Olivier Boulignat a créé son entreprise de travaux agricoles en 2015 à Villefranche-d’Allier (Allier), une zone bocagère située dans le nord de l’Auvergne où l’élevage bovin est très présent. Cette ETA propose toutes les prestations habituelles de récolte (moisson, ensilage, enrubannage et fenaison), ainsi que du semis de maïs, de l’épandage de fumier et du broyage de haies. La société emploie aujourd’hui 12 personnes, secrétaire et apprentis compris.
« C’est en 2019 que j’ai investi dans ma première presse combinée Göweil LT-Master F115, explique-t-il. À l’époque, je souhaitais répondre à une demande de mes clients et offrir une prestation supplémentaire. Cela m’a aussi permis d’accroître le nombre d’heures d’utilisation de l’ensileuse qui alimente la machine en amont. »
Cueilleur à 8 rangs
L’activité s’organise comme un chantier d’ensilage classique. Mais, au lieu de benner le fourrage directement dans un silo, les remorques alimentent la presse-enrubanneuse Göweil qui fonctionne à poste fixe. Le jour de notre visite, l’ETA récoltait du maïs épi avec une ensileuse New Holland FR550, équipée à l’avant d’un bec cueilleur Capello Diamant à huit rangs espacés de 77,5 cm. Un écartement choisi pour récolter à la fois les parcelles semées à 75 cm et celles qui le sont à 80 cm. Sur ce chantier, l’ETA a également prévu trois ensembles tracteur-remorque avec chauffeur afin d’effectuer les allers-retours du champ jusqu’à la plateforme de conditionnement, située à 4 km environ. Les bottes sont ensuite stockées sur place, puisque l’entreprise récolte et conditionne les maïs achetés sur pied pour les revendre à des éleveurs de la région (voir encadré).
Cycle automatisé
Chaque remorque est déchargée dans une trémie placée tout à l’arrière de la machine et dotée de parois latérales repliables pour le transport. Sa capacité de réception est de 13 m3, ce qui oblige le chauffeur à benner progressivement pour ne pas faire tomber d’ensilage au sol. En fond de trémie, un tapis à chaînes et barrettes pousse le fourrage vers un rouleau démêleur qui régule le débit et alimente un élévateur placé dans la continuité. De là, l’ensilage remonte au-dessus de la presse et tombe ensuite dans la chambre de conditionnement. Il s’agit d’un modèle à monocourroie réalisant des bottes d'un diamètre fixe de 115 cm.
Un seul opérateur en permanence
Tout le cycle est automatisé : quand la botte est terminée, le système de liage par film se déclenche instantanément. La porte s’ouvre ensuite pour son transfert sur la table d’enrubannage, puis le double satellite démarre son travail, pendant que la formation de la balle suivante débute dans la presse. Une fois enrubannée, la botte roule jusqu’au sol via une courte passerelle de descente.
« Un seul opérateur présent en permanence sur place suffit à assurer le fonctionnement, précise Olivier Boulignat. Au départ, il ajuste les réglages comme le serrage des bottes et le nombre de couches de plastique à déposer. Ensuite, il gère les manœuvres des remorques, change les bobines de film et s’assure que tout se passe bien. Cette machine est assez complexe et requiert une personne ayant tout de même un peu d’expérience. »
Quand les remorques se succèdent, la presse réalise une botte toutes les 50 secondes. Après la sortie de l’enrubanneuse, elle est reprise et mise en tas par un tracteur chargeur équipé d’une pince. C’est généralement le chauffeur de la benne qui s’occupe de cela en attendant que tout son chargement soit avalé par la presse combinée. Pour l’installation du matériel en début de chantier et le déploiement de tous les éléments, il faut compter environ 15 minutes. En fin de journée, la remise en configuration routière nécessite de 20 à 30 minutes, nettoyage de la plateforme et entretien des outils compris.
L’enrubanneuse Göweil est entraînée par la prise de force d’un New Holland T7.300 attelé à l’avant. Les 300 ch de ce tracteur suffisent largement au fonctionnement de l’ensemble. Si l’ETA a choisi un modèle de cette puissance et de ce gabarit, c’est avant tout pour que le chauffeur soit serein sur la route. En effet, quand tout est replié, l’ensemble mesure tout de même 16 m de longueur pour un PTAC de 19 t. Le conducteur doit donc se montrer attentif lors des déplacements.
Exposition au Salon de l'herbe
L’ETA possède actuellement quatre ensileuses, dont une qui peut recevoir le cueilleur Capello à huit rangs. Profitant de la tenue, tous les trois ans sur sa commune, du Salon de l’herbe et des fourrages, Olivier Boulignat a pu exposer son enrubanneuse Göweil lors des deux dernières éditions. En 2025, il a acheté une deuxième machine, identique à la première, afin de répondre à une demande croissante et d'organiser plus facilement ses chantiers. Chaque année, il réalise en moyenne quelque 14 000 bottes. Si l’activité d'enrubannage de maïs épi destiné au négoce est assez constante d’une saison à l’autre, la demande pour de l’ensilage plante entière est davantage liée à la météo.
« Quand les éleveurs n’engrangent pas suffisamment de fourrage pour l’hiver, ils me contactent pour que j'aille confectionner des bottes chez d’autres exploitants implantés souvent en zone céréalière, souligne-t-il. Les bottes enrubannées sont faciles à transporter et à stocker, surtout pour les agriculteurs situés en moyenne montagne qui ne peuvent pas semer de maïs chez eux. La petite taille des bottes est également un atout, notamment pour le maïs épi. En effet, comparé à un stockage en silo ou en poche souple, le risque de chauffe est beaucoup moins élevé dans ce système-là, puisque la botte est souvent consommée en un ou deux jours. »

