Les sécheresses estivales des dernières années ont généré d’importants dégâts dans certaines prairies des éleveurs creusois. S'est alors offerte à eux l'alternative suivante : labourer et réimplanter une prairie, ou opter pour la technique du sursemis. Début septembre, une journée technique organisée par la chambre d’agriculture de la Creuse permettait de faire le point sur cette seconde solution. Stéphane Grand, conseiller machinisme, a d’emblée prévenu : « Le sursemis présente un coût bien inférieur à celui d'un itinéraire complet pour réimplanter une prairie. Par contre, son efficacité risque d’être moins importante. »

Bernard Dhume, agriculteur, a réalisé un sursemis sur une de ses parcelles il y a trois ans. « Nous avons fait les premiers essais avec un semoir Sulky Unidrill sur une parcelle fortement malade, se souvient-il. Les graines étaient enterrées à environ 1 cm de profondeur. La pluie dans les quinze jours suivants a bien aidé la germination. La prairie se porte bien désormais, et nous avons pu faire deux coupes en enrubannage. Le seul souci est l’interrang de semis, à 16,7 cm, proposé par ce semoir. C’est à mon avis trop large. En ce moment, nous réalisons de nouveaux sursemis avec un semoir Väderstad, dont l’interrang est de 12,5 cm, ce qui devrait permettre une meilleure couverture. »

Un apport de phosphore booste la germination. Un enracinement rapide limite alors la concurrence avec les mauvaises herbes. Bernard Dhume, ayant pour sa part apporté un engrais de type NPK 0-20-30, a assuré qu’il avait ainsi doublé la quantité de fourrage récoltée. L'éleveur mise sur un mélange de variétés composé de 15 kg/ha de ray-grass, 8 kg/ha de trèfle violet et 3 kg/ha de trèfle blanc. Il juge le dactyle et la fétuque certes plus pérennes mais plus difficiles à faire lever. La chambre d’agriculture a estimé le coût total de ce chantier entre 300 et 500 €/ha, en incluant le coût de revient du matériel en Cuma, la main-d’œuvre et la semence, contre 500 à 700 €/h pour un itinéraire complet comprenant le passage d’une charrue et d’un semoir.

Des étapes à respecter
Lors de cette journée technique, les échanges entre les différents conseillers et les agriculteurs ont permis de lister quelques conseils essentiels à la réussite du sursemis. D’abord, il est préférable de réaliser une analyse de sol afin d’en déterminer le pH et la teneur en différents éléments, afin d’ajuster préalablement la fertilisation. Ensuite, lors d’une visite de la parcelle, il faut choisir plusieurs zones de 1 m2 et, à l’intérieur de celles-ci, déterminer quelle surface n’est pas recouverte. Mieux vaut des zones nues, sans mauvaises herbes qui gêneraient la levée des graines semées. La présence de mousses en surface n’est pas favorable à la réussite du sursemis. Il est alors conseillé d’attendre un temps sec et d’utiliser un outil agressif pour les déloger. L’expérience des différents protagonistes montre que le sursemis doit s’envisager lorsque la prairie présente au moins 40 à 50 % de sa surface de zones vides, sans herbes. Le tassement du sol doit également être pris en compte afin de sélectionner le semoir qui offrira à son élément semeur une capacité de pénétration suffisante. Un passage de rouleau peut favoriser le contact terre-graines et améliorer encore l’implantation des espèces.

Quatre outils permettant de réaliser du sursemis étaient présentés au cours de cette journée. Les trois premiers – les He-Va Grass-Roller, Güttler Green Master et Dalbo Maxiroll – étaient des herses complétées par des rouleaux de rappui de type pied-de-mouton. Celles-ci embarquaient des trémies et des doseurs DPA pour distribuer la semence puis la déposer, via des diffuseurs, entre la herse et le rouleau. Le quatrième outil, un semoir à disques Vredo, se dotait pour sa part d’une distribution mécanique. Tous ont évolué dans une prairie fortement dégradée. Les agriculteurs présents ont pu juger de la répartition et du bon enterrage des graines. Les conseillers de la chambre d’agriculture ont repéré les différents passages et viendront quantifier le gain obtenu pour chaque machine, lors des prochaines campagnes.