Spécialisé dans la récolte de betteraves depuis la création de son entreprise en 1981 à Tournebu, dans le Calvados, Denis Giffard, entrepreneur de travaux agricoles, ne s’imaginait pas un jour proposer ses services pour l’épandage de lisier. Cependant, la fermeture de la sucrerie de Cagny en 2020 l’oblige à arrêter cette activité. Il fait alors le choix de se reconvertir pour pérenniser son entreprise et maintenir l’emploi de ses salariés, au nombre de sept à ce jour.
Réalisé en août 2020, l’investissement dans un automoteur d’épandage Terra Variant 585 s’élève à 400 000 €. Ce matériel bénéficie de l’équipement Zunhammer, lequel comprend une cuve de 21 m3, un système d’aspiration composé d’une pompe volumétrique à lobes rotatifs Vogelsang (débit de 12 000 L/min), dotée d’un broyeur et d’un bac à pierres, ainsi qu'un tuyau d’aspiration, de 250 mm de diamètre et 5,7 m de long, pivotant à 158°. Tous ces éléments réduisent ainsi le temps de remplissage, estimé à moins de trois minutes. L’aspiration latérale améliore la visibilité, de même que le capot moteur incliné vers l’avant, et sécurise les chantiers d’épandage.

Un caisson de ravitaillement de 65 m3
Pour alimenter l’automoteur, Denis Giffard a investi dans trois tonnes à lisier de ravitaillement, dont deux de 16 m3 de capacité, de marque Mauguin, et une troisième de 21 m3, de marque Pichon. Toutes trois sont dotées d’accélérateurs de pompage à l’avant et d'un bras de vidange automatique gauche/droite (tourelle) pour une vidange rapide dans le caisson de ravitaillement et un confort d'utilisation optimal. L’entrepreneur met également à la disposition de ses clients un malaxeur de 8 m de portée afin d’homogénéiser le lisier dans les fosses. Selon les chantiers, les tonnes à lisier ravitaillent un caisson d’attente de 65 m3, conçu en interne à l'aide de deux caissons maritimes et positionné sur un plateau pose-à-terre de 8,5 m de long, ou bien directement l’automoteur via des cônes. Le caisson peut aussi être approvisionné par des camions à travers une trappe de fermeture automatique.


Une communication des chauffeurs par radio CB
La vitesse de l’automoteur est de 25 km/h sur route. Au champ, elle peut varier de 8 à 25 km/h selon le dosage demandé. Le débit de chantier, pour sa part, est compris entre 100 et 120 m3/h si l’alimentation du caisson de ravitaillement s'effectue en continu. Afin d’optimiser l’organisation des chantiers, les chauffeurs des tonnes et de l’automoteur d’épandage communiquent via des radios CB. Pendant le remplissage du caisson, l’automoteur, lui, ne s’arrête pas d’épandre, ce qui présente un avantage en matière de logistique, notamment dans les grandes parcelles.

En cabine, le chauffeur s'appuie sur le système d’aide à la conduite Holmer TerraControl lui permettant de gérer la marche en crabe et les manœuvres en bout de champ, d’abaisser l’équipement d’épandage et de mettre en route la pompe. Il programme le dosage souhaité via le terminal Isobus CCi 1200 régulant automatiquement le débit suivant la vitesse d’avancement et la largeur de l’outil. Le système de guidage assisté TecMat permet en outre d’augmenter la précision d’épandage.

Un volume épandu proche des 60 000 m3
L’entrepreneur propose des prestations d’épandage avec une rampe à patins, de 18 m de large, ou un enfouisseur à disques droits, d'une largeur de 8,7 m.
Il est d'abord sollicité par des éleveurs intéressés par l’enfouisseur à disques pour leurs prairies, afin de réduire les pertes ammoniacales et intervenir au plus près de la racine. C’est en 2021 que la première saison bat son plein, la machine intervenant dans le Calvados, puis dans la Manche, la Seine-Maritime et l’Eure. Le tarif de la prestation est compris entre 2,50 et 6,50 €/m3, en fonction de la distance à parcourir entre la fosse à lisier et la parcelle. En 2021, le volume total de lisiers (porcs et bovins) et de digestats épandus s’est élevé à 33 000 m3. Pour l’année en cours, l’entrepreneur l’estime aux alentours de 60 000 m3. Il envisage d’organiser une journée technique dédiée pour déployer la demande.

Fort du succès de ce matériel, il a récemment acquis un deuxième automoteur d’épandage de 16 m3, un modèle Challenger TerraGator 2244, pour compléter son offre de prestations auprès de ses clients.
Maniabilité et stabilité
L’automoteur Holmer Terra Variant 585 est équipé de pneumatiques à basse pression Michelin CerexBib 1000/55 R32, dont la surface de contact peut atteindre 0,84 m2. Un rayon de braquage de 11 m, combiné à deux essieux directeurs planétaires, et un empattement long de 4,76 m favorisent la maniabilité et la stabilité de la machine. L’essieu avant, équipé de vérins hydrauliques, garantit un confort de conduite, de même que la suspension de cabine hydrodynamique. En cabine, le chauffeur peut actionner la marche en crabe pour limiter la compaction des sols. La cuve en fibre de verre, pour sa part, réduit le poids de la machine. Monté devant l’essieu avant, le moteur diesel Mercedes-Benz, conforme à la norme antipollution Stage V, développe une puissance maximale de 585 ch et un couple maximal de 275 daNm à 1 300 tr/min. Il bénéficie d’un meilleur refroidissement que le précédent modèle et d’une propreté optimale. Son positionnement permet d’équilibrer la charge, tout en limitant le poids à l’arrière de l’équipement. L’attelage hydraulique à trois points, de catégorie 4, orientable des deux côtés, autorise l'adaptation d’outils variés tout en réduisant la sollicitation des matériaux. Les enfouisseurs à disques intègrent de série un système de charge et de décharge.