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Chantier XXLAgro KMR : 12 000 ha à moissonner en Ukraine

Agro KMR : 12 000 ha à moissonner en Ukraine

Située en Ukraine, à Troits’ke, dans l’oblast* de Dnipropetrovsk, Agro KMR est une exploitation agricole qui a vu le jour en 2006 à la suite de l’association de quatre exploitants haut-marnais. C’est à l’occasion de la moisson qu’ils m’ont invité à suivre, de jour comme de nuit pendant une semaine, l’assaut des quatre Axial-Flow du constructeur Case IH. * Oblast : unité administrative en Ukraine (région)

Agro KMR est née en 2006 sur un ancien kolkhoze en faillite de 2 600 ha en friche. Quatre agriculteurs de Haute-Marne, Jean-Paul Kihm, Jean-Loup Michel et les frères Alain et Florent Renard, se sont associés pour monter cette exploitation en Ukraine, en plus de leurs fermes françaises. Ils se relaient toutes les deux semaines à Troits’ke pour épauler Clément Coussens à la gestion de l’entreprise. Clément, d’origine normande, réside et travaille en Ukraine à plein temps depuis quelques années. Il gère une cinquantaine de salariés, dont 19 sont chauffeurs, ainsi que toutes les infrastructures de stockage et de logistique. Aujourd’hui, Agro KMR ne compte pas moins de 12 000 ha, se divisant pour l’année 2019 en blé, colza et tournesol. L’exploitation loue les terres à près de 2 500 agriculteurs. Ce sont des fermages avec des baux signés pour une durée de 15 ans, voire plus, afin d'assurer l’avenir de l’exploitation. Pour contrôler l’immense ferme, les associés utilisent l’application de télématique Cropio. Celle-ci permet aux agriculteurs non seulement de connaître en temps réel la localisation de chaque véhicule (tracteurs, pulvérisateurs, semoirs…), mais également de disposer d'informations sur l’assolement de chaque parcelle, et ce, sur plusieurs années.

L’ancienne ferme du kolkhoze de Troits’ke a entièrement été rénovée par les associés français et ne cesse d’évoluer depuis 2006.
Un Case IH Quadtrac 600 tracte un transbordeur Kinze 1500 d’une capacité de 55 m³. L’ensemble se compose de trois trains de chenilles

Départ pour une moisson XXL

Mi-juillet, je m’apprête à décoller, direction l’Ukraine, pour découvrir une moisson hors normes. Clément Coussens m’accueille à mon arrivée et me fait visiter les bâtiments du site de Troits’ke. Le temps pour moi de faire quelques courses nécessaires à mon séjour, d'une durée d'une semaine, et nous voilà déjà repartis sur le second site, situé à Bohdanivka, à une quarantaine de kilomètres du principal. Après avoir parcouru une partie de la plaine, j’aperçois le chantier. Je reste impressionné par les moyens mis en place pour cette moisson qui dure environ un mois uniquement pour le blé et le colza, soit 9 000 ha. Il en reste 3 000 à battre en tournesol. Sur place, dans une parcelle de 60 ha, deux Case IH Axial-Flow 9240 travaillent. Elles sont accompagnées d’un transbordeur Kinze tout droit venu d’Australie. « Le petit transbordeur en Ukraine, c’est le grand en France », s’amuse Clément Coussens. En face, dans une autre parcelle, des ensembles similaires sont à l'œuvre. Pour assurer la moisson, quatre Axial-Flow 9240, chacune différenciée par leur numéro de 1 à 4, tournent pratiquement 24 heures sur 24. Deux équipes se relaient en permanence, effectuant les changements à 7 heures et à 19 heures, 7 jours sur 7. La plupart du temps, l’entretien des machines a lieu vers 4 heures du matin, quand l’humidité dans les champs n’offre plus la possibilité de battre. Les ouvriers en profitent pour faire le plein, nettoyer les filtres à air, souffler et dépoussiérer les batteuses. Des étoiles plein les yeux, il est temps pour moi de rentrer pour une bonne nuit de sommeil.

Les moissons durent un mois. Les machines tournent 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Deux équipes se relaient, l'une à 7 heures et l'autre à 19 heures.
La terre noire typique de l’Ukraine s’appelle le « tchernoziom ». Elle possède environ 6 % de matières organiques.

