Originaire d’Alsace, la famille Peterschmitt est installée à Sillars, dans la Vienne, depuis 1990. L’exploitation, reprise à l’époque par Patrick Peterschmitt, est désormais gérée par ses deux fils, Vincent et Cédric. La production est essentiellement orientée vers les grandes cultures : blé, orge, colza, pois, maïs, tournesol et soja.

Pilotage par smartphone
Les deux frères ont commencé à remplacer les enrouleurs traditionnels par des rampes et des pivots Otech en 2012. Si l’investissement de départ est plus élevé, sur le long terme ce type d’installation offre plusieurs avantages. La circulation de l’eau dans le circuit à basse pression requiert moins d’énergie, avec un impact direct sur la facture d’électricité. La répartition est également plus régulière sous le pivot ou la rampe, alors qu’avec un canon le vent entraîne parfois des recoupements ou des manques. À la clé, une diminution de la consommation en eau constatée sur le terrain de l’ordre de 10 à 15 %.

« L’eau arrive par les cannes de descente, à 2,5 m de hauteur, et tombe sous forme d’une pluie régulière qui ne tasse pas le sol. C’est un autre point intéressant dans nos terres sablo-limoneuses sensibles à la battance. En fin d’été, pour faire lever un colza, c’est important sur le plan agronomique de ne pas créer de croûte en surface », rappelle l’agriculteur. Celui-ci souligne aussi les avantages quotidiens d'un tel système : « Avec une rampe ou un pivot, l’organisation des tours d’eau est beaucoup moins chronophage.

Nous avons du matériel géolocalisé par GPS qui se pilote à distance via l’application sur smartphone. Des capteurs fournissent en permanence la pression de travail et la position du matériel dans la parcelle. Un texto d’alerte est envoyé sur différents numéros préenregistrés en cas d’incident. La mise en œuvre et le suivi sont donc beaucoup plus simples qu’avec des enrouleurs. Nous nous déplaçons tout de même sur place au moins une fois par jour pour vérifier que tout est en ordre. Pendant la moisson, l’organisation quotidienne est donc plus simple, car il s’agit plutôt de temps d’astreinte, pendant lesquels nous pouvons faire autre chose. »

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Trois stations météo connectées
Pour gérer le mieux possible les apports, l’exploitation utilise l’outil d’aide à la décision (OAD) nommé « Irré-LIS (1) ». L’application est notamment alimentée par les données issues des trois stations météo connectées de la ferme, placées sur différentes parcelles.
(1) Irré-LIS a été développé par l'institut du végétal Arvalis.

Selon la culture, la date de semis, la réserve utile du sol, l’eau déjà reçue par la plante et les prévisions météo, le modèle indique à l’agriculteur à quel moment sa parcelle sera face à un risque de stress hydrique. À lui ensuite d’ajuster l'irrigation pour coller au plus près des besoins des cultures.
« Dans le contexte actuel, nous devons avoir des comportements exemplaires en matière de gestion de l’eau, souligne Cédric Peterschmitt. L’utilisation d’OAD et de stations météo y contribue. Le choix d’équipements performants compte aussi pour bien valoriser chaque litre d’eau. »
Des solutions pour les différentes formes de parcelles
Si, autrefois, les pivots couvraient essentiellement des zones en rond (ou demi-rond), et les rampes des surfaces en hippodrome, ces matériels s'adaptent aujourd’hui à des parcelles aux formes plus complexes, lesquelles se voient ainsi irriguées presque en intégralité. Sur les pivots, les constructeurs proposent par exemple un système de porte-à-faux escamotable qui s’efface en pivotant à angle droit. La longueur arrosée varie ainsi au cours de la rotation, et le matériel couvre alors une zone qui n’est pas forcément ronde. Avec une rampe, il est également possible de faire suivre à la motrice un itinéraire en courbe, voire en forme de « L ». Le modèle de marque Otech installé par les frères Peterschmitt en 2019 est équipé de trois canons supplémentaires pour irriguer les zones périphériques : deux d'entre eux sont installés à l'extrémité de la rampe, offrant des portées respectives de 15 et 25 m.
La limite de la parcelle n’étant pas rectiligne, ceux-ci se déclenchent en alternance selon la distance qu’il reste à irriguer jusqu’à la bordure. Le pilotage est assuré par le géopositionnement du matériel. À l’autre bout, un troisième canon de 40 m de portée est placé sur la motrice. Il ne sert qu’en toute fin de cycle, au niveau d’un décrochement où la parcelle est beaucoup moins large. Une fois arrivée à cette position, la motrice s’arrête. Toute la rampe bascule alors de l’autre côté par un retour en arrière à 180°. La motrice redémarre, et le troisième canon prend le relais pour aller jusqu’à la fin du cycle. Ce montage a été assuré par le concessionnaire qui a placé un dispositif de régulation pour adapter la pression entre la zone irriguée par la rampe et celle dont se charge l’enrouleur.