Marc Quéméré est à la tête de la SARL Quéméré depuis 2013, une entreprise de travaux agricoles finistérienne créée par son grand-père en 1962 et reprise par son père en 1976. Historiquement axé sur les travaux de pulvérisation et d’arrachage de pommes de terre, son savoir-faire s’est étendu au fil du temps vers l’ensilage et la moisson. Cinq salariés permanents et cinq ou six saisonniers assurent les travaux à l'aide d’un parc de matériels conséquent comprenant 5 moissonneuses-batteuses Claas, 2 ensileuses Claas, une dizaine de tracteurs de 100 à 310 ch des marques John Deere, Massey Ferguson et Case IH, et 3 épareuses.
Fort de son expérience dans la récolte, Marc Quéméré s’est diversifié en 2022 vers le fauchage-andainage pour répondre à une demande de quelques clients. Il a acquis une machine Claas intégrant une coupe de 5 m de large.
« Nous avions pour objectif de proposer une nouvelle prestation à nos clients, novatrice dans notre secteur géographique, relate l'entrepreneur. Alors que nous prévoyions de couper 150 ha, nous sommes finalement intervenus sur 550 ha. Le débit de chantier de notre première machine s’élevait à 3 ha/h suivant le parcellaire. Face à la demande, j’ai fait le choix d’acquérir un modèle plus performant, une faucheuse-andaineuse automotrice John Deere W150 avec une largeur de coupe supérieure. »

Marc Quéméré réceptionne sa nouvelle machine, importée du Canada, en août 2023.
Un débit de chantier de 4 à 8 ha/h selon le parcellaire
Dans le cadre des activités de l’entreprise, la John Deere W150 est utilisée pour faucher et mettre en andains une grande diversité de cultures : orge de brasserie, orge bio, colza, blé noir, seigle, colza semence, ray-grass, blé, lupin, féverole… Cette étape précède la récolte réalisée avec une moissonneuse-batteuse équipée d’un pick-up à tapis pour la reprise des andains, réalisée entre 4 et 9 jours plus tard, voire plus selon les conditions climatiques.
« Il importe d’intervenir à un stade optimal du pourcentage d’humidité en fonction de la culture pour limiter l’égrenage et maximiser le rendement. Dans le cas du colza, on peut gagner jusqu’à 200 à 300 kg/ha », estime Marc Quéméré.
Cette faucheuse-andaineuse automotrice dispose d’une barre de coupe à tapis de 7,5 m de large, ce qui lui confère un débit de chantier variable, de 4 à 8 ha/h selon le parcellaire. Les tapis mobiles de la plateforme de coupe sont pilotés depuis la cabine via le système Harvest Manager Pro pour regrouper la matière en andains sous la machine le plus souvent, ou sur les côtés lorsqu’il y a très peu de fourrage.
Un inverseur hydraulique assure le débourrage si nécessaire. Le chauffeur règle également la hauteur de coupe, l’inclinaison de la plateforme avec le troisième point hydraulique au centre de la coupe, la vitesse de rotation du rabatteur ainsi que la tension du ressort pour la pression au sol.
Faucher à une hauteur minimale pour optimiser le séchage des andains
La régularité des andains, dont la largeur atteint 2,5 m, s’avère indispensable pour faciliter leur reprise par la moissonneuse-batteuse. De même, il convient de faucher à une hauteur minimale de 50 cm à la surface des chaumes (selon la culture) afin de favoriser leur aération et donc leur séchage. Enfin, une densité élevée des andains limite le risque d’égrenage et de prise au vent, ainsi que la repousse en vert dans l’andain.
« Le colza nécessite une hauteur de coupe plus élevée sous les gousses. Le dépôt des andains sur les canes favorise un séchage plus rapide, souligne Marc Quéméré. Grâce à cette récolte en deux temps, nous limitons le taux d’impuretés lors de la moisson, car, à la suite du fauchage, nous laissons sécher les andains quelques jours dans la parcelle, ce qui permet de griller les adventices. Le grain gagne ainsi en propreté, réduisant ainsi fortement l’encrassement de la moissonneuse-batteuse. En plus de garantir un taux d’humidité homogène, qui favorise un rendement optimal, le séchage au champ abaisse les coûts de séchage. Dans le contexte actuel d’augmentation des prix du gaz, ce n’est pas négligeable. Pour les plantes à floraison indéterminée comme le sarrasin, nos clients témoignent des avantages de cette technique. »
Un poste de conduite réversible et une cabine avec suspension indépendante
L’automoteur, autoguidé par GPS, est équipé d’un quatre-cylindres Cummins de 4,5 L développant 150 ch. Il reçoit une transmission hydrostatique à trois vitesses et à embrayage électrique. Le dégagement sous châssis, supérieur à 1 m, permet le chevauchement de gros andains. La cabine dispose quant à elle du poste de conduite réversible Dual Direction autorisant un passage aisé des modes « champ » à « route ». De plus, sa suspension indépendante à quatre points dotée d’amortisseurs et de ressorts hélicoïdaux offre un confort de travail et une souplesse de conduite, même en conditions difficiles.
Les roues folles avec amortisseurs de direction facilitent les manœuvres en bout de champ. Une masse comprise entre la machine et le chariot de coupe stabilise l’ensemble lors du transport sur route, tout en servant d’attache pour le chariot de coupe. Il est possible d’adapter une faucheuse frontale pour effectuer la coupe de l’herbe et amortir davantage l’automoteur. Au champ, la vitesse de travail oscille entre 10 et 15 km/h, et la consommation avoisine les 10 L/ha. L’entrepreneur applique un tarif de 75 €/ha (sans l’indexation), cette activité générant ainsi 45 000 € de chiffre d’affaires.
Cette technique permet d'anticiper le fauchage et, par conséquent, d’avancer les dates de récolte. Cependant, elle requiert de bonnes conditions de séchage. Très fréquente en Amérique du Nord et encore peu utilisée en France, elle est susceptible de prendre de l’ampleur du fait des multiples avantages qu’elle procure et des retours positifs dont elle bénéficie.