Si, depuis les débuts de l’agriculture moderne, les rendements ont globalement été multipliés par trois, le taux de matière organique dans les sols a quant à lui été divisé par deux. Cet appauvrissement se traduit par une baisse de la quantité disponible en éléments minéraux, qu’il faut compenser par des apports extérieurs. Le principe de l’agriculture de conservation vise à enrayer ce phénomène en reconstituant des stocks de matière organique dans le sol et en cherchant à bénéficier de tous les avantages offerts par les organismes vivants qui s’y trouvent. Le semis sous couvert y contribue puisqu'il évite d’avoir des sols nus et limite le travail de la terre.
« La technique ne s’improvise pas et nécessite donc de bonnes bases agronomiques, explique Julien Hérault, conseiller en machinisme indépendant. La réussite d’une implantation se prépare en amont et passe par au moins quatre points essentiels : avoir un sol bien fissuré pour favoriser l’enracinement, contrôler le désherbage, maîtriser les résidus et les ravageurs, et, enfin, assurer une bonne disponibilité en éléments minéraux pour les jeunes plantules. »
Quatre enjeux à respecter
En effet, tout ne se joue pas au moment du semis : l’historique de la parcelle a lui aussi une grande importance. Avoir une bonne structure de sol est un des principaux enjeux. Celle-ci peut être obtenue sous l’action du couvert précédent grâce au travail des racines pivotantes qui descendent en profondeur. Quand cela ne suffit pas et si la structure a été détériorée par le passage du matériel, le recours au décompacteur est indispensable. Le deuxième point essentiel consiste à maîtriser le désherbage de la parcelle. Tout dépend, là aussi, du précédent couvert et de l’historique. L’agriculteur dispose de plusieurs leviers en optant soit pour de la destruction mécanique, soit pour un désherbage chimique. Le troisième enjeu englobe la maîtrise des résidus (débris de la culture précédente, restes du couvert, apports de fumier ou de compost) et des ravageurs (limaces, nématodes, oiseaux, campagnols…). Ces points doivent faire l’objet d’un raisonnement global sur le mode de destruction du couvert et sur la technique de semis employée. Quant à la question de la minéralisation et de l'apport en nutriments pour la culture, attention aux pratiques : lors de la destruction d’un couvert abondant, par exemple, les organismes du sol vont mobiliser beaucoup d’azote pour consommer les débris végétaux, privant la culture de sa ressource principale. Ce phénomène de « faim d’azote » peut être évité ou limité en introduisant dans le couvert une légumineuse qui va enrichir naturellement le sol et réduire les besoins ultérieurs.
À lire aussi : [Agriculture de conservation des sols] Valoriser des terres séchantes (materielagricole.info)
Une polyvalence intéressante
« Viennent ensuite le choix du semoir et son adaptation aux conditions de la ferme, ajoute Julien Hérault. Les agriculteurs savent bien qu’il n’existe pas une solution unique et miraculeuse qui fonctionnera dans toutes les situations. Je constate que les constructeurs jouent bien le jeu et offrent un large panel d’équipements. Le type d’élément semeur – simple disque, double disque ou dent – dépend des objectifs fixés précédemment. Toutes les marques proposent au moins deux trémies séparées avec des systèmes de distribution indépendants. En option, l’agriculteur a la possibilité d’ajouter des trémies indépendantes pour de petites graines ou des granulés insecticides. Les descentes sont souvent modulables un rang sur deux, un rang sur trois, etc. Cette polyvalence est intéressante pour semer efficacement des espèces en mélanges ou pour apporter des engrais localisés sur le rang. C’est donc à l’agriculteur de bien définir ses besoins puis de maîtriser l’étalonnage de ces outils pour parvenir à bien les valoriser. »