Les thématiques abordées lors des différentes tables rondes du congrès annuel des Entrepreneurs des territoires (EDT), qui avait lieu en février dernier à Épinal (Vosges), ont tracé le sillon des opportunités qui s’ouvrent aux entreprises et des matériels, disponibles ou à mettre en œuvre, pour répondre aux enjeux qui se présentent. Parmi ces thèmes figurait la lutte contre les espèces invasives (ambroisie, datura…) qui tendent à proliférer. Leur reproduction d’une année sur l’autre constitue en effet une véritable problématique conduisant à travailler en lien avec les instituts de recherche. Les entrepreneurs des territoires sont de plus en plus sollicités par les exploitants agricoles et forestiers, ainsi que par les collectivités locales pour des travaux de désherbage et de débroussaillage en raison de leur parc matériel spécifique et de leurs compétences internes.
De leur côté, les constructeurs planchent sur la fabrication de matériels répondant de plus en plus à des critères de transition agroécologique. Parallèlement aux solutions mécaniques et électriques disponibles sur le marché, de nouveaux pulvérisateurs ciblés, détectant les adventices via des capteurs, viennent améliorer la précision du travail tout en limitant les quantités de produits phytosanitaires utilisés. Les entrepreneurs doivent toutefois jongler avec la réglementation relative à la protection de la biodiversité à laquelle sont soumis leurs donneurs d’ordre.

« L’article 411-1 du Code de l’environnement empêche notamment les travaux d’entretien forestier et aux abords des réseaux EDF et SNCF en période de nidification. De plus, les agriculteurs sous PAC, qui s'adressent souvent à nous pour le débroussaillage, sont soumis à l’interdiction de tailler des haies de la mi-mars à la fin du mois d’août. Or cela va à l’encontre de l’obligation légale de débroussaillement avant l’été et limite nos fenêtres d’intervention pour un travail efficace. Nous sommes bien évidemment sensibles au respect de l’environnement, mais il convient d’être plus cohérent avec la réalité des territoires et de nos activités », souligne Philippe Largeau, vice-président de la Fédération nationale Entrepreneurs des territoires (FNEDT).
La décarbonation des activités : un enjeu de taille
Les entrepreneurs veulent également contribuer aux objectifs de décarbonation du secteur agricole visant à réduire de 25 % les gaz à effet de serre générés par l’agroéquipement. Parce qu'ils consomment 30 % du GNR agricole, dont l’achat représente de 15 à 17 % des charges, ils demeurent très attentifs et vigilants par rapport à cet enjeu.

« Pour y parvenir, nous voulons disposer de moyens. L’utilisation des carburants verts nécessite ainsi des infrastructures pour alimenter nos matériels. De même, nous nous intéressons de près au développement d’engins hybrides, dotés d'un entraînement électrique des outils attelés, et électriques, limités pour le moment à 100 ch, ainsi qu’à la robotisation. Toutefois, nous sommes encore en attente de solutions plus adaptées à nos conditions de travail », met en avant Philippe Largeau.
Une pression sociétale
Autre sujet et non des moindres, le mal-être sociétal ambiant face à un contexte économique anxiogène. En contact régulier avec des exploitants dont les structures montrent une santé économique préoccupante, les responsables et salariés d’entreprises de travaux agricoles et forestiers sont très impactés. De plus, les nouvelles générations sont davantage à la recherche d'un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, faisant ainsi bouger le curseur dans le rapport au travail et l’organisation interne des structures.
« La pression sociétale va crescendo et, même si les entreprises font généralement preuve d’une capacité d’adaptation, elles trouvent toutefois leurs limites. Il convient ainsi d’accompagner le chef d’entreprise et ses salariés », formule Philippe Largeau.
L’Ocapiat(1) propose ainsi un diagnostic RH, réalisé par un consultant agréé. Ce dernier fait un état des lieux des pratiques de management et élabore un plan d’action pour résoudre les problématiques. Une meilleure communication fait souvent partie des leviers pour améliorer la situation.
(1) Opérateur de compétences pour la coopération agricole, l’agriculture, la pêche, l’industrie agroalimentaire et les territoires.