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Agroécologie « La menue-paille, un coproduit valorisé dans les unités de méthanisation »

La New Holland CR 9080 dotée d’une coupe de 9 m fournit un débit de chantier de 3 à 4 ha/h à une vitesse de 5 km/h.

Ayant acquis un récupérateur de menue-paille Thiérart depuis près de dix ans, l’ETA normande Folliot note un engouement pour ce coproduit qui alimente les méthaniseurs et s’utilise aussi comme litière. Elle s’adapte ainsi à la demande de ses clients qui y trouvent des intérêts économiques, agronomiques et aussi environnementaux.

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ETA Folliot

Montabot (Manche)

En amont du montage d’une unité de méthanisation collective par l’association Percy Biogaz, l’entreprise de travaux agricoles Folliot, installée à Montabot, dans la Manche, veut se lancer dans la récupération de menue-paille pour alimenter les digesteurs. Prudents, Nadine Élisabeth et son frère, Éric Folliot, louent en 2013 à un confrère une moissonneuse-batteuse équipée d’un récupérateur de menue-paille pour expérimenter le système. L’essai est concluant et génère dès 2014 l’achat d’une New Holland CR 9080 munie d’un récupérateur Thiérart. L’investissement s’élève à 220 000 €, dont 60 000 € consacrés au kit de récupération en version bâchée. Le projet d’unité de méthanisation collective tombe toutefois à l’eau, mais des méthaniseurs privés se montent dans les fermes alentour et ouvrent des perspectives.

Nadine Élisabeth et son frère Éric Folliot misent sur le développement de la méthanisation pour proposer d'autres prestations de services en plus de la récupération de menue-paille.

L’ETA valorise ainsi son équipement pour récolter les résidus sur cultures de blé et de colza. La menue-paille contient notamment les graines d’adventices, les débris de paille et l’enveloppe des grains. Le récupérateur est monté sur le châssis de la moissonneuse-batteuse. Les résidus sont conduits dans une auge située à l’arrière de la grille supérieure lors du nettoyage du grain. Deux vis verticales de 400 mm de diamètre chacune, entraînées hydrauliquement, acheminent ensuite la menue-paille vers un caisson de 20 m3. L’entreprise a opté pour une version bâchée de cet outil, plus légère et plus économique. En cabine, le chauffeur, informé de l’état de remplissage par le système de guidage EZ Pilot, gère son ouverture par basculement pour la vidange. Celle-ci est réalisée en quelques secondes, sans incidence sur le temps de chantier.

Le pouvoir méthanogène de la menue-paille

La moissonneuse-batteuse, dotée d’une coupe de 9 m de large, génère un débit de chantier de 3 à 4 ha/h à une vitesse de 5 km/h. La récolte annuelle de menue-paille de blé avoisine les 250 ha sur un rayon de 30 km aux alentours de l’entreprise. Le rendement est proche de 1,2 t/ha. Cette prestation comporte des avantages non seulement économiques mais aussi agronomiques et environnementaux pour les clients. Ceux-ci mettent notamment en avant l’obtention d’un coproduit valorisé dans les unités de méthanisation essentiellement en complément des lisiers du fait de son pouvoir méthanogène*.

L’ETA Folliot récolte la menue-paille de blé et de colza avec une moissonneuse-batteuse New Holland CR 9080 dotée d’un récupérateur Thiérart.

« En matière de débouchés, la valorisation en litière prend également de l’ampleur. À cela s’ajoute l’exportation des graines d’adventices, qui occasionne un traitement phytosanitaire en moins et une autonomie de reprise du fait du dépôt en bout de champ. Grâce à cette prestation, nous avons élargi notre clientèle et généré une remise en question de nos clients réguliers. Ce sont plutôt les jeunes générations d’agriculteurs possédant des grandes exploitations qui partent dans cette direction après une réflexion mûrie. En tant que prestataires, nous devons nous adapter à la demande », rapporte Nadine Élisabeth, associée gérante de l’entreprise.

Plus de coproduit avec la machine à rotors

En raison de ce nouveau service apporté à ses clients, l’entreprise applique un surcoût de la prestation de battage de 45 €/ha afin de rentabiliser la machine et son équipement. « Notre moissonneuse-batteuse est dotée de la technologie de battage à rotors. Elle brise un peu plus de paille par rapport au système conventionnel, mais nous récoltons plus de menue-paille en comparaison », observe Éric Folliot. La menue-paille est déposée en tas en bout de champ avant d'être soit pressée en balles rondes ou carrées, soit reprise par un chargeur télescopique et stockée en vrac au sein de l’exploitation.

Transférée dans une auge à l’arrière de la grille supérieure lors du nettoyage du grain par la moissonneuse, la menue-paille est ensuite transportée dans un caisson via deux vis verticales entraînées hydrauliquement.

Globalement satisfaits de l’utilisation de ce matériel, les gérants font toutefois part de son encombrement important, rendant l’accès aux parcelles délicat dans certains cas, et de son poids sur l’essieu arrière. « Nous sommes fiers de contribuer à l’optimisation des produits issus des exploitations. Nous en valorisons un qui était auparavant laissé au sol. En tant que précurseurs dans ce domaine de prestations, c’est positif de se démarquer. D’autres projets d’unités de méthanisation à l’étude nous donnent des perspectives de développement de cette activité », se satisfait Nadine Élisabeth.

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