Il vous est peut-être arrivé de croiser lors de vos déplacements dans nos belles campagnes françaises une étrange machine jaune à liseré vert juchée sur trois ou cinq roues. L'un de ces impressionnants engins configurés comme un tricycle circule dans la Haute-Saône pour le compte de la SARL Quiclet, une entreprise de travaux agricoles installée à Montigny-lès-Vesoul et spécialisée dans la prestation d’épandage. Il s’agit de l’automoteur AT5105 du fabricant néerlandais Ploeger. Celui-ci dispose d’un châssis compatible avec différents types de travaux comme l’épandage de lisier, de fumier ou de compost, et la pulvérisation d’engrais liquide. Son nombre de roues impair apporte, selon le constructeur, plus de stabilité au champ et sur route. Le fabricant hollandais propose deux types de machines, l'une à trois roues (AT4103) et l'autre à cinq roues (AT5105).

L’angle de braquage de 70° de la roue avant permet un rayon de giration intérieur de 3 m.
En médaillon : L’unique roue frontale reçoit un moteur hydraulique à force de traction réglable pour assister l’AT5105 lors des manœuvres à rayon de braquage court.
L’unique roue centrale avant est fixée à une tourelle, dissimulée sous un capot devant la cabine, et manœuvrée par vérins. Afin de réduire le rayon de braquage de l’automoteur, la roue frontale, pivotant jusqu’à 70°, reçoit une assistance motrice à entraînement hydraulique intégrée au moyeu. Son pneumatique affiche des dimensions identiques à celles des essieux arrière, soit 1050/50 R32. Le double essieu arrière directeur augmente la maniabilité lors des manœuvres de l’automoteur. Selon le constructeur, le rayon de braquage atteint 3 m à l’intérieur des roues tout en préservant le sol et les cultures. Le châssis boulonné se compose de longerons en tôles d’un seul tenant découpées et pliées, puis soudées les unes aux autres. Il compte des trous de fixation prépercés afin de recevoir, à l’aide d’un simple boulonnage, plusieurs types d’équipements tels qu'une caisse d’épandage de produits solides ou une cuve en inox ou en polyester pour les liquides. Le six-cylindres Scania DC13, placé sous la cabine de l’automoteur, développe 550 ch avec ses 12,7 L de cylindrée. Il est accompagné de deux réservoirs, l'un de 675 L pour le GNR et l'autre de 60 L pour l’AdBlue.

Tous les points de contrôle des niveaux restent facilement accessibles sous le marchepied de la cabine. En dessous de cette dernière, sur la partie gauche, un large espace concentre les quatre radiateurs de refroidissement (huiles, eau, transmission et climatisation), montés côte à côte. Le ventilateur s’avère réversible, automatiquement ou manuellement. La transmission CVT à variation continue ZF Eccom 5.0 propose une plage de vitesse de 0 à 42 km/h. En cabine, un bouton-poussoir permet de passer rapidement des modes route à champ, limitant ainsi la vitesse maximale à 25 km/h.

Une portance au sol satisfaisante
Les ponts arrière Kessler à entraînement mécanique s’assemblent en un boggie. Ils sont équipés, au choix, de freins à disques ou à tambours. Situé entre le moteur et la boîte de vitesses, le bloc de répartition offre plusieurs types de pompes hydrauliques. Pour des interventions nécessitant de la traction, comme l’épandage de lisier par enfouissement, la pompe installée sera plus coupleuse, tandis que, pour l’épandage de fumier, nécessitant de la vitesse, celle-ci offrira plus de débit. L’automoteur se dote d’une cabine Claas Vista 2, à suspensions pneumatiques à l'arrière, via deux coussins d’air, et hydrauliques à l'avant, par deux vérins. Cet habitacle profite d’une conception simple et épurée permettant une prise en main rapide. La colonne de direction se règle comme celle des moissonneuses-batteuses du constructeur Claas. Deux écrans tactiles suffisent au fonctionnement du Ploeger AT5105.

