En 2021, les taux de prêts bancaires avaient atteint un niveau très bas, inférieur à 1 %, conséquence de la pandémie de Covid-19 et de la guerre en Ukraine. Ils ont ensuite connu une hausse significative jusqu’en 2024. À titre d’exemple, le taux Agilor qui s’applique aux prêts accordés par le Crédit Agricole pour le financement des matériels agricoles s’élevait à 3,50 % (sur 7 ans) en janvier 2023. En janvier 2024, il a connu un pic à 4,85 %.
« Toutes les banques ont été concernées par cette forte augmentation des taux d’emprunt étroitement liée au contexte géopolitique et à l’inflation », explique Laurence Couppey, animatrice du marché de l’agriculture au sein du Crédit Agricole d’Ille-et-Vilaine.
Lors de l’achat d’un tracteur de 160 ch, par exemple, dont le prix a augmenté de 150 000 à 195 000 € entre 2019 et 2023, l’évolution du taux de 1 à 4,70 % a impacté le coût d’amortissement annuel de 10 548 €.
« La conjugaison de la hausse des prix d’achat des matériels et de l’augmentation des taux d’emprunt a ainsi généré des coûts annuels plus élevés obérant significativement la rentabilité des entreprises. À défaut de pouvoir répercuter complètement cette hausse, les entrepreneurs de travaux agricoles ont parfois dû reporter leurs investissements ou allonger les durées d’amortissement », constate Laurence Couppey. « Après deux années exceptionnelles en 2022 et 2023, l’activité reste soutenue mais baisse toutefois en nombre de prêts et en montants accordés », ajoute-t-elle.
Un taux en deçà de 4 % en 2025
« Les courbes de vente de matériels sont étroitement liées à l’évolution des taux. On observe un certain attentisme des entrepreneurs, notamment concernant le renouvellement des tracteurs de forte puissance et des automoteurs de récolte », remarque Jean-Marc Leroux, délégué régional Entrepreneurs des territoires (EDT) Bretagne.
Face à l’augmentation significative des taux d’emprunt, des constructeurs ont proposé ponctuellement et sur de courtes durées des solutions de financement à taux réduits en partenariat avec des banques (Crédit Agricole, BNP, Rabobank…). Ils prennent en charge une partie des intérêts afin de réduire leurs stocks. Le 6 mars 2025, la Banque centrale européenne (BCE) a baissé une nouvelle fois son taux directeur de 2,75 à 2,50 % pour relancer l’économie. Le taux Agilor est ainsi redescendu à 3,80 %.
« La BCE a baissé son taux en raison d’une moindre inflation. Cependant, des incertitudes résident compte tenu des tensions économiques à l’international. Les droits de douane imposés par le nouveau président des États-Unis et d’autres facteurs laissent craindre un retour de l’inflation. Les taux longs (OAT 10 ans) repartent à la hausse, stoppant ainsi la tendance à la baisse amorcée, et présagent que l’année 2025 restera sous l’égide de l’incertitude et de la volatilité », souligne Laurence Couppey. Affaire à suivre…