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Agrio Les pulvérisateurs à la carte

La troisième génération du Dino associe l’expérience acquise au cours des trente dernières années et les technologies les plus modernes.

En République tchèque, le marché des pulvérisateurs traînés est dominé par un constructeur local : Agrio. Née en 1993 dans un petit atelier, la société, alors spécialisée dans le reconditionnement de modèles d’occasion, s’est petit à petit imposée comme l’experte des solutions de pulvérisation les plus modernes. Nous avons poussé les portes de son usine afin d’en découvrir le savoir-faire et les techniques de fabrication.

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Le nom d’Agrio ne vous évoque pas grand-chose ? À moins que vous ne soyez adepte de Farming Simulator 25 où vous avez vu passer ses pulvérisateurs blanc et bleu ciel, ce n’est pas vraiment étonnant. En effet, la marque tchèque opère principalement dans son pays d’origine, au point d’y être en première position dans la catégorie des pulvérisateurs traînés. Ivan Olšan, son fondateur et président, insiste sur la nécessité de construire un réseau avec des distributeurs qualifiés pour assurer la satisfaction du client. Malgré tout, Agrio exporte ses machines vers 14 pays, principalement en Europe de l’Est et en Allemagne, et souhaite s’implanter en Suède et au Danemark. Son succès repose sur la qualité de ses productions, ainsi que sur une approche agronomique particulièrement travaillée. Ivan Olšan, avant de fonder Agrio en 1993, était agronome et a toujours gardé en tête l’objectif de « voir les agriculteurs gagner de l’argent avec [ses] appareils ». Son activité se concentre au départ sur le reconditionnement de pulvérisateurs d’occasion. Très vite, l'entreprise s’oriente vers la fabrication de ses propres modèles, puisqu’en 1994 sort le premier Napa. Il s’agit d’un pulvérisateur traîné doté d’une cuve de 3 300 ou 3 900 L, et d’une rampe en acier de 15 à 30 m. « Nous ne fabriquons pas de modèles portés, précise le président d’Agrio. Ce marché compte déjà beaucoup de marques et nous n’avons pas les capacités de production pour rivaliser avec des tarifs concurrentiels. »

Le Gigant culmine dans la gamme des pulvérisateurs traînés. Il reçoit une cuve de 14 000 L. (© F.P.)

De l’atelier à l’usine

La société continue de se développer, mais, en 2000, ses locaux deviennent trop petits. Alors, l’année suivante, elle déménage dans d’anciens silos à grains, à Křemže, au sud-ouest de la République tchèque, sur une surface de 1,9 ha. Depuis, la gamme n’a cessé de s’agrandir. Elle compte aujourd’hui cinq modèles traînés, en plus du Tiger, produit spécifique pour le montage sur un véhicule porteur, par exemple un Mercedes-Benz Unimog ou un JCB Fastrac. En parallèle, Agrio travaille sur la conception de pulvérisateurs automoteurs. Le Gekon propose une capacité de 3 000 à 5 000 L avec une rampe de 18 à 36 m. Il présente une garde au sol de 130 cm et accède en option à une hauteur réglable jusqu’à 180 cm. Pour sa part, le Dino, dont la troisième génération était lancée lors du salon Agritechnica 2023, offre une garde au sol de 130 cm et embarque une cuve de 6 600 L. L’envergure de sa rampe est elle aussi personnalisable entre 18 et 36 m. Un bloc FPT de 260 ch le motorise, et sa cabine provient de Claas Industrietechnik. L’un des tout premiers Dino, portant le numéro de série 2, a subi une restauration complète après 17 ans de travail et tourne toujours aujourd’hui. Ceci démontre la préoccupation d’Agrio en matière de longévité et de réparabilité de ses machines. La marque mise sur des solutions techniques simples et robustes. Parmi elles, la sélection et la coupure pneumatiques des tronçons. Contrairement à la modulation par largeur d'impulsions (PWM)dont l’ouverture des buses s’opère électroniquement, la commande pneumatique ne souffre pas de risque d’oxydation. Toutes les électrovannes se regroupent sur le pulvérisateur, la rampe n’accueillant ainsi que les porte-buses.

« Le spot spraying n’est pas pertinent »

« Je pense que le spot spraying [le fait de pulvériser localement en buse à buse, ndlr] n’est pas pertinent, tranche Ivan Olšan. Nous préférons traiter sur de petites zones, grâce à une carte de préconisation et à la coupure de tronçon. Nous avons trop de mauvaises herbes en Europe pour justifier l’utilisation de la PWM, dont le coût est bien supérieur. Nous travaillons à réduire le temps de réaction de la coupure pneumatique. Nous estimons que la vitesse de travail optimale se situe entre 8 et 12 km/h. Nous utilisons des buses de la marque allemande Agrotop. Elles comportent deux jets dans deux directions afin d’obtenir une meilleure couverture. Au total, les rampes comptent huit buses par mètre, et les sections atteignent jusqu’à 50 cm. Le Selejet permet la modulation de dose grâce à des porte-jets de quatre buses à sélection pneumatique. Nous sommes également capables d’ajuster le débit pour chaque tronçon dans les virages afin d’éviter les sous- et surdosages. Les trois quarts, environ, des pulvérisateurs que nous vendons bénéficient d’un système de gestion de la hauteur de rampe automatique. Nous utilisons la solution Distance-Control Top de Müller-Electronik. Nous sommes passés de quatre à six sondes à ultrasons. Ainsi, nous pouvons jouer sur la géométrie de la rampe et relever indépendamment les sections des extrémités. »

La maîtrise de la fabrication

Vous l’avez compris, Ivan Olšan est passionné et passionnant. Il aime expliquer les solutions techniques retenues et n’est pas avare de conseils. D’ailleurs, afin d’en faire profiter le plus grand nombre, il a lancé la chaîne YouTube « School of Sprayers ». Dans chacune des quelque 40 vidéos sous-titrées en anglais, il se focalise sur un point technique relatif à la pulvérisation. Il tient particulièrement à garder la philosophie d’une petite entreprise familiale, toujours prête à répondre à un coup de fil pour dépanner un client. Du côté de l’usine, plus de 80 salariés s’affairent à la fabrication des pulvérisateurs.

La fabrication commence avec le débit des pièces, découpées dans des profilés et des tubes métalliques. (© F.P.)

Hormis le moulage des cuves en fibre ou en plastique, sous-traité, toutes les opérations – découpe, soudure, sablage, peinture et assemblage – sont réalisées en interne. De récents investissements ont abouti à l’installation d’une chaîne de sablage automatisée afin de répondre à la pénurie de main-d’œuvre pour cette tâche particulièrement ingrate. Il a fallu adapter la fabrication des châssis, puisque la cabine de sablage présente un passage limité à 2 m de haut sur 80 cm de large. Après l’application manuelle de la peinture, les pièces sèchent dans un hall entre la cabine de peinture et les postes d’assemblage. Les rampes, stockées sur des racks verticaux, sont prééquipées. Le montage final a lieu sur des îlots. Les pulvérisateurs sortent de l’atelier entièrement terminés et paramétrés. Le contrôle final a lieu dans un autre bâtiment, dans le centre-ville.

Des supports spécifiques facilitent la manipulation des pièces lors de la soudure, comme ici pour ce tronçon de rampe. (© F.P.)
Après leur passage dans la cabine de peinture, les pièces sèchent dans ce hall, à proximité des postes d’assemblage. (© F.P.)
Les tronçons de rampes, triés par modèles, sont déjà prééquipés et attendent leur utilisation sur un pulvérisateur en cours d’assemblage. (© F.P.)
Le montage final a lieu dans ce bâtiment, dont la longueur permet d’assembler la rampe en position de travail. (© F.P.)
Un palan facilite le chargement des pulvérisateurs sur les camions pour leur expédition. (© F.P.)
La toute nouvelle chaîne de sablage automatisée épargne les salariés de cette tâche particulièrement ingrate (© F.P.)

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