Bien loin des Alpes, des Vosges ou du Jura, les grandes plaines céréalières du département de l’Aube sont de moins en moins souvent recouvertes de neige. Cela n’a pas empêché Julien Desimpel, entrepreneur de travaux agricoles à Champ-sur-Barse, d’investir dans deux dameuses à chenilles de la marque PistenBully.

« Elles me servent à façonner et à tasser les silos d’ensilage chez mes clients, explique-t-il. J’ai acheté la première en 2017, puis la seconde quatre ans plus tard. Ce sont des modèles 600 Polar d’occasion. Équipées d’un moteur Mercedes-Benz à six cylindres, elles développent plus de 400 ch. Cela pousse bien mieux qu’un tracteur avec une lame, pour un résultat toujours parfait. »
Lame de 4,5 m à l’avant
Le jour de notre reportage, les deux dameuses évoluaient ensemble sur un silo de 30 m de largeur dépendant d’une méthanisation. L’ensileuse récoltait du maïs implanté en interculture, ainsi que des champs de silphie, une plante fourragère qui intéresse les producteurs de biogaz. En effet, les parcelles sont souvent implantées pour 10 ou 15 ans, car cette culture pérenne repousse après chaque coupe. L’ETA fournissait aussi trois remorques à triple essieu pour réaliser les allers-retours jusqu’au champ.
En arrivant sur le site, les chauffeurs passent d’abord sur le pont-bascule avant d’aller décharger leur benne.
« Chaque dameuse possède une lame de 4,5 m à l’avant, précise Julien Desimpel. Il faut donc de la place pour que les deux machines ne se gênent pas – ce qui est souvent le cas dans les gros élevages ou chez les méthaniseurs. Quand le silo est plus petit, je ne prévois qu’une seule dameuse avec un tracteur supplémentaire pour tasser en parallèle. »
Les chauffeurs sont unanimes : la machine est très agréable à conduire. Sa large cabine dispose de deux vraies places avec une vue directe sur la lame avant. En plus du volant, le conducteur utilise un levier multifonction intégré à l’accoudoir droit de son siège. Ce joystick sert à faire pivoter la lame frontale dans toutes les directions avec beaucoup de précision. Le chauffeur réalise ainsi des couches fines et régulières montant jusqu’à 6 ou 7 m de hauteur. Grâce à ses chenilles de 70 cm de large, l’ensemble est très stable, ce qui est sécurisant dans les pentes. Ces machines ne peuvent évidemment pas se déplacer sur la route. Le convoyage jusqu’au chantier s’effectue donc soit sur un camion porte-char qui peut les embarquer toutes les deux d’un coup, soit sur un plateau à une seule place tiré par un tracteur. Ce même tracteur est alors employé au silo avec une lame frontale pour seconder la dameuse. L’ETA a modifié les deux volets latéraux pour les rabattre complètement en position de transport et limiter ainsi la largeur totale sur la route.
Radiateur additionnel
En sortie d’hiver, la plus ancienne des deux dameuses est également employée pour réaliser les apports d’engrais précoces sans abîmer le sol. L’ETA installe alors pour l’occasion un autre train de chenilles, mesurant chacune 1,2 m de largeur. Sur celles-ci, la bande de roulement est lisse pour éviter d’arracher les plantes dans les virages ou les demi-tours. Ces dameuses sont initialement conçues pour travailler durant l’hiver, en haute altitude, avec un thermomètre qui passe rarement au-dessus de zéro.
Lors des chantiers d’ensilage, les conditions sont bien différentes puisque les températures sont positives et que le soleil peut se montrer parfois très généreux. Il faut donc veiller au bon fonctionnement de la climatisation, car la cabine dispose d’une grande surface vitrée. Même chose pour le circuit de refroidissement du moteur. Et ce, d’autant plus que ces machines sont équipées à la base d’un radiateur de petite dimension directement placé sous la cabine. Sur la dameuse la plus récente, l’entreprise a donc installé un radiateur additionnel au niveau de la plateforme arrière. Ce kit se révèle très efficace, mais il n’est pas possible de prévoir la même chose sur l’autre dameuse. En effet, cela ne serait pas compatible avec l’utilisation de l’épandeur d’engrais. Pour éviter tout risque de surchauffe du moteur, le conducteur dispose donc d’un compresseur de chantier avec lequel il peut souffler efficacement le radiateur quand il est encrassé.
De 600 à 700 h/an
Chacune de ces machines fonctionne de 600 à 700 heures environ par an. Avec le développement de nouvelles cultures, comme le seigle ou la silphie, destinés aux méthaniseurs, la durée des périodes d’ensilage s’allonge. Au cours de l’automne et pendant la première moitié de l’hiver, l’ETA intervient aussi chez des clients qui achètent des camions de pulpes de betteraves provenant d’une sucrerie du secteur.
Ces pulpes sont stockées en silo, et les dameuses sont alors mises à rude épreuve : la livraison s’effectuant par camions semi-remorques, les quantités à mettre en tas peuvent atteindre les 1 500 t par jour. Techniquement, la conception de ces machines reste assez simple, et l’ETA, qui dispose d’un bon atelier de mécanique, a réalisé la majorité des adaptations : masses arrière et radiateur additionnels, support trois points pour l’épandeur d’engrais, réalisation des trains de chenilles… Toute la maintenance est également effectuée en interne.
« Les cadences des chantiers sont parfois élevées, mais il faut malgré tout respecter les intervalles entre deux vidanges, souligne Julien Desimpel. Nous inspectons régulièrement l’état des trains de roulement, et je demande aussi aux chauffeurs de ne pas trop faire ripper les chenilles sur le bitume. Ce sont des machines performantes, vraiment adaptées à l’ensilage, mais le respect des consignes d’entretien est primordial pour les conserver en bon état de marche sur le long terme. »