Deux par deux

Le lendemain, je me rends sur le chantier. Les Axial-Flow 9240 travaillent en binôme, accompagnées de leur transbordeur. Les quatre machines reçoivent chacune une coupe à tapis MacDon d’une largeur de 13,7 m. Sur un seul passage moissonné, elles embarquent une bande de 55 m de large de culture. C’est comme un rêve de gosse qui se réalise ! Je ne sais plus où donner de la tête ! Le va-et-vient des transbordeurs n’arrête pas, tandis que les Axial grignotent petit à petit les énormes parcelles. « Sur les plus belles journées, nous moissonnons jusqu’à 400 ha. Nous avons environ 9 000 ha à battre l’été, ce qui représente à peu près un mois de travail selon la météo », précise Clément Coussens. Je monte en cabine, la coupe n’en finit plus. La MacDon de près de 14 m est vraiment impressionnante. Les moissonneuses-batteuses sont équipées du guidage par GPS. Les chauffeurs prêtent ainsi plus attention à ce qui entre dans la machine et à la qualité de la récolte. La trémie est bientôt pleine ! Un Case IH Quadtrac 600 arrive à notre hauteur. Il tracte un transbordeur Kinze 1500, d’une capacité de 55 m3, équipé d’un train de chenilles. L’ensemble est juste énorme. Les deux Axial-Flow 9240 déversent leur cargaison dans l’immense caisse. L’autre transbordeur, un Kinze 850 d’une capacité de 30 m3, est attelé à un Case IH Magnum 340 jumelé intégralement pour limiter la compaction des sols. Les deux attelages alimentent les camions placés en bout de champ. Les chemins en bordure de parcelles sont remis en état régulièrement pour permettre aux poids lourds de se rendre partout. Une fois qu’une semi-remorque est pleine, ces derniers prennent la direction d’un des deux sites de stockage. Le camion que je suis roule en direction de Bohdanivka, le second site.

Clément Coussens travaille comme gestionnaire chez Agro KMR depuis 2016. Il est épaulé par les quatre associés qui se relaient toutes les deux semaines.
Un écran géant, toujours allumé, permet à Clément de garder constamment un œil sur l’avancée des moissons depuis son bureau.

 

50 000 t de stockage

Les bâtiments de stockage, rénovés par Agro KMR, se remplissent par le haut. Des tôles placées à la cime de la toiture s’enlèvent pour laisser un accès à une vis de remplissage. Arrivés aux silos de stockage à plat, les camions passent tout d’abord sur le pont-bascule. Pour chaque véhicule, Agro KMR effectue un échantillon afin d'évaluer la qualité de la récolte. Un employé met le Case IH Magnum en route pour actionner la longue vis permettant la vidange de la semi-remorque. À l’intérieur du bâtiment, un télescopique JCB repousse le tas. Pendant que le site de Bohdanivka reçoit la récolte 2019, le déstockage de l’année précédente a déjà commencé à Troits’ke. « Parfois, pendant que certains camions se font charger, d’autres vident la récolte en cours dans le même hangar », explique Clément Coussens. L’exploitation possède, sur ses différents sites, des bâtiments de stockage représentant une capacité totale de quelque 50 000 t. En face prend place le parc matériel, composé principalement d’outils Horsch. « Nous aimerions être dans un système 100 % CTF [Controlled Traffic Farming] avec des multiples de 18. Nous possédons un Horsch Avatar, un Evo et un Maestro de 18 m de largeur de travail. Nos deux pulvérisateurs se dotent d'une rampe de 36 m. Pour le moment, ce qui bloque notre démarche, c’est la largeur des coupes à tapis des moissonneuses-batteuses limitée à 13,7 m. Dans nos futurs projets, nous aimerions trouver une solution pour les agrandir. Mais avec de tels outils, nous cherchons également une solution en adéquation pour transférer le grain de la machine dans le transbordeur sans perturber nos chantiers, qui, avouons-le, m’impressionnent », conclut Clément Coussens.

Les 12 000 ha de récolte de l’exploitation sont stockés à plat dans des bâtiments conçus à cet effet, ce qui représente environ 50 000 t.
Après la récolte, les agriculteurs détruisent les résidus de paille à l’aide d’un outil Horsch Cultro équipé de rouleaux Faca.

 

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