
En France, la plupart des entreprises de travaux agricoles sont des structures familiales souvent de deuxième ou troisième génération. Dans ce paysage, la SARL CABC, installée à Moreuil, dans la Somme, fait figure d’exception. En effet, cette société de prestations est une filiale du groupe coopératif Noriap, acteur majeur de l’approvisionnement de divers produits et de la collecte de céréales dans les Hauts-de-France et la Seine-Maritime.
« Cette appartenance offre des opportunités, commente Gauthier Poiret, le responsable de la structure. La CABC fonctionne comme toute ETA, en proposant des prestations aux agriculteurs dans un rayon moyen de 50 à 60 km de sa base. Mais pour les orientations stratégiques et les choix de matériels, nous tenons compte aussi des besoins liés aux services proposés par la coopérative. Il existe des ponts entre les deux structures avec, parfois, des fonctionnements en synergie. »
C’est le cas, par exemple, de l’activité d'épandage. La CABC vend et applique toute une gamme d’amendements organiques. En parallèle, les techniciens de la coopérative peuvent également proposer ces produits à leurs adhérents en prévoyant un épandage par la CABC.

Échanges de données facilités
Même philosophie autour de l’agriculture de précision. Les techniciens du service agronomie de Noriap collaborent avec BeApi, une société qui développe différents outils d’agriculture de précision : étude de l’hétérogénéité des sols, adaptation des apports au potentiel, modulation du semis, analyse des cartes de rendement... Désormais, ils sont également en mesure d’établir des cartes de fertilisation modulée. Si l’agriculteur n’est pas équipé pour réaliser l’apport, il peut s’appuyer sur la CABC, l'ETA disposant d'un épandeur Panien doté d'un système de modulation de dose en continu par GPS. Le dispositif est à présent opérationnel avec un protocole facilitant les échanges de données. Autre exemple dans le secteur des semences, où Noriap possède une filiale spécialisée dans les espèces fourragères, baptisée « SFP ». Avec l’interdiction, depuis 2019, des défanants à base de diquat (Reglone, etc.), la technique du fauchage-andainage est devenue la meilleure alternative au traitement chimique dans ces cultures. La CABC a donc investi dans un automoteur spécifique pour faucher les porte-graines et les laisser sécher en andains avant leur récolte à la moissonneuse. En 2020, l'ETA a utilisé ce matériel sur 650 ha, principalement pour le compte d’agriculteurs multiplicateurs de semences. Sans ce service, ces derniers auraient peut-être remis en cause leur engagement dans cette production.

Une écimeuse récupératrice de 12 m
L’an passé, l'entreprise a investi dans une écimeuse traînée de 12 m, équipée de tapis convoyeurs et d’une trémie récupératrice. Ce matériel très spécifique a été développé par les Éts Bouillé, en Seine-et-Marne, tandis que la commercialisation est désormais assurée par la firme allemande Zürn. La barre de coupe repliable étête les adventices présentes dans la culture. Poussés par les rabatteurs, les épis tombent sur le tapis qui les conduit dans la trémie centrale. Une grande partie des graines peuvent ainsi être prélevées avant maturité, évitant qu’elles ne retombent au sol et se multiplient les années suivantes.
« L’écimeuse est adaptée aux céréales, pommes de terre ou betteraves, précise Gauthier Poiret. Les techniciens de la “coop” intègrent désormais cette solution comme un désherbage curatif pour les parcelles les plus sales. Ce matériel rassure aussi les agriculteurs qui réfléchissent à la conversion en bio, une filière où Noriap accompagne ses adhérents. »
