurs à l’heure. C’est un très bon rendement pour une seule personne mobilisée. Une telle organisation est possible grâce à l’attelage qui s’accroche et se décroche en moins de 30 secondes. »

Utilisation pour l’ensilage
Le tracteur et son chargeur sont également employés à la confection des tas d’ensilage d’herbe et de maïs chez les clients de l’ETA. L'outil permet de réaliser un travail plus précis que celui d'une simple lame. Un rouleau est attelé à l’arrière, l’ensemble atteignant ainsi les 20 t, ce qui s'avère efficace pour tasser. En dehors des périodes d’épandage et d’ensilage, le chargeur est dételé. Le tracteur, qui conserve son lestage toute l’année, est utilisé sur d’autres chantiers.

L’installation du bâti du chargeur a nécessité de recouper les garde-boues avant sur quelques centimètres. À part cette petite modification, la présence du bâti de chargeur ne perturbe pas l’utilisation du tracteur pour les autres travaux. L’ETA a opté pour un connecteur hydraulique rapide, appelé « Mach System » chez MX, qui simplifie la tâche du chauffeur quand il faut atteler ou dételer le matériel. Ce chargeur frontal n’est pas équipé de capteurs de pesée, car les chantiers réalisés ne le justifiaient pas.

Un investissement de 39 000 €
Les travaux d’épandage de fumier sont facturés en fonction du temps passé et du nombre de tournées effectuées. Avec leur fonctionnement innovant, les gérants de l’ETA estiment qu’ils peuvent proposer un prix compétitif. L’investissement dans l’attelage automatique Siwi et le chargeur MX s'élève à 39 000 €, un coût bien inférieur à l’achat d’un matériel de manutention. Actuellement, l’ETA n’utilise pas l’attelage automatique Siwi pour d’autres applications que l’épandage. Cela serait tout de même envisageable pour des travaux nécessitant de décrocher et raccrocher souvent le même outil.
« L’épandage de fumier n’est pas une activité très importante sur l’ETA, commente Philippe Clément. Nous n’avons d’ailleurs qu’un épandeur. Cette organisation avec un seul tracteur et un seul chauffeur nous est apparue comme idéale. L’entreprise dispose bien d’un télescopique, mais il est surtout utilisé à l’atelier. L’emmener en chantier chez les clients nécessiterait un accompagnement logistique pour le déplacer, alors que, là, notre chauffeur est autonome. De plus, pour travailler au champ, le télescopique aurait une adhérence très moyenne, comparée à celle du tracteur. N’employer qu’un seul automoteur est intéressant pour l’entreprise, mais je pense que c’est aussi apprécié par les salariés. Le chauffeur n’a pas à descendre pour passer d’un équipement à l’autre, ou pour dételer et réatteler son épandeur. C’est donc assez confortable. Et, à l’heure actuelle, vu les difficultés pour recruter, il faut tenir compte de la pénibilité des tâches proposées à nos salariés. »