« En consultant le visuel satellite de mon système d’irrigation par aspersion, via Internet, je distinguais à l’écran des zones claires et d'autres foncées ou plus sombres sur mes parcelles, témoignant d’une irrégularité d’apport d’eau », annonce d’emblée Jean de Grave.

Cet ancien viticulteur, à la tête de l’EARL du Pioch, à Aumes, dans l’Hérault, exploite 72 ha de surface agricole utile de céréales. Depuis l’arrachage de ses vignes, dans les années 1980, son assolement est réparti principalement entre des cultures de semences de maïs et de tournesol irriguées sur 52 ha. Le reste se compose de diverses céréales non irriguées. L’exploitation de Jean de Grave, située en Occitanie, à proximité de la mer, est souvent soumise à des vents forts.
« Mon ancien système par aspersion, projetant l’eau vers le haut, n’était pas adapté à ces conditions climatiques. Je me suis tourné en 2012 vers une rampe frontale d’irrigation de chez Irrifrance, dotée d’une interface graphique et pilotable à distance, pour un investissement de 70 000 €. Celle-ci offre une meilleure répartition de l’eau sur une plus grande surface, même par conditions venteuses », expose-t-il.

Une seule rampe frontale pour 52 ha
Jean de Grave a réparti son parcellaire de 52 ha en plusieurs îlots rectangulaires. La rampe frontale qu'il a acquise, dotée de quatre travées, a été conçue sur mesure et admet une largeur de travail de 260 m, identique à celle des îlots. Ce système d'irrigation, sur pivot mobile, réalise un arrosage de type hippodrome. Des canons placés en bout de rampe complètent les manques d’eau en bordure de parcelle. Pour les déplacements, Jean de Grave a ajouté deux groupes électrogènes de 12 kVA (kilovoltampères) fournissant l’énergie nécessaire aux roues de la rampe, et ce, pour un investissement de 8 000 €. Cette alimentation électrique assure également la traction le long de la parcelle des canalisations d’eau de la rampe depuis les bornes d’approvisionnement, placées tous les 200 m. Les connexions à celles-ci s’effectuent uniquement par l’action de l’homme.

Une armoire graphique doublée
« Je peux prendre en main à distance ma rampe d’irrigation », se satisfait Jean de Grave en sortant son téléphone portable.
L’interface graphique de l’armoire placée sur un des pieds de la rampe frontale est démultipliée sur le smartphone de l’agriculteur via l’application VNC. Ce procédé est assuré par réseau GSM, avec un modem Internet doté d’une carte SIM « MtoM » (machine to machine) sur le système d'irrigation. La prise en main à distance s’effectue alors par une simple connexion à ce modem.

En cas de panne, comme une perte de pression ou un défaut de fonctionnement des travées, l’agriculteur reçoit automatiquement un SMS d’alerte sur son portable. Où qu’il soit, Jean de Grave peut ainsi accéder à cette interface, à partir de laquelle il est également à même de définir la quantité d’eau à apporter sur sa parcelle. Il peut aussi visualiser l’emplacement exact ou encore le statut de travail de la rampe frontale, comme le temps restant, la quantité d’eau restant à épandre, etc.

« Je peux aussi lancer à distance le départ de la rampe frontale. Toutefois, le démarrage de mes deux génératrices, pour le moteur électrique, nécessite ma présence », ajoute-t-il.
Une appréciation humaine du besoin en eau
« Je ne possède pas de sondes capacitives pour estimer l’apport d’eau nécessaire à mes cultures, continue Jean de Grave. Je réalise une analyse humaine. Autrement dit, j’observe l’état du sol en surface ou à quelques centimètres en profondeur. Si la terre de ma parcelle est fraîche, l’apport n’est pas nécessaire. A contrario, si, en pleine végétation, mon sol a tendance à sécher, j’actionne la rampe d’irrigation pour un apport d’eau compris entre 25 et 30 mm à pleine dose, et un épandage jusqu’à six jours d’affilée. Il faut donc penser à anticiper le besoin en eau de la parcelle, de façon à avoir toujours un temps d’avance plutôt qu'un temps de retard. Je ne peux pas apporter plus de 30 mm d’eau par semaine, car je n’en ai pas suffisamment. »

En effet, l’agriculteur s’alimente en eau auprès du réseau collectif voisin pour un abonnement annuel de 6 000 € à hauteur de 100 m3/h de débit, ce qui correspond à la capacité de sa rampe frontale. Il est, en plus, facturé au mètre cube pour sa consommation d’eau réelle. En fonction des conditions de pluviométrie de l’année, et donc de son apport en eau, le coût de l’irrigation peut ainsi varier de 18 000 à 26 000 € par an, en plus de son abonnement.
« Lorsque l'Occitanie connaît des conditions climatiques habituelles, j’essaie de semer dans une terre fraîche puis de démarrer les irrigations à partir du mois de mai. Contrôler et surveiller mon système irriguant à distance représente un réel confort en termes d’astreinte réduite et me permet de dégager du temps pour d’autres chantiers sur l’exploitation », conclut Jean de Grave.