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Semis de plantes compagnesAvis d'expert : Colza associé aux plantes compagnes

Avis d'expert : Colza associé aux plantes compagnes

Christophe Bersonnet, conseiller à la chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire, est au service des agriculteurs du département pour apporter de nouvelles solutions agronomiques afin de concilier économie et agroécologie. Il apporte des explications pour réussir l'implantation de son colza associé aux plantes compagnes

Christophe Bersonnet, conseiller à la chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire, est au service des agriculteurs du département pour apporter de nouvelles solutions agronomiques afin de concilier économie et agroécologie.

L’association de légumineuses comme la féverole, la lentille, le fénugrec, la gesse ou encore la vesce, avec la culture de colza, lors de semis précoces au début du mois d'août, n’a pas uniquement vocation à augmenter le rendement. Ces plantes compagnes exploitent en effet pleinement les différentes propriétés du sol. Leur système racinaire partage les ressources.

Dans notre cas concret de la culture du colza, la condition correspond au phosphore dont il faut s'assurer de la disponibilité, tandis que le facteur équivaut à l'azote à apporter lors du semis ou, plus tard, dans l'itinéraire technique (ITK).

« Ceinture et bretelles »

Les plantes compagnes représentent « la ceinture ». L’ajout d’engrais starter comme le 18.46 (18 unités d’azote et 46 unités de phosphore pour 100 kg), correspond « aux bretelles ». Ces dernières permettent de compenser l’éventuel manque de ressources pour le colza. Selon les résultats des essais menés par la chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire avec le soutien du Bassin Versant de la Brenne et ses partenaires, l'association avec un couvert entraîne une réduction de la biomasse qui se voit corrigée par l'apport d'engrais starter. La comparaison des biomasses d'un colza seul avec et sans engrais starter ne montre pas de différence significative, tandis que la biomasse d'un colza sous couvert sans engrais se voit fortement diminuée (cf. graphique 1).

Graphique 1 : taux de biomasse EH (en kg/m²) en fonction des variétés du colza avec starter et couvert

Les résultats montrent un bon compromis lorsque le colza sous couvert est couplé à l’engrais starter. Ce dernier permet alors de compenser la concurrence des légumineuses. La période de semis dans le cadre d'une technique de culture sous couvert s’avère également importante. Plus le semis est précoce, plus les plantes associées apporteront leurs bénéfice. À l’inverse, par manque de développement de la légumineuse, plus le semis s'opère tard en saison, moins l'association de cultures présente d’intérêt (cf. graphique 2). La concurrence du couvert pénalise même le rendement, de l’ordre de 3 q/ha, lorsque l’azote dans le sol est limitant (cf. tableau 3).

Graphique 2 : azote absorbé par le colza (en kg/ha) selon la date de semis, les plantes compagnes et l’engrais starter

La fertilisation localisée se voit alors comme une assurance n'ayant parfois aucun effet lorsque les conditions du sol sont optimales. De même, l’implantation du colza dans une ligne de semis différente de celle des plantes compagnes permet de limiter le risque d'élongation du colza, tandis qu'avec des sols battants l'implantation de la féverole sur la même ligne de semis se présente comme un atout pour casser une éventuelle croûte de battance. Si semer avec plusieurs trémies augmente les conditions de réussite, il est également essentiel de considérer qu'avec ce long cycle du colza les légumineuses sont certes nécessaires mais jamais suffisantes. C'est une culture à surveiller en permanence (insectes, maladies, carences etc.). 

Tableau 3 : rendement du colza (en q/ha) selon différents itinéraires techniques

Remplacer le bidon par le sac

Cette expression imagée démontre l’effet environnemental des plantes compagnes. Afin de limiter le recours aux insecticides mais aussi parce que les ravageurs résistent de plus en plus aux produits phytosanitaires, le bidon est remplacé par le sac.

Avec des graines en faible quantité et de tailles différentes, un tri s'opère dans la trémie, à l'exception du sarrasin, en raison de la forme polygonale de sa graine. Cette céréale est censée mobiliser le phosphore dans le sol. Cet élément fertilisant voyant par ailleurs son prix d'achat augmenter, les légumineuses sont les bienvenues pour acidifier le sol au contact des racines, favorisant ainsi son absorption par le colza. Toutefois, la présence de phosphore restant nécessaire, des analyses du sol s'avèrent indispensables pour permettre d'en estimer la quantité. En outre, l'association de plantes compagnes est possible avec les céréales d'hiver, notamment le mélange méteil, plus couramment utilisé pour l'élevage. La culture d'orge ou de blé présentant un cycle cultural plus court que celui du colza et des plantes compagnes, certaines d'entre elles, comme la féverole, sont amenées à être semées en différé pour respecter les profondeurs de semis optimales de chaque espèce. Afin de ne pas les détruire lors du semis, l'orge ou le blé est implanté de préférence en semis direct. Il est néanmoins important de veiller à avoir des associations à maturité équivalentes et hauteurs de pailles similaires.

 

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