Découverte  Hippodrome de ParisLongchamp : le gazon, une surface technique 

Hippodrome de ParisLongchamp : le gazon, une surface technique 
(©U.D.)
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En accueillant des chevaux de course de haut niveau en provenance du monde entier, la société France Galop, responsable, entre autres, de l’entretien de l’hippodrome ParisLongchamp, se doit de présenter des pistes offrant un gazon de qualité. Éloi Lebrun, adjoint du responsable de piste, nous présente les travaux à effectuer, comparables à ceux que nous avons l’habitude de voir en agriculture, afin de respecter le rigoureux itinéraire technique de cette culture.

Le gazon que nous entretenons sur les pistes de l’hippodrome ParisLongchamp reste avant tout un support technique qui doit satisfaire aux exigences du terrain et à celles des chevaux, annonce d’emblée Éloi Lebrun, adjoint du responsable de piste à la société France Galop. Le secret d’un bon travail est de savoir ménager entre les exigences du gazon et celles des courses hippiques. Autrement dit, il faut un gazon en excellente santé, sur un terrain ferme mais pas trop non plus. »

L’hippodrome ParisLongchamp, situé dans l’ouest de Paris, a été inauguré par Napoléon III le 27 avril 1857 et accueille lors des réunions de courses des chevaux prestigieux venant du monde entier. Cette infrastructure de 17 ha dispose de la piste de galop sur gazon la plus large de France, jusqu’à 65 m dans sa partie la plus large. Celle-ci est minutieusement préparée par France Galop, responsable du fonctionnement et de l’entretien de différents hippodromes comme celui de ParisLongchamp. Le gazon étant l’outil de travail, le support des courses hippiques, le responsable d’entretien des pistes, avec son équipe, crée et respecte des itinéraires techniques précis afin d’obtenir la meilleure qualité de gazon possible.

Des semis à interrang de 30 mm

© Eloi Lebrun
« Nous recherchions un semoir avec l’interrang le plus étroit possible pour semer avec un maximum de densité », explique Eloi Lebrun.

Le garnissage, en semis direct, de ce gazon est alors effectué, pendant les périodes hors courses au printemps et à l’automne, grâce au semoir à disques Redexim Overseeder DD2230, lequel dispose d’un interrang de 30 mm pour 2,2 m de largeur de travail. Afin de suivre les irrégularités du terrain, ce semoir est utilisé en mode flottant, grâce aux réglages de l’outil et du relevage du tracteur.

« Nous utilisons depuis peu une nouvelle variété de ray-grass anglais, la RTF chez Barenbrug, ajoute l'adjoint du responsable de piste. C’est une variété plus résistante aux conditions du sol ou au piétinement, demandant moins d’eau pour sa croissance. »

Une fertilisation 100 % naturelle

© Eloi Lebrun 

L’équipe encadrante réalise chaque année, avant le mois de décembre, un plan de fertilisation. Cela lui permet de commander toutes les quantités d’engrais nécessaires pour l’année entière. Ces produits, reçus en trois livraisons réparties dans l’année, sont stockés dans un local fermé.

« Dans quelques années, les engrais de synthèse seront proscrits en France. Nous souhaitons donc prendre de l’avance et travailler uniquement avec des intrants naturels et biologiques. Nous apportons en moyenne 130 unités [U] d’azote par an et par hectare, complétés par 30 U de phosphore et 132 U de potasse », indique Éloi Lebrun.

Comme dans l’agriculture biologique, pour stimuler la vie microbienne et les échanges minéraux du sol, des biostimulants comme le bore ou le zinc, des oligoéléments, sont ajoutés dans le sol à l’aide du pulvérisateur Kuhn.

Un terrain toujours lisse

© Eloi Lebrun

Avant et après chaque journée de courses au cœur de l’hippodrome, les techniciens procèdent à un passage de rouleaux squelettes lisses afin d'aplanir la piste de course engazonnée. Ils réalisent également un passage de rouleaux squelettes à dents pour faciliter le rebouchage des trous créés par les sabots des chevaux en pleine course. Ces outils sont attelés en train ou en éventail en fonction de la souplesse du terrain et de l’importance des dégâts à réparer.

Un gazon constamment propre

© U.D.

Chaque semaine, les techniciens de France Galop effectuent un passage avec la herse étrille Hege Joker 4500, de 4,5 m de large, pour le défeutrage (élimination du gazon mort), le désherbage mécanique et le relevage du gazon en vue de faciliter la tonte. Cet outil est associé à un semoir pneumatique utilisé, après chaque journée de courses hippiques, pour le regarnissage des zones nues. Les dents de la herse étrille assurent la mise en contact et le mélange avec la terre des semences de ray-grass.

« Avec le semis à la volée, nous pouvons semer d’une manière et d’une densité différentes de celles du semoir à disques. Cela est très important, notamment au niveau des virages de pistes qui peuvent devenir accidentogènes pour les chevaux. En utilisant des outils appropriés, nous sommes alors en mesure de semer entre les sillons du semoir », précise Éloi Lebrun.

Deux types d’aérateurs

© Eloi Lebrun

Pour son bon développement, le gazon nécessite le passage fréquent d’un aérateur. À ParisLongchamp, France Galop possède deux modèles différents, l'un à lames, de marque Noblat, et l'autre à dents, provenant du fabricant Wiedenmann. Le second est utilisé de deux à trois fois par an (printemps, été, automne), lors des périodes de creux dans le calendrier des courses. Il apporte de l’oxygène en profondeur dans le sol et assure la restructuration de celui-ci, tout en aplanissant les pas de chevaux.

« L’aérateur à louchets pleins travaille le sol en profondeur. Son utilisation requiert deux semaines de travail avec trois engins pour aérer toute la piste. L’aérateur à lames Noblat, lui, ouvre le sol différemment et moins en profondeur. Il offre un faible impact sur le substrat ainsi qu’une faible incidence sur la fermeté du gazon pour les chevaux en pleine course. Sa capacité à tourner à vitesse plus élevée nous permet de travailler la piste en une journée », détaille Éloi Lebrun.

Cette caractéristique propre à l’aérateur à lames Noblat permet donc aux techniciens de France Galop de procéder à un passage par semaine en période de courses.

La tonte, un atelier primordial

@Eloi Lebrun

La tonte du gazon sur la piste de course, uniquement en mode mulching, représente la majorité du travail des techniciens de l’hippodrome. Elle s'opère à 10 cm de hauteur en période de pousse, et ce, jusqu’à trois fois par semaine.

« Nous utilisons la tondeuse Jacobsen HR800, la plus large de sa catégorie, soit 4,9 m. Cette machine, dont très peu de structures sont dotées, autorise une tonte rapide de la piste avec un rendu technique et esthétique très satisfaisant », précise Éloi Lebrun.

En raison de sa grande largeur de coupe, les techniciens de France Galop ont pu augmenter la fréquence de tonte, à raison de trois fois par semaine, tout en limitant l'accumulation de déchets et la pression cryptogamique (risques de maladies).

« Nous observons une amélioration de l’esthétisme du gazon et une réduction des dégâts occasionnés par les roues du tracteur », affirme l’adjoint du responsable de piste.

 

 

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