Soudure Réparer plutôt que remplacer

Protégez-vous !
Avant de vous lancer dans le travail de l’acier, assurez-vous de disposer des équipements de protection individuelle (EPI) adéquats. Ainsi, pour le décapage et la découpe des pièces, portez toujours des lunettes de protection. Inutile de vous conseiller de ne pas souder sans masque adapté. J’utilise un masque d’indice de protection DIN 11. Pour la soudure, la teinte dans la masse du verre doit être, au minimum, de 9. Prenez des gants pendant toute la durée de l’opération et préférez une combinaison à manches longues. Ne portez pas de vêtements en matières synthétiques, lesquels pourraient fondre et vous coller à la peau, occasionnant de graves brûlures. Enfin, je vous conseille d’utiliser un casque antibruit ou des bouchons d’oreilles, notamment lorsque vous vous servirez de la meuleuse.

Rassemblez les bons outils
Voici la liste des matériels que j’ai utilisés :
- un poste à souder MIG/MAG (semi-automatique), vous pouvez également réaliser ce travail avec un poste à souder à l’arc ;
- un nettoyeur à haute pression ;
- une meuleuse d’angle avec des disques fins pour la découpe, un disque à ébavurer pour la finition et un disque à lamelles pour le décapage ;
- une scie à métaux ;
- un établi et des serre-joints ;
- un marteau et une massette ;
- un burin plat ;
- du matériel de mesure et de traçage (mètre ruban, réglet, feutre, pointe à tracer…).

Démontage, nettoyage et préparation des pièces

Avant toute chose, et afin de travailler confortablement, je commence par séparer le garde-boue en plastique de son support en acier. Comme souvent, sur l’ensemble des boulons, l’un d’eux se montre récalcitrant et nécessite une découpe à la meuleuse. Attention, la chaleur dégagée peut faire fondre légèrement le plastique. Une fois les éléments dissociés, je les lave au nettoyeur à haute pression. Ceci me permettra de travailler proprement et garantira un résultat final de qualité. J’ai récupéré un tube, de 34 mm de diamètre extérieur, que je vais installer à la place de l’élément cassé. Celui-ci a reçu une bonne couche de peinture lors de sa première vie, que je retire à l’aide de la meuleuse et du disque à lamelles. À l’aide du réglet, je délimite les parties droites du tube à remplacer afin de déterminer précisément où je devrai former les courbes. Je reporte ensuite ces mesures sur le nouveau tube.

Mise en forme de la nouvelle pièce

Le tube d’origine à remplacer présente une extrémité en forme de bec aplati faisant office de bouchon pour éviter que la terre n’y entre. Je reproduis cet embout en pratiquant deux entailles en « V », diamétralement opposées, au bout du nouveau tube. J’écrase les deux parties restantes l’une contre l’autre avec un marteau en utilisant une massette en guise d’enclume. Je réalise un cordon de soudure afin de fixer la forme, puis j’améliore la finition avec la meuleuse et le disque à ébavurer. Je passe ensuite à la réalisation des courbes. Je n’ai pas de cintreuse pour donner les bons angles à ma nouvelle pièce. Je procède donc à une succession de découpes sur la moitié de son diamètre, à l’intérieur des futures courbes. Je me sers ensuite d’un étau pour maintenir le tube pendant que je tire sur son extrémité pour le cintrer. Pendant cette opération, les bords des découpes se rapprochent jusqu’à se toucher. Si l’angle est encore trop ouvert, je réalise des découpes supplémentaires et reprends le pliage. J’obtiens alors un tube dont les angles correspondent à ceux de la partie saine du support de garde-boue. Lorsque j’ai formé les courbes désirées, je réalise des cordons de soudure sur chacune des découpes. À cause de leur proximité, les soudures ont tendance à former un bourrelet disgracieux. Ce problème esthétique est rapidement réglé à l’aide de la meuleuse équipée du disque à ébavurer. Le disque à lamelles permet ensuite d’obtenir une finition encore meilleure.

