Chantier de récolte - ETA Denis Giffard  Pressage de paille, une organisation carrée pour un chantier rondement mené

Pour libérer plus rapidement la parcelle, l’ETA envoie deux voire trois presses en même temps dans le champ.
Pour libérer plus rapidement la parcelle, l’ETA envoie deux voire trois presses en même temps dans le champ. (©D.L.)

L’entreprise de travaux agricoles Denis Giffard, basée à Tournebu, dans le Calvados, presse environ 13 000 t de paille chaque année. Certains chantiers de type XXL nécessitent plusieurs presses, plateaux et télescopiques en même temps sur la parcelle afin d’évacuer les bottes au plus vite.

Mi-juillet dans la plaine céréalière de Caen, la moisson bat son plein. Denis Giffard aborde sereinement sa 42e campagne de pressage de paille : la météo annonce encore au moins une semaine de beau temps et les chantiers avancent à un bon rythme. La récolte et la vente de paille représentent deux activités historiques pour cet entrepreneur.

« Je suis en relation avec des agriculteurs qui travaillaient déjà avec mon père dans les années soixante-dix, précise Denis Giffard, installé à Tournebu, dans le Calvados. Nous achetons environ 8 000 t de paille sur champ, qu’il faut presser et expédier ensuite par transporteur. Les ventes se font soit en direct auprès d’éleveurs de la région, soit via des négociants spécialisés. L’entreprise met aussi en bottes chaque année près de 5 000 t de paille, en prestations de services chez des agriculteurs du secteur. »
Denis Giffard (à gauche) et son épouse, Élise, accompagnés de l’équipe chargée de la logistique du chantier de pressage de paille. (© D.L.)

Pour réaliser ces différents chantiers, l’ETA dispose actuellement de cinq presses à haute densité Krone et de trois presses à balles rondes. Elle intervient dans un rayon d’une soixantaine de kilomètres autour du siège social mais, certaines années, des collègues la sollicitent pour des déplacements jusque dans le Bassin parisien.

Évacuer rapidement les bottes de la parcelle

Dès le printemps, l’entrepreneur consulte ses principaux clients pour connaître les volumes dont ils auront besoin et le type de paille recherché : bottes rondes ou carrées ? Paille longue, coupée ou hachée plus finement ? Si le destinataire final est un éleveur laitier, un producteur de volailles ou un haras, les attentes ne seront pas les mêmes. Denis Giffard s’approvisionne auprès d'un grand nombre de céréaliers de la plaine de Caen à qui il achète chaque année de la paille en andains. L’objectif est de presser et d’évacuer rapidement les balles de la parcelle pour que l’exploitant puisse déchaumer au plus tôt. Pour cela, l’ETA n’hésite pas à mettre deux voire trois presses en même temps dans le champ. Les machines sont attelées derrière des tracteurs Fendt Vario 930, des modèles choisis pour leur confort de conduite et leur grande capacité de refroidissement en été. En cabine, les chauffeurs sont des habitués avec, pour certains, jusqu’à 25 années d’expérience en pressage. Ils ont aussi la charge de l’entretien du matériel : vérification du graissage et de la lubrification, soufflage régulier des éléments, gestion du stock de ficelles…

La presse est emmenée par un Fendt Vario 930. (© D.L.)

Broyeur à 51 couteaux

Les deux machines employées ce jour-là sont des BiG Pack 1290 HDP VC du constructeur Krone. Comme la numérotation l’indique, elles réalisent des balles de 1,2 m de largeur et de 90 cm de hauteur, pesant entre 400 et 500 kg selon la densité. Ces presses sont toutes deux équipées d’un ameneur rotatif VariCut équipé de 51 couteaux qui coupe la paille en brins de 22 mm de longueur seulement. Un calibre très fin destiné à la litière des bâtiments de volailles ou des logettes, ou prévu pour être incorporé dans la ration des vaches. Le chauffeur peut aussi débrayer un couteau sur deux, ou deux sur trois, pour faire des brins un peu plus longs. Pour l’aiguisage de ces pièces travaillantes, l’entreprise a investi en 2017 dans une affûteuse automatique Aqua Non Stop de Claas. L’opérateur place l’ensemble des couteaux sur un support, puis la machine les reprend et les affûte un par un.

Beaucoup de clients demandent de la paille coupée finement. Ces presses possèdent un système de coupe à 51 couteaux pour des brins de 22 mm. (© D.L.)
« L'Aqua Non Stop est conçue pour travailler sur pratiquement toutes les marques de couteaux, ajoute Denis Giffard. Nous nous en servons aussi pour les systèmes de coupe des autochargeuses et des presses à balles rondes. Il faut en général de 15 à 20 minutes pour démonter l’ensemble des couteaux. Ensuite, l’affûteuse est réglée en programmant un, deux ou trois passages, voire davantage s’ils sont vraiment abîmés. Comme chaque machine dispose de deux jeux de couteaux, les chantiers ne s’arrêtent pas. »
Le camion-atelier est toujours prêt à intervenir dans les champs pour ne pas perdre de temps. (© D.L.)

Plusieurs points de stockage

Côté logistique, pas de temps à perdre non plus. Selon la distance entre la parcelle et le lieu de stockage, l’entreprise prévoit trois ou quatre plateaux à paille et presque autant de télescopiques. Le chantier compte jusqu’à 5 ou 6 salariés en même temps pour ramasser les bottes. Celles-ci sont posées quatre par quatre sur le plateau. Une fois ce dernier chargé, le chauffeur sangle systématiquement chaque rangée puis part pour l’un des trois dépôts de l’entreprise, ou chez un agriculteur qui met son hangar à disposition. L’ETA préfère multiplier les points de stockage pour ne pas perdre toute sa récolte en cas d’incendie.

Les trois télescopiques chargent en continu pendant que les chauffeurs des remorques effectuent les allers-retours jusqu’au hangar. (© D.L.)
Le sanglage des bottes est obligatoire, même lors d’un transport sur une courte distance. (© D.L.)
L’ETA Giffard dispose de trois sites de stockage et peut aussi utiliser des hangars d’agriculteurs les années où la paille est abondante. (© D.L.)
« Nous ne voulons pas prendre de risque avec la sécurité, souligne Denis Giffard. Les chauffeurs vérifient systématiquement le taux d’humidité des bottes au moyen d’une sonde manuelle, utilisée en complément du capteur intégré dans la presse. Si la valeur dépasse les 16 %, le chantier est arrêté. Nous avons aussi installé des cuves d’eau sur les presses en cas de départ de feu dans la machine. C’est une précaution supplémentaire en plus de l’extincteur. L’entreprise utilise un camion-atelier prêt à intervenir au champ en cas de panne. Pour les années difficiles, nous disposons aussi de trois aérofaneurs pour retourner les andains après une pluie. C’est préférable à un andaineur conventionnel qui pourrait ramener des cailloux dans les balles, l’objectif étant de fournir à nos clients de la paille de qualité. »
Les chauffeurs réalisent l’entretien du matériel. Ils contrôlent aussi le taux d’humidité des bottes et arrêtent de presser au-delà de 16 %. (© D.L.)
Les presses sont équipées de cuves à eau placées en hauteur en cas de départ de feu. (© D.L.)

L’ETA en quelques chiffres

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