Alexandre Contal est arrivé aux commandes de la ferme de la Motte Champrose, à Tournan-en-Brie (Seine-et-Marne), au cours de l’été 2018. Cette exploitation de polyculture produit, sur 525 ha, du blé, du colza et des cultures protéagineuses. « Lorsque je suis arrivé sur l’exploitation, les propriétaires m’ont donné un certain nombre d’objectifs, dont celui de réduire tous les coûts, explique le dirigeant. Jusqu’à présent, l’entreprise était gérée avec des programmes très classiques. Ainsi, j’ai notamment cherché à améliorer la vie du sol et à optimiser les marges en jouant sur l’utilisation des produits phytosanitaires et sur les charges de mécanisation et de main-d’œuvre. »

Dans cette optique de réduction des produits pharmaceutiques, Alexandre Contal acquiert une station de filtration de l’eau de pulvérisation, fournie par l'entreprise Aqua Phyto (Indre-et-Loire). L'homme connaît déjà ce type d’équipement, qu'il a utilisé pendant dix ans sur l’exploitation où il travaillait précédemment et grâce auquel il avait pu, déjà à l’époque, diminuer l’emploi de produits phytosanitaires. « Mais attention, prévient-il, la station de traitement de l’eau n’est pas un outil miracle. Elle s’intègre dans un raisonnement global. » L’ensemble des itinéraires techniques ont été revus pour correspondre au mieux aux objectifs du gérant. Le recours à la charrue a été presque totalement supprimé. L’exploitant réalise différents passages d’outils à dent avant d’implanter ses cultures, afin de préparer la structure du sol à leurs besoins et de limiter la population d’adventices.
Une station configurée selon le type d’eau et les besoins
Avant l’achat d’une station de traitement, l'entreprise Aqua Phyto analyse les propriétés de l’eau sur l'exploitation de son client afin d’en adapter le système de filtration. « L’installation d'Aqua Phyto est très personnalisable. Dans mon cas, je dispose de deux bonbonnes de filtration identiques. Ainsi, lorsque l’une est utilisée, l’autre se régénère. Mon installation intègre également une chaufferie permettant d’effectuer mes mélanges de produits phytosanitaires à la température optimale selon les produits. » Avec ce système, l’exploitant considère l’eau traitée uniquement comme un support pour les produits épandus. L’eau est débarrassée de ses oligoéléments, lesquels pourraient influencer l’efficacité des matières actives. La station permet également de régler le pH de la bouillie. Alexandre Contal se réfère à une base de données fournie par le fabricant afin d’ajuster les différents paramètres (température de l’eau et pH du produit), selon les travaux de pulvérisation à effectuer.

Grâce à l’utilisation de la station, la bouillie garde son efficacité même en diminuant fortement la dose. En revanche, l’exploitant conserve quoi qu’il arrive le même ratio que la dose homologuée. Par exemple, un produit homologué à 2 L/ha pour 200 L/ha d’eau sera utilisé à 0,25 L/ha pour 25 L/ha. En complément de la réduction de la quantité de matière active, le dirigeant attache une grande importance aux conditions d’application. « Je cherche à effectuer toutes mes interventions dans les situations les plus propices. Pour les produits de contact, je travaille avec une hygrométrie importante, de plus de 80 %, ou avec une rosée non ruisselante, à partir de trois heures du matin. Je fais mes passages d’insecticides uniquement en début de nuit. Les produits racinaires sont épandus seulement si le sol est suffisamment humide. » Par ailleurs, l’exploitant n’a pas eu à effectuer de modification particulière sur son pulvérisateur. « J’ai simplement installé des buses à limitation de dérive avec un angle de 110° sur mon automoteur Evrard Alpha. Cet équipement me permet de travailler entre 40 et 60 cm au-dessus de la cible. Ma pression de pulvérisation se situe à 2,5 bar pour obtenir la taille de gouttelettes qui me convient. » L’ensemble de ces mesures complète l’utilisation de la station. En les optimisant, Alexandre Contal a réduit de près de 74 % la facture de produits phytosanitaires par rapport aux années précédentes.