Prise de cotes et dépose de l’ancienne pièce

Maintenant que la nouvelle pièce ressemble trait pour trait au tube d’origine, je dois retirer la partie endommagée. Cependant, avant de tout découper, je prends quelques précautions. Je mesure la distance entre la platine de fixation, boulonnée au pont avant du tracteur, et la partie arrondie sur laquelle prend place le garde-boue. Ainsi, lors du positionnement de la nouvelle pièce, je pourrai m’assurer que le support retrouve bien ses dimensions d’origine. Avec la meuleuse et un disque fin, je découpe les cordons de soudure reliant l’ancien tube à la platine de fixation d'un côté et à la partie arrondie de l'autre. Je procède par alternance, d'une face à l’autre, jusqu’à ce que les éléments se séparent, sans endommager les parties que je souhaite conserver. J’installe ensuite le disque à ébavurer sur la meuleuse afin de réaliser des chanfreins sur les arêtes où je ferai les cordons de soudure. Cette opération permet à l’acier en fusion de pénétrer entre les deux pièces à assembler et garantit une soudure solide. J’en profite pour éliminer, avec le disque à lamelles, les résidus de peinture autour des zones à souder. Ceci contribue à une bonne qualité de soudure, ainsi qu’à un rendu plus esthétique. Je choisis également une extrémité du support de garde-boue, sur laquelle j’ôte la peinture en formant un carré de 2 cm de côté, afin d’y placer la pince de masse du poste à souder.

Mise en place, pointage et soudure

Il est temps de procéder à l’assemblage final. J’immobilise d’abord le support de garde-boue sur la table à l’aide d’un serre-joint. Je présente le nouveau tube à son emplacement définitif et je reprends quelques mesures pour m’assurer qu’il est bien aligné et que les cotes d’origine sont respectées. Je réalise alors quelques points de soudure, de part et d’autre, afin de le maintenir en position. Attention, faites toujours les points en alternant les côtés de la pièce pour éviter que cette dernière ne bouge. En effet, lorsqu’elles refroidissent, les soudures se rétractent et tirent sur la pièce à maintenir, ce qui risque de fausser le résultat. Si vous jugez que la mise en place n’est pas parfaite, coupez les points à l’aide la meuleuse, ébavurez si besoin et recommencez le pointage. Ce serait dommage de compromettre le rendu final à cause d’un mauvais placement. Lorsque tous les éléments sont correctement placés, il ne me reste qu’à faire les cordons de soudure pour les fixer. Je déplace le support de garde-boue autant de fois que nécessaire pour m’offrir la meilleure position possible pour le soudage. Dans l’idéal, travaillez à plat, avec le chanfrein en face de vous. Puisque j’utilise un poste MIG/MAG, aussi appelé « semi-automatique », je réalise les cordons en poussant la torche vers l’avant. Si j’avais choisi un procédé à l’arc, je ferais l’inverse, c’est-à-dire que je partirais du plus éloigné de moi pour revenir au plus proche, en « tirant » la soudure. Pour obtenir de beaux cordons et éviter de créer des amorces de rupture à l’intérieur de ceux-ci, je fais en sorte de réaliser chaque « passe » en une seule fois, c’est-à-dire que je n’interromps pas le soudage d’un bout à l’autre de chaque cordon. Lorsque tout est fixé, il ne me reste qu’à décoller les grattons, ces petites billes qui se collent sur le métal nu lors de la soudure, à l’aide d’un burin plat. Après le refroidissement, j’utilise une scie à métaux pour couper le nouveau tube à la même longueur que celle du tube d’origine. J’applique ensuite du produit dégraissant, puis une couche d’apprêt avant la mise en peinture. Il ne me reste qu’à rassembler le support et le garde-boue avant de les réinstaller sur le tracteur.