Cédric Quatrebœufs, agriculteur en Eure-et-Loir, cultive chaque année sur une surface d’environ 7 ha de la luzerne porte-graine. « Après l’interdiction de l’herbicide Reglone il y a deux ans, je ne souhaitais pas abandonner cette culture qui se révèle avoir un bon potentiel dans mon parcellaire », explique l’exploitant. Ce dernier a donc dû trouver une solution pour remédier à son problème et s’est orienté vers une faucheuse-andaineuse à tapis de la marque espagnole Tort. « N’ayant aucun entrepreneur dans mon secteur qui proposait ce type de service, j’ai décidé d’investir dans une faucheuse-andaineuse portée d’une largeur de 6,5 m. Ce nouvel outil m’a également ouvert la possibilité d’essayer de nouvelles cultures, décrit Cédric Quatrebœufs. Je ne suis pas en agriculture biologique. Cependant, pour récolter la semence de luzerne porte-graine en toute simplicité sans salir les organes de battage et de triage de la moissonneuse-batteuse, la plante ne doit plus comporter de sève. La faucheuse-andaineuse est également fortement appréciée dans le domaine biologique, car elle permet d’assécher les adventices. »

De la luzerne, oui, mais pas que !
Pour la deuxième année, la faucheuse-andaineuse de la SARL va faucher et andainer une quarantaine d’hectares. Dans un premier temps, la Tort avait pour rôle premier de faucher les 7 ha de luzerne porte-graine. Après quelques renseignements, l’agriculteur a décidé d’essayer de nouvelles cultures se prêtant à l’andainage avant récolte. « Cette année, c’est la seconde fois que je vais récolter du sarrasin porte-graine sur une surface équivalente de 7 ha, indique Cédric Quatrebœufs. Pour les mêmes raisons que la luzerne, le blé noir doit être séché avant la récolte afin d'en chasser toute la sève. Je fauche la plante, puis elle sèche environ quatre jours au sol. Par la suite, je bats la culture avec ma moissonneuse-batteuse. Je possède une Fendt avec une coupe à tapis qui tourne dans le sens inverse de la marche de la machine. Avec ce système, la matière monte sans difficulté vers le convoyeur. Cette barre de coupe qui facilite la récolte m'a dispensé de trouver un entrepreneur pouvant réaliser ce service ou bien d’investir dans un pick-up. » Sur son exploitation, l’agriculteur a essayé de sauver une parcelle de blé de 10 ha envahie par les repousses de luzerne. Mais ce n’est pas un cas isolé. Un champ implanté en pois d’hiver, saturé de coquelicots, a également dû être récolté avec un premier passage à l’aide de la faucheuse-andaineuse Tort. L’exploitant a su limiter les pertes de récolte grâce à ce nouvel outil. « En 2020, j’ai coupé environ 40 ha avec la Tort. J’ai réalisé des essais sur une parcelle de colza. Je retrouve quelques avantages avec cette technique. La maturité des graines que je moissonne est plus homogène. Je ne bats que du grain mûr. Je diminue la consommation de GNR de ma moissonneuse-batteuse, car l’intégralité de la matière est sèche de la tête au pied », annonce Cédric Quatrebœufs.

Un outil frontal de 6,5 m
L'agriculteur attelle la coupe d’une largeur de 6,5 m sur le relevage avant de son tracteur Fendt 720 Vario. La faucheuse-andaineuse est livrée avec un groupe hydraulique animé par prise de force. Ce dernier alimente le lamier, les tapis et les rabatteurs. Sur la machine de l’exploitant, il est déporté sur le relevage arrière afin d’équilibrer le tracteur. Seule la fonction permettant de piloter les rabatteurs est branchée sur l'un des distributeurs hydrauliques du tracteur. « L’avantage de cette faucheuse-andaineuse réside dans la double sortie de la matière. L’outil possède deux tapis d’une largeur de 1,8 m tournant en sens opposé afin de déposer la matière à chaque extrémité, à l'arrière de la coupe. À chaque aller-retour, celle-ci forme deux andains parallèles d’une largeur de 1,4 m chacun. Je mets un premier andain au sol lors de mon premier passage, puis un second à côté au retour. Le séchage de ce double andain totalisant une largeur d’environ 3 m est ainsi meilleur, comparé à une coupe dotée d’un seul tapis sur toute la largeur », décrit Cédric Quatrebœufs. Ce dernier a équipé son outil de deux caméras placées au milieu afin de mieux apprécier chaque extrémité de la barre de coupe. « Cela fait deux ans que j’utilise ma faucheuse andaineuse Tort. Une chose est sûre, je ne reviendrais pas en arrière avec un assèchement chimique des plantes. La fauche et l’andainage en amont de la récolte assurent une maturité des plantes plus homogène. Ils me permettent également de travailler dans un créneau plus court d’environ cinq jours, contre une dizaine auparavant. Ce dernier atout n’est pas à mettre de côté de nos jours avec des fenêtres météo de plus en plus restreintes », conclut l'agriculteur.
