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Lin textile  Une filière de retour en Bretagne

L’ETA Le Caap, implantée dans le Finistère, a arraché 300 ha de lin textile avec une arracheuse double de 2x1,2 m.
L’ETA Le Caap, implantée dans le Finistère, a arraché 300 ha de lin textile avec une arracheuse double de 2x1,2 m. (©C.G.)
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Producteurs et entrepreneurs de travaux agricoles bretons s’associent à Bretagne Lin pour redonner ses lettres de noblesse à la culture du lin textile dans la région.

Une filière de valorisation du lin textile progresse sur le territoire breton, notamment dans le Finistère et les Côtes-d’Armor. L’entreprise Bretagne Lin, créée en 2022 à Landivisiau (Finistère) par Dominique Le Nan, ambitionne de développer cette production entièrement mécanisée dans la région. La Cuma Breizh Lin a ainsi vu le jour afin d’acquérir 4 arracheuses automotrices, 4 retourneuses doubles (et 1 modèle simple) ainsi que 13 enrouleuses automotrices déportées, de la marque Depoortere. Bretagne Lin a également sollicité cinq ETA pour les prestations d’arrachage, de retournage et d’enroulage du lin textile. Récemment, le concessionnaire finistérien Sofimat a pris la carte Depoortere et formé une équipe aux matériels dédiés à cette culture.

Les semis sont réalisés en mars-avril avec une densité de 2 000 graines/m2. « La levée du lin textile se fait en 8-10 jours, et sa taille atteint 1 m après 100 jours. Cette culture nécessite une rotation tous les six à sept ans », précise André Le Bihan, responsable de développement chez Bretagne Lin. L’arrachage s’effectue en juillet. Le lin est en effet arraché, et non coupé, afin d’optimiser les longueurs de fibres. Les tiges sont alors déposées en andains pour favoriser le rouissage, une étape primordiale pour garantir la qualité de la fibre. Pendant cette phase, les parties fibreuses sont séparées des parties ligneuses via l’action des micro-organismes du sol. Le rouissage requiert une température comprise entre 18 et 25 °C, en plus d’une alternance pluie-soleil. Il peut ainsi se prolonger jusqu’en septembre, un ou deux retournages des andains de lin textile étant nécessaires pour homogénéiser l’action des micro-organismes.

Des réglages précis à l’arrachage

Des éléments arracheurs, à relevage hydraulique, pressent le lin textile avec des courroies. L’arracheuse est conduite par Thierry Le Guern (à gauche), co-gérant de l’ETA Le Caap et Matéo, salarié de l’entreprise. (© C.G.)

L’ETA finistérienne Le Caap propose des prestations d’arrachage, de retournage et d’enroulage de lin textile. Elle est intervenue sur 300 ha avec l’arracheuse automotrice double Depoortere de 220 ch. Cette machine comporte des diviseurs qui répartissent les tiges de lin textile en quatre prises de 30 cm de large. Celles-ci sont conduites vers les éléments arracheurs munis de poulies et de courroies qui saisissent et arrachent la tige. Le lin est ensuite transporté par des courroies à ergots métalliques vers des « tables d’étalage », elles-mêmes dotées de deux courroies entraînées hydrauliquement. Ces tables assurent le dépôt au sol et étalent les tiges en parallèle afin d’obtenir deux andains à l’épaisseur régulière. La qualité du travail passe par un réglage précis de l’écartement des diviseurs et de la hauteur des éléments arracheurs. De même, les courroies à picots de l’étaleuse jouent un rôle dans la fluidité du passage du lin textile ainsi que dans la régularité des andains. En cabine, l’ordinateur de bord contrôle avec précision la vitesse d’avancement, la hauteur des éléments arracheurs et le décalage des pieds. « Plus le lin textile est haut, plus il est important d’écarter les tables d’étalage pour éviter le chevauchement des andains. Nous devons également veiller au réglage de la pression pneumatique des rouleaux écraseurs entre 2 et 2,5 bar. Leur rôle est d’homogénéiser le rouissage sur toute l’épaisseur de l’andain », explique Thierry Le Guern, cogérant de l’ETA Le Caap. Le chauffeur rapporte une vitesse d’avancement de 12 à 15 km/h et un débit de chantier de 1,5 à 2 ha/h, selon la configuration de la parcelle. « Cette prestation s’intercale entre les moissons et l’ensilage, et représente une opportunité supplémentaire pour diversifier nos activités. Le manque de main-d’œuvre en production légumière laisse présager un développement de la culture du lin et une demande croissante de prestations », rapporte l’entrepreneur.

Le lin textile arraché est conduit vers deux tables d’étalage grâce à des courroies à picots métalliques puis déposé au sol en deux andains. (© Depoortere)
Les rouleaux écraseurs entraînés hydrauliquement homogénéisent le rouissage sur toute l’épaisseur de l’andain. (© Depoortere)

Des andains à retourner

La SARL Briand, installée dans les Côtes-d’Armor, a également contribué aux chantiers. La retourneuse double à trois roues Depoortere utilisée est munie de deux pick-up indépendants, dont l’un est solidaire du châssis de la machine, et l’autre réglable latéralement. Le lin textile est collecté par les dents des pick-up puis acheminé vers des courroies de transport qui le retournent et le conduisent vers l’arrière de la machine. La dépose au sol s’opère par deux courroies parallèles à picots, à relevage hydraulique, avec aligneur de pieds. La rotation des courroies (avant/arrière) et les mouvements de celles qui sont à l’arrière (montée/descente) s’effectuent via une télécommande sans fil pour faciliter les opérations de débourrage. L’ordinateur de bord contrôle la vitesse de travail et la rotation des courroies, proportionnelle à l’avancement. Xavier Briand, responsable de la SARL, annonce une vitesse de travail oscillant entre 10 et 14 km/h (limitée à 4-5 km/h en conditions humides) et un débit de chantier de 1,5 ha/h. « Les réglages de la hauteur de travail pour récupérer l’andain et la vitesse des courroies priment pour la qualité du retournage, commente ce dernier. Nous devons veiller à ne pas laisser de fibres, tout en évitant d’accumuler de la terre. La hauteur s’ajuste manuellement, via les roues de jauge, entre 0 et 1 cm du sol. Un système de débit proportionnel à l’avancement automatise la vitesse des courroies à l’entrée et à la sortie. »

La retourneuse double à 3 roues Depoortere comporte deux pick-ups entraînés hydrauliquement. (© C.G.)
André Le Bihan, responsable de développement de Bretagne, Xavier Briand, responsable de la Sarl Briand, et Ronan Dantec, exploitant, échangent un chantier de retournage de lin textile. (© C.G.)
Le pick-up transporte le lin textile vers des courroies de transport pour être retourné. (© C.G.)
A l’arrière de la retourneuse, le lin textile est déposé au sol par deux courroies à picots avec aligneur de pieds. (© C.G.)

L’enroulage du lin

L’enroulage du lin a lieu lorsque le rouissage est satisfaisant. Le taux d’humidité doit être inférieur à 15 % pour garantir la qualité de la fibre lors de l’opération de teillage à l’usine, qui consiste à extraire la fibre de l’écorce de la tige. Le lin est ramassé, andain par andain, avec des presses automotrices ou attelées à un tracteur avec un timon ou un pick-up déporté. Ce dernier, muni de trois rangées de dents, est entraîné par un moteur hydraulique. Deux courroies à picots reprennent ensuite la matière, à une vitesse d’avancement permettant de concentrer un peu l’andain avant de le conduire jusqu’à la cage. En cabine, le chauffeur règle le taux d’épaississement et contrôle, balle après balle, la longueur enroulée. Celle-ci doit approcher les 70 m pour un diamètre de 1 m, voire 1,25 m. L’ordinateur de bord régule ensuite la vitesse d’avancement de la presse en fonction de ce paramètre. Lorsque le diamètre de la balle est atteint, celle-ci reçoit un liage ficelle. Cette opération ainsi que l’ouverture de la porte sont entièrement automatisées. Ces presses travaillent à une vitesse moyenne de 20 km/h et offrent un débit de chantier de 1 ha/h dans des parcelles de taille moyenne. Les balles, dont le poids varie entre 250 et 300 kg, doivent être stockées à l’abri, sous un hangar, avant leur transport.

L’enroulage de lin textile est effectué à un taux d’humidité inférieur à 15 % avec une presse spécifique. (© Bretagne Lin)

Bretagne Lin a relevé un rendement de 6,5 t de lin par hectare pour la saison 2023 (contre 4,3 t/ha au niveau national), ce qui la conforte à poursuivre dans cette voie. « Le lin textile comporte de nombreux avantages en comparaison d’une culture de céréales classique : des marges brutes trois fois plus élevées, de l’ordre de 2 100 à 2 200 €/ha, un moindre apport en engrais, de 0 à 20 unités d’azote, et une réduction des produits phytosanitaires », met en avant André Le Bihan. « Nous souhaitons doubler la surface actuelle de 1 000 ha pour alimenter l’usine de teillage locale en projet. Les objectifs d’emblavement pour l’année 2025 dépassent notre ambition. Nous souhaitons ainsi étoffer le nombre d’entrepreneurs prestataires. Le lin textile a une très belle image du fait de la production d’une fibre naturelle. Nous sommes ainsi très optimistes sur l’avenir de ce secteur porteur », conclut-il.

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