Après vingt-trois ans de bons et loyaux services en tant que président de la Fédération nationale Entrepreneurs des territoires (FNEDT), c’est non sans émotion que Gérard Napias a récemment quitté ses fonctions (voir notre encadré). Le 90e congrès national des Entrepreneurs des territoires, organisé à Épinal (Vosges) en février dernier, a permis à l’ensemble des professionnels de la filière de lui rendre un hommage à la hauteur du travail accompli. Il laisse la main à Philippe Largeau, élu à l’unanimité le 28 mars dernier. Entrepreneur de travaux agricoles dans la Vienne, Philippe Largeau n’arrive pas en terrain inconnu. Il a intégré le conseil d’administration en 2009 puis est devenu membre du bureau national de la FNEDT au sein des commissions « jeune entrepreneur », « communication » et « affaires sociales ». Depuis 2018, il était premier vice-président de la fédération.
« C’est une grande fierté pour moi de prendre la suite de Gérard Napias, qui a emmené la FNEDT là où elle est actuellement. Il s’agit aussi d’un défi à relever. Le rôle d’un élu est de s’engager dans un collectif pour défendre le métier. J’ai toujours eu à cœur de le faire et aujourd’hui plus que jamais », souligne le nouveau président.
Il souhaite apporter sa pierre à l’édifice, tout en poursuivant les actions engagées par son prédécesseur avec lequel il partage des valeurs communes. Il travaille main dans la main avec Christian de Barrin, récemment nommé directeur général à la suite du départ de Patrice Durand après dix-huit années passées à ce poste. Diplômé en administration des entreprises, en commerce extérieur et en médiation, Christian de Barrin apporte son expérience en matière de représentation et de défense des intérêts d’acteurs économiques et sa connaissance des institutions européennes, lesquelles constituent des atouts pour relever les défis qui se présentent aux professionnels de la filière.

Favoriser une meilleure reconnaissance des métiers
L’Hexagone compte à ce jour 22 000 entreprises de travaux agricoles, ruraux et forestiers (TPE et PME) qui emploient 147 000 salariés, contre 20 000 entreprises et 95 000 salariés il y a dix ans. La sollicitation des entreprises prestataires ne cesse de croître (60 % pour les travaux agricoles et de 70 à 80 % pour les travaux forestiers). Dans le cadre de son mandat de trois ans, Philippe Largeau a établi une feuille de route avec l’appui des forces vives du bureau national. Près de la moitié des membres, représentant les différentes filières, l’intègrent pour la première fois.

« Nous avons un rôle prépondérant au sein des territoires, car nous contribuons à la compétitivité de l’agriculture et de la forêt. Nous sommes toutefois en quête d’une plus grande reconnaissance de nos métiers. Nous attendons également plus de bon sens et une meilleure équité entre les acteurs dans le cadre des réglementations en vigueur », a déclaré le nouveau président.
Il continue ainsi les actions menées en faveur de l’allègement des charges TO/DE (travailleurs occasionnels-demandeurs d’emploi) et de l’assouplissement des réglementations relatives au taillage des haies et aux travaux forestiers (article L411.1 du Code de l’environnement et BCAE 8 de la PAC) qui réduisent significativement les fenêtres d’intervention des entreprises.
« Nous ne sommes pas contre les réglementations en faveur du respect de l’environnement, mais elles ne doivent pas nous empêcher de faire notre travail. Nous voulons agir pour qu’elles soient plus cohérentes avec la réalité du terrain », appuie Philippe Largeau. « Nous souhaitons également redynamiser le territoire pour redonner de la valeur à l’esprit collectif, car nous avons besoin des dynamiques locales pour favoriser la cohésion. De plus, notre profession veut retrouver sa légitimité, ce qui implique de déployer notre communication », poursuit-il. La transmission des entreprises fait aussi partie des axes identifiés.
La décarbonation des activités : un défi de taille
La FNEDT souhaite renforcer ses actions sur la promotion des métiers et faire évoluer les formations spécifiques pour les adapter aux attentes des professionnels. En parallèle, la profession reste attentive à ses salariés via les thématiques de l’hygiène et de la sécurité au travail, des relations sociales et de la gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences. Face au contexte de transition écologique et énergétique, les entrepreneurs souhaitent se positionner en décarbonant leurs activités et observent de près l’apport des nouvelles technologies.
« La robotisation va aller très vite et c’est une solution alternative, mais les charges occasionnées nécessitent un retour sur investissement le plus rapide possible. Le développement de matériels utilisant des énergies autres que fossiles concerne pour l’instant des machines de faible puissance dans le secteur viticole. Cela peut évoluer très vite en grandes cultures, mais nous nous interrogeons sur le coût et la rentabilité de ces nouveaux matériels », termine Philippe Largeau.