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Travaux forestiers en sols fragiles  Avis experts : des gestionnaires et propriétaires en demande de solutions

Les pratiques changent, et les engins de débardage légers trouvent de plus en plus leur place dans les milieux les plus sensibles.
Les pratiques changent, et les engins de débardage légers trouvent de plus en plus leur place dans les milieux les plus sensibles. (©Cetef)
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Mathieu Bergeron, technicien forestier au sein du Centre d’étude technique environnemental et forestier apportent leur expertise. Préservation des zones humides, adaptation au changement climatique, développement des couverts continus… En forêt aussi les pratiques évoluent, avec comme objectif de mieux respecter les sols et la biodiversité. Il existe une demande croissante pour des matériels plus légers de la part des propriétaires et des gestionnaires de forêt publics ou privés.

« Hormis les zones de captage et les bordures de cours d’eau, il existe assez peu de réglementations visant à protéger spécifiquement les sols lors de travaux forestiers, reconnaît Mathieu Bergeron, technicien forestier au sein du Centre d’étude technique environnemental et forestier (Cetef). Les mesures environnementales appliquées sur le terrain sont plus souvent des recommandations et, malgré leur caractère non obligatoire, elles ont tendance à progresser. En suivant nos conseils, les propriétaires prennent conscience qu’il faut comprendre et respecter les cycles de la forêt, agir pour la protéger afin de la rendre plus résiliente. Ils sont ainsi de plus en plus nombreux à nous solliciter pour un accompagnement vers une sylviculture mélangée à couvert continu. La différence avec une coupe rase ? Notre technicien parcourt la parcelle et désigne les arbres à abattre. Ils ne doivent pas représenter plus de 30 % du volume de bois sur pied. Autre avantage : les arbres qui restent en place maintiennent de l’ombre sur les sols, limitent le dessèchement et permettent aux sols de mieux absorber les pluies. Le propriétaire garde ainsi une forêt vivante, contrairement à ce qu'il se produit lors de coupes rases où le cycle forestier est brusquement interrompu. »

Biodiversité et gestion durable

Toutes ces techniques ne bouleversent pas la biodiversité et permettent une gestion véritablement durable. Les interventions sont plus ciblées, moins coûteuses, et les récoltes plus régulières. La diversité des essences, le sous-étage, les vieux arbres avec des microhabitats (trou de pic, cavité avec du terreau, branches mortes, lierre sur le tronc) et les gros arbres morts sont conservés. Dans ce contexte, les chantiers d’entretien et d’abattage évoluent avec un accroissement de la demande pour des équipements plus légers qui laissent moins de traces. Les coupes d’éclaircies nécessitent notamment l’ouverture de cloisonnements, qui seront les seules zones utilisées ensuite par les engins (lire article sur Laurent Pajot en pages 40).

Même son de cloche du côté de l’Office national des forêts (ONF) : l’organisme qui gère les forêts publiques a déjà intégré la nécessité de protéger les sols et les zones humides depuis plusieurs années.

« L’ouverture de cloisonnement fait partie de nos prescriptions courantes, souligne Jean-Baptiste Schneider, chef du service Forêt à l’agence ONF du Limousin. Nous essayons dans la mesure du possible de matérialiser ces zones de circulation via un repérage GPS afin de les conserver à long terme. Nous adaptons nos demandes en fonction de la dimension du matériel et des pratiques de débardage. Dans certains appels d’offres, le type d’équipement à mettre en œuvre est parfois imposé dans le cahier des charges. »

Selon la nature et la portance du terrain, les périodes d’entrée sur la parcelle peuvent aussi être restreintes. Terminé également les chantiers « trop propres » qui intégraient systématiquement l’éclatement et l’évacuation des souches, suivis d’un travail profond du sol. Désormais, les recommandations sont orientées vers des interventions plus raisonnées, avec un travail du sol plus superficiel et souvent localisé à de plus petites zones.

Les propriétaires sont régulièrement conviés à des réunions de sensibilisation et de formation à la gestion des sols forestiers. (© Cetef)

Pour convertir les propriétaires forestiers privés, il existe plusieurs sources d’information, et de nombreuses formations sont régulièrement organisées sur le terrain par différents organismes. Ainsi, les centres régionaux de la propriété forestière (CRPF) ou le Cetef proposent des visites diagnostiques individuelles de parcelles pour rappeler les bonnes pratiques et les obligations légales. Des sessions de formation dites « Fogefor » (formation à la gestion forestière) sur plusieurs jours sont également proposées pour mieux comprendre la sylviculture au sens large, dont la protection des sols, des berges de cours d’eau, des zones humides... Lors de ces journées, les propriétaires forestiers sont informés des bonnes pratiques à demander aux entrepreneurs de travaux forestiers ou exploitants qui interviennent chez eux. Pour les entreprises, participer à ce genre de formation peut être l’occasion de se faire connaître et de mettre en avant ses points forts sur le sujet.

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