Jusqu’alors maraîchers bios en Bourgogne, Ivan et Céline Martynciow, accompagnés de leurs enfants, Samuel et Emma, ont posé leurs valises en 2015 dans une ferme à flanc de montagne, au-dessus du bourg de Fresse-sur-Moselle, dans les Vosges. La famille a alors érigé un premier bâtiment, autoconstruit à partir de bois abattus sur les parcelles de l’exploitation, dans lequel prenaient place les chèvres et les vaches. Une grange à l’étage autorise le stockage du foin en vrac et l’alimentation des animaux par des trappes donnant directement sur les auges. « Notre seul équipement était alors un tracteur Massey Ferguson 235 que nous avions sur notre ancienne exploitation de maraîchage, ainsi qu’une remorque autochargeuse Bautz, se remémore Ivan Martynciow. Nous coupions l’herbe à la faux. La première année, nous avons récolté environ 3 ha de foin. » Son fils Samuel explique la méthode de stockage : « Une fois ramassé par l’autochargeuse, le foin est transféré dans un “turbo”, une sorte de soufflerie qui le transporte dans la grange. Ensuite, je répartis la marchandise à l’aide d’une fourche. » Au fil des années, la famille s’est équipée pour minimiser la pénibilité du travail.

Du matériel ancien mais fiable
L’achat d’un tracteur Same Dorado3 80 à quatre roues motrices sécurise les travaux de débardage forestier en hiver, ainsi que la fenaison en été. L’autochargeuse Bautz a également cédé sa place à un modèle Krone relativement ancien mais dans un très bon état mécanique. Un second bâtiment, sur le même modèle que le premier, abrite désormais les 8 vaches, 2 génisses, et 5 veaux de race tarine, ainsi qu’une dizaine de cochons. Le premier bâtiment, pour sa part, loge les 35 chèvres et 30 chevreaux de Lorraine.

En 2016, une motofaucheuse Aebi AM20 d’occasion a rejoint le parc de matériels. « Elle doit avoir environ une quinzaine d’années, expose Samuel Martynciow. Son moteur monocylindre d’origine a été remplacé par un modèle Kubota avant qu’on en prenne possession. » Le lamier à doigts, large de 1,6 m, a été renouvelé en 2019. Lorsqu’ils partent faucher, père et fils chargent dans la caisse à trois points attelée au Same la motofaucheuse, une faux, un râteau ainsi que des lames de rechange. « En présence de taupinières, ou lorsque l’on fait piquer le lamier dans le sol, les sections s’émoussent rapidement. Nous changeons alors de lame afin de continuer à couper proprement », commente Ivan Martynciow.
Varier les outils en fonction des conditions
Une fois rentré, l'agriculteur aiguise les sections à l’aide d’une meuleuse d’angle. Il apprécie la motofaucheuse pour son débit de chantier : « À la faux, je coupe environ 30 ares dans une journée. La machine peut en faire autant en une heure, mais elle n’apprécie pas lorsque l’herbe est humide : cela crée rapidement des bourrages. La faux, elle, s’avère plus efficace dans ces conditions. Par contre, les deux outils craignent les pierres. »

En effet, la pointe des doigts du lamier s’aplatit face aux pierres, rendant leur pénétration dans la végétation plus difficile. Il faut alors, là aussi, s’armer de la meuleuse pour corriger le tir. « Il est plus facile de faucher en dévers avec une motofaucheuse. En commençant par le bas de la parcelle, l’herbe coupée se couche ainsi sur la zone déjà fauchée et dégage le passage suivant. Sinon, il faut suivre avec le râteau pour la retirer », explique Samuel Martynciow. Son père apprécie la qualité de coupe du lamier à sections : « L’herbe est fauchée au ras du sol, et coupée net, contrairement à ce que nous ferions avec une faucheuse rotative. Ainsi, la repousse est plus franche et plus rapide. Deux ou trois jours après la fauche, la parcelle forme un beau gazon vert. L’autre avantage du lamier à sections est qu’il ne risque pas de projeter de cailloux. Ceci s’avère crucial pour nous puisque nous récoltons du foin sur de petits îlots, entre la route et la piste cyclable. Nous ne risquons pas d’endommager une voiture ou de blesser un cycliste. »

Des projets et du confort
L’Aebi AM20 accuse ses nombreuses années de service : son embrayage a dû faire l’objet d’un remplacement l’année dernière. De plus, son mode de direction, consistant à freiner l’une ou l’autre roue, s’avère particulièrement physique pour son conducteur, surtout dans les forts dévers. Samuel, qui devrait prochainement s’installer en EARL avec son père, a pour projet d’investir dans une motofaucheuse neuve, dotée d’une transmission hydrostatique, bien plus confortable à utiliser. Cette nouvelle machine recevra un lamier de 1,9 m et pourra également s’équiper d’un broyeur à axe horizontal ainsi que d’un râteau faneur. La famille s’est également équipée l’année dernière d’une faucheuse rotative Kuhn GMD 600 GII, de 2,4 m, et d’un andaineur GA 3221 GM, de 3,2 m, achetés d’occasion. Ces matériels facilitent la fenaison dans les plus grandes parcelles, accessibles en tracteur. L’achat d’une faneuse à quatre toupies est aussi en cours de réflexion.
