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Travaux forestiers en sols fragiles  Laurent Pajot s'est équipé d'un quad et sa remorque pour des débardages légers

Le grappin peut aller chercher des troncs de 200 kg à une distance de 3 m.
Le grappin peut aller chercher des troncs de 200 kg à une distance de 3 m. (©D.L.)
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Installé en entreprise individuelle, Laurent Pajot réalise des travaux d’abattage et de bûcheronnage en forêt. Soucieux du respect des sols, il utilise du matériel léger sur ses différents chantiers en proposant, par exemple, du débardage avec un quad et une petite remorque équipée d’un grappin hydraulique.

« J’ai commencé mon activité en 2004, se souvient Laurent Pajot, entrepreneur de travaux forestiers à Gourville, dans la Charente. Au départ, je travaillais principalement sur des chantiers d’abattage et de bûcheronnage manuels en forêt, avec, parfois aussi, de la demande pour réaliser du bois de chauffage. Du côté des équipements, j’avais surtout besoin d’une tronçonneuse. C’est à partir de 2016 que j’ai investi dans un quad et une remorque forestière pour assurer également du débardage. J’ai volontairement opté pour du matériel simple et léger. À l’époque, je recevais des demandes pour sortir du bois dans des zones humides auxquelles les gros engins ne pouvaient pas accéder. Je n’avais de toute façon pas envie de me lancer dans une course aux équipements qui m’aurait sans doute obligé à acheter des outils toujours plus gros et toujours plus chers. Avoir du petit matériel, cela représente moins d’investissements, et je peux réaliser moi-même la plupart des entretiens. En général, les pannes et les frais de réparation sont également plus limités. »
Ouverture de cloisonnement, débardage de bois avec un quad et une remorque légère… Laurent Pajot a vu augmenter les demandes de prestations pour un meilleur respect des sols. (© D.L.)

Abattage sélectif

Aujourd’hui, l’entrepreneur ne remet pas en cause son orientation. Depuis son installation, il a vu les pratiques de bûcheronnage et d’abattage évoluer, avec une meilleure prise en compte de l’environnement. Cela se traduit dans les modes d’exploitation. De plus en plus de propriétaires recherchent des prestations sans dégâts dans la parcelle, avec des équipements légers. Les coupes rases sur de très grandes surfaces ne sont plus systématiques et, pour ménager les sols, la filière commence à privilégier la régénération naturelle. Le principe ? Plutôt que de couper tout le bois, le gestionnaire sélectionne uniquement les plus beaux spécimens pour les exploiter, ce qui laisse de la place ensuite aux autres sujets et maintient en permanence une population sur le terrain. Une pratique avantageuse puisqu’elle préserve la biodiversité et évite de découvrir le sol.

À l’arrière du quad, l’entrepreneur a placé une centrale hydraulique autonome qui alimente les vérins de la remorque. (© D.L.)
« Pour permettre l’accès du matériel dans la parcelle, je suis régulièrement sollicité pour réaliser des ouvertures de cloisonnement, explique Laurent Pajot. Il s’agit de coupes d’une largeur d’environ 3 m, en bandes parallèles espacées tous les 15 à 20 m. Cela permet de créer des chemins d’accès pour le chantier à venir. Ainsi, les abatteuses sur roues et les autres véhicules resteront cantonnés sur ces axes. En concentrant les passages sur une partie seulement de la parcelle, les sols sont totalement préservés sur le reste de la surface. »

Franchissement des cours d’eau

Laurent Pajot travaille aussi bien pour des coopératives forestières que pour des clients particuliers. Ces derniers le contactent souvent par l’intermédiaire du Cetef(1), une association régionale qui offre un appui technique aux propriétaires dans la gestion forestière. Le débardage par quad est également une solution appréciée, notamment dans les parcelles humides où les gros engins laisseraient beaucoup d’ornières. La remorque forestière, de marque CMS Constructeur, que l'entrepreneur utilise mesure 3 m de longueur pour une capacité de 1 500 kg (ou 2 stères). Le grappin intégré à l’avant peut soulever jusqu’à 200 kg de bois à 3 m de longueur. Il est équipé de deux béquilles latérales montées sur vérins. Le tout est alimenté par une petite centrale hydraulique avec moteur thermique, placée sur le quad. Laurent Pajot utilise aussi un treuil pour débarder les troncs dans les parcelles en pente. Pour le franchissement des cours d’eau, il pose des rondins recouverts de branches pour former un pont. Cela lui évite de perturber le ruisseau et d’abîmer les berges. Grâce à son matériel passe-partout, l’entrepreneur a pu travailler à l’automne 2023 dans des zones où les abatteuses traditionnelles ne passaient plus. Pour transporter son matériel, il utilise un fourgon suffisamment long pour y faire rentrer la remorque forestière. Le quad prend alors place sur une petite remorque derrière le fourgon.

Lors du transport, la remorque est rentrée dans le fourgon… (© D.L.)
… et le quad trouve sa place sur une remorque attelée derrière le véhicule. (© D.L.)
« Le changement climatique a des répercussions déjà bien visibles sur nos forêts, conclut Laurent Pajot. Certains arbres dépérissent à la suite des longues périodes de sécheresse et sont plus sensibles aux attaques d’insectes ravageurs. Le nombre de tempêtes et de forts coups de vent est également en augmentation ces dernières décennies. Il faut donc protéger en priorité les zones sensibles, les sols humides et les bordures de cours d’eau. Tout cela oblige la filière à s’adapter en favorisant une plus grande diversité d’essences, moins de coupes rases et davantage d’abattage sélectif. Les nouvelles générations sont plus sensibles à toutes ces questions. Toute la difficulté sera de trouver à l’avenir suffisamment de main-d’œuvre pour mettre en place cette transition. »

(1) Centre d'étude technique environnemental et forestier.

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