Astucieux. L’ETA Bridonneau, basée à Longeville-sur-Mer en Vendée, propose une prestation d’épandage d’engrais « deux en un ». Sur le tracteur 6155 R de John Deere, l’entrepreneur a placé deux distributeurs d’engrais afin d’apporter deux produits différents au cours d’un seul et même passage. L’ensemble comprend un appareil attelé à l’arrière, et un second installé sur le relevage frontal. Ce dernier travaille donc dans le sens opposé du précédent en projetant les granulés vers l’avant. Il s’agit de deux modèles identiques, des Exacta TL Geospread de la marque Kverneland. Ils affichent une largeur de travail de 36 m et des capacités respectives de 3 000 L à l’avant et de 4 000 L à l’arrière. Il était possible techniquement d’ajouter une rehausse supplémentaire à l’avant, mais cela aurait réduit le champ de vision du chauffeur sur la route.
« Cela fait maintenant trois saisons que l’entreprise effectue ainsi des chantiers de double épandage, explique Aurélien Devineau, chauffeur au sein de l’ETA Bridonneau. L’entreprise a commencé à faire de la modulation en 2006-2007 avec une autre marque de matériel. Le distributeur Kverneland est arrivé en 2011. Comme ce modèle fonctionnait bien, l’ETA a réalisé ce montage en duo en achetant le second épandeur, pour une utilisation en simultané. L’usage classique consiste à apporter de l’engrais de fond à l’avant et de l’azote à l’arrière. »
Fonctionnement en sens inverse
Ces deux distributeurs sont connectés en Isobus au tracteur et pilotés par une même console John Deere 4640, placée au niveau de l’accoudoir. Un second écran de rappel, installé sur le montant droit de la cabine, affiche des informations complémentaires. Une option dans le menu de l’appareil permet de préciser que le premier épandeur est positionné à l’avant du tracteur et fonctionne donc dans le sens inverse. La console prend automatiquement en charge ce changement de configuration et gère l’ouverture des trappes en conséquence, ainsi que les coupures de section et la modulation de dose. Ce montage n’a donc nécessité aucun réglage spécifique ni modification majeure sur l’épandeur. Pour l’entraînement, l’ETA a simplement placé un moteur hydraulique au niveau du châssis, avec un embout spécifique relié au cardan.
L’inversion du sens de travail ne pose pas non plus de souci dans les fourrières, qui sont suffisamment larges pour que le premier épandeur assure une répartition homogène de l’engrais. Le point de chute le plus proche est en effet situé à 12 m devant l’épandeur, ce qui laisse suffisamment de distance pour anticiper le démarrage de l’appareil après un demi-tour.
Entretien des radiateurs
Afin de préserver les sols, le tracteur est équipé du télégonflage. Le chauffeur ajuste généralement la pression entre 0,8 et 1 bar dans les champs, en fonction du poids de l’engrais. L’épandeur à l’avant ajoute une charge de 3 à 3,5 t, mais cela permet aussi de rééquilibrer l’ensemble et d’améliorer l’adhérence.
L’ETA dispose également d’un tracteur équipé de chenilles capables d’accueillir ces deux épandeurs. Épandre deux produits en même temps impose aussi un peu plus de rigueur au niveau de la logistique et du réapprovisionnement des trémies. Quant à l’entretien du tracteur, le chauffeur se montre là encore vigilant. En effet, l’épandeur à l’avant génère des poussières qui viennent se coller à la calandre et se retrouvent au niveau des radiateurs. Ainsi, chaque soir, Aurélien Devineau souffle le tout avec le compresseur et, quand c’est possible, ce nettoyage est complété par un rinçage à l’eau chaude.
Carte de modulation
Depuis plusieurs années déjà, toutes les parcelles où l’entreprise intervient sont géoréférencées dans la même base de données, et les lignes de passage pour les travaux sont prétracées.
« Cela nécessite de l’anticipation, mais cette cartographie simplifie nettement l’organisation des chantiers, reconnaît Aurélien Devineau. C’est moi qui interviens le plus souvent en épandage, mais l’un de mes collègues, formé récemment, peut me remplacer. Je reçois systématiquement une fiche de travail détaillée avant chaque chantier contenant toutes les informations à suivre. Le fait d’avoir deux épandeurs sur le tracteur n’entraîne pas de difficulté particulière, et la conduite reste accessible à un chauffeur habitué à gérer ce type de matériel. S’il est prévu de moduler les apports, il faut intégrer la carte dans la console qui prend en charge les instructions de dosage. Celle que nous utilisons arrive parfois à la limite de ses capacités de fonctionnement quand il faut gérer deux produits différents avec des quantités fluctuantes. Mais, jusqu’à présent, tout s’est toujours bien passé. »
Avec cette prestation, l’entreprise se démarque aussi de la concurrence.
« En étant capables de réaliser deux apports différents dans le même passage, nous sommes très réactifs face aux demandes des clients, ajoute Mickaël Bridonneau, cogérant de la société familiale. Cela évite donc d’intervenir dans des conditions trop limites et de matraquer les sols. Le matériel employé garantit une bonne répartition et un dosage homogène grâce, notamment, à la coupure de tronçon. La modulation est également un atout. Actuellement, nous l'utilisons sur environ 40 % des surfaces où nous épandons de l’engrais. Un chiffre qui devrait augmenter au fur et à mesure des nouvelles offres et références. »
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