L’un est dédié au GPS Trimble, tandis que l’autre, équipé de la fonction Isobus, contrôle les paramètres du chantier et de la conduite de la machine. L’accoudoir accueille un levier d’avancement doté de boutons paramétrables, pour une utilisation simple des fonctions de travail. À la droite de cette commande prennent place quelques interrupteurs intuitifs facilitant la prise en main de la machine. La caméra placée à l’arrière de l’automoteur renvoie l’image sur un troisième écran placé en hauteur, dans la partie droite de la cabine.

Conception simple et débit de chantier élevé
L’automoteur épandeur à lisier de Ploeger reçoit une cuve en polyester de 21 ou 25 m3 pour le modèle AT5105, et de 16 m3 pour l’AT4103. De conception légère, celle-ci s’équipe de cloisons antiballottement et du système de canalisations adapté au transport de lisier. Montée de façon légèrement décentrée, elle intègre le bras de remplissage tout en conservant une répartition optimale des masses. À l’arrière du châssis, la rampe d’épandage à patins Bomech, de 18 m de large, se fixe sur le système d’attelage à trois points. Ce dernier permet à l’utilisateur d’installer l'outil de son choix, issu du catalogue Ploeger, telle une rampe d’épandage avec ou sans enfouissement. Le remplissage de la cuve s’effectue de deux façons : soit par le bras de pompage mobile amovible, de 250 mm de diamètre, soit par les vannes de chargement fixées à l’avant de la machine, de part et d’autre de la cabine. Ces dernières, offrant un diamètre plus étroit de 150 mm, sont dépourvues d’accélérateur de débit et requièrent donc un temps de remplissage plus long.

Le bras de pompage, monté sur le côté droit de la machine, offre un angle d’évolution de 160° et se commande en cabine à l'aide du joystick.
Elles sont le plus souvent utilisées lorsque les camions-citernes de ravitaillement ne disposent pas du cône de remplissage adapté au bras de pompage. Ce dernier, monté sur le côté droit de la machine, offre un angle d’évolution de 160° et se commande en cabine à partir du joystick. Il profite d’une portée de travail maximale de 2,75 m en profondeur et de 4,50 m en hauteur. Contrairement aux vannes de chargement, ce bras de pompage s'équipe d'un accélérateur hydraulique de remplissage dont le débit peut atteindre 15 m3/min. Le lisier ou le digestat aspiré, quel que soit le procédé, est acheminé vers le broyeur filtre Vogelsang RotaCut couplé au bac à cailloux pour la récupération d’éléments indésirables. Ce bac dispose d’une grande trappe de visite afin de faciliter son entretien et son nettoyage. Le liquide est ensuite envoyé de l’autre côté de la machine par le tuyau de 254 mm de diamètre vers la pompe à lobe Börger, de 9 m3/min de débit, remplissant la cuve en polyester de l’automoteur. Le système de tuyauterie de cette pompe opte pour des vannes hydrauliques à guillotine offrant la double fonction de chargement et de déchargement. Une dérivation en « T » vient compléter ce dispositif en amont afin d'acheminer le liquide vers la pompe à lobe ou, lorsqu'il ne passe pas par celle-ci, directement dans la cuve.

L’épandage contrôlé par ordinateur
Le déchargement du lisier contenu dans la cuve en polyester se maîtrise depuis la cabine. À l’aide de l’ordinateur de bord, l’utilisateur définit le débit de chantier souhaité. Cette opération est possible grâce à la double fonction de la pompe à lobe. Celle-ci ferme hydrauliquement la vanne de chargement pour ouvrir celle de déchargement afin de conduire le liquide vers le tuyau de sortie qui alimente la rampe d’épandage, fixée à l’arrière de l’automoteur. En fonction du débit souhaité et du nombre de buses ouvertes sur la rampe d’épandage, la pompe à lobe ajuste automatiquement sa vitesse de rotation (jusqu’à 600 tr/min). Sur ce type d’automoteur destiné à l'épandage de lisier, la vitesse de travail varie en fonction de la quantité à l’hectare souhaité, de la largeur de la rampe ainsi que de la capacité de la cuve. Cependant, la vitesse maximale de l’AT5105 en conditions de travail peut atteindre 25 km/h.

