Le Weiler S250 ne fait pas dans la demi-mesure : 200 ch, 20 t, 3,20 m de large. Cet imposant skidder est pourtant le plus petit modèle de la gamme du constructeur américain. Si son nom ne vous évoque rien, l’engin ne vous est peut-être pas totalement inconnu. En effet, Caterpillar a cédé en 2018 son activité de construction d’équipements forestiers à l’Américain Weiler. Ce dernier a repris l’usine de LaGrange, dans l’État de Géorgie (États-Unis). Il propose désormais une gamme complète dédiée à l’exploitation forestière, composée de grues de manutention sur châssis remorqué ou à poste fixe, d’automoteurs de broyage, d’abatteuses, de feller bunchers (outils de coupe des arbres constitués d’un disque rotatif surmonté d’une pince de préhension) à roues et à chenilles, et de débusqueurs, les fameux skidders. Ces produits sont distribués en France par Techni Forêt. Cet importateur, installé à Tulle, dans la Corrèze, organise en cette fin d’année une tournée de démonstration du Weiler S250. Nous avons eu l’occasion de nous rendre à l’un des événements, à Villemontais, dans la Loire, début octobre.

Une configuration d’usine
Le skidder présenté par Techni Forêt est le premier modèle importé en France. Il est configuré exactement comme le propose le constructeur américain pour son marché local. Malgré son homologation CE, permettant de le commercialiser sur le Vieux Continent, certains détails le rendent inapte à répondre aux contraintes des bûcherons français. En premier lieu, sa largeur. Mesurée à près de 3,40 m hors tout, celle-ci impose de transporter le Weiler en convoi exceptionnel de catégorie 2, lors des transferts entre deux chantiers. Le distributeur français réfléchit au montage de pneumatiques plus étroits (30.5L-32 actuellement) et de jantes affichant moins de déport, afin de passer sous la barre des 3 m de largeur. Ainsi, les transports pourraient s’effectuer en convoi exceptionnel de première catégorie, laquelle n'impose pas de voiture pilote. Le passage dans certains chemins étroits serait également facilité. L’équipe de Techni Forêt demeure néanmoins vigilante et veille à conserver suffisamment de place entre les roues et le châssis afin de simplifier le chaînage des pneumatiques.

L’origine des composants inchangée
Le Weiler S250 dissimule sous ses robustes capots des éléments dont la réputation n’est plus à bâtir. En effet, il embarque un moteur Caterpillar C7.1, un six-cylindres de 7 L développant 200 ch à l’aide de deux turbocompresseurs. Le bloc, en porte-à-faux avant, se conforme à la norme antipollution Stage V, avec un dispositif SCR puisant l’AdBlue dans un réservoir de 19 L placé juste derrière la calandre. Les 315 L de GNR se stockent pour leur part dans la section arrière du châssis articulé. La transmission, elle