Associé avec son beau-frère, Mikaël Guinier, au sein de l’EARL Esperanto, à Saint-Laurent-en-Gâtines, en Indre-et-Loire, il cultive jusqu’à 14 cultures différentes. Au fil des ans, l'agriculteur observe une augmentation des prix des produits phytosanitaires et du phosphore, ainsi qu'un appauvrissement du sol par le labour. Dans cette région, il s’avère en outre difficile à certaines périodes d’effectuer plusieurs passages de tracteur dans une même parcelle. Pour pallier ces contraintes, en 2016, les conseillers de la chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire guident Aurélien Bruère et son beau-frère vers la technique de la culture de colza associée aux légumineuses (féverole, lentille, fénugrec, gesse, vesce, etc.). En effet, en semis précoce, certaines propriétés des plantes compagnes garantissent le même effet que les produits phytosanitaires comme l’insecticide, la sollicitation du phosphore ou la fissuration du sol. Ce couvert végétal enrichit également le sol en matière organique. La recette d’un bon rendement en colza associé aux légumineuses passe aussi par l'utilisation d'un engrais starter 18.46, comptant 18 unités d’azote et 46 unités de phosphore pour 100 kg. Les deux associés s’orientent donc vers le semis simplifié en transformant leur semoir monotrémie en triple cuve, mais l’unique tête de répartition de ce dernier ne tarde pas à montrer ses limites. Ils optent alors, en 2021, pour un semoir porté de 4 m de large Kverneland e-Drill Maxi Plus, à deux têtes de répartition et double trémie.

Le concessionnaire a alors répondu à leur demande en ajoutant une troisième trémie d’environ 100 L pour les graines de colza. « Nous semons le colza et son engrais sur une ligne de semis différente de celle des plantes compagnes », précisent les associés de l'EARL Esperanto. Les tubes provenant de chaque tête de répartition du semoir sont pontés au niveau de la descente dans le sillon via un « T ». Les capuchons des têtes de répartition permettent de contrôler la distribution de l’engrais starter et du colza dans un sillon sur trois pour 37,5 cm d’interrang, tandis que les plantes associées prennent place au niveau des deux autres lignes de semis. Cette technique offre un couvert végétal efficace pour protéger et garantir la croissance du colza sans entrer en concurrence avec celui-ci.

À chaque semis, son beau-frère et lui utilisent un déchaumeur à l’avant du tracteur et une herse rotative en combiné avec le semoir dans le but de créer un nouveau couvert démarrant sa croissance en même temps que celle du colza. Une fois la saison passée, les plantes compagnes n’ont plus beaucoup d’intérêt pour cette culture céréalière. Ces raisons mènent les agriculteurs à détruire chimiquement les graminées et dicotylédones avec de l'herbicide Biwix, qui n’a en revanche aucun effet sur la culture de colza. Procéder à l’association des céréales et des plantes compagnes réduit la concurrence avec les adventices et, par conséquent, les charges de mécanisation avec une fréquence de désherbage limitée à une fois par an.

Différents types de semoirs
Friands des associations, Aurélien Bruère et Mikaël Guinier réfléchissant à de nouvelles solutions pour contenir l’usage des produits phytosanitaires. Ils poursuivent leurs essais sur différentes cultures céréalières. Ils ont souhaité associer l’orge et le blé avec la féverole, limitant le développement des adventices dicotylédones à levée tardive ou échelonnée. Offrant une croissance et une maturité comparables, le blé et la féverole s'avèrent ainsi compatibles, avec un tri des graines à la récolte, tandis que l’association de la féverole avec la culture d’orge se voit corrompue par la maturité plus précoce de cette plante compagne.

Sécrétant de l’acide malique, le pois chiche dispose d’un effet répulsif sur les pucerons, tout en aidant la nutrition de l’orge et en limitant sa charge virale. Levant toutefois plus tard que l'orge, il doit donc être semé en amont de la légumineuse afin d’obtenir une maturité identique lors de la récolte. Les deux agriculteurs n’ont pas souhaité poursuivre cette association nécessitant deux passages d’un semoir monotrémie.

Dans le but de trouver des solutions intermédiaires pour enrichir le sol d’azote, le trèfle est considéré comme un bon compromis. Cependant, l'effet positif de cette plante compagne se faisant ressentir uniquement après l’année n+1 du semis, son utilisation s’effectue uniquement en technique de semis direct. À ce jour, à la lumière de tous ces essais et au vu de leur semoir à triple trémie, Aurélien Bruère et Mikaël Guinier se tiennent uniquement au semis de colza sous couvert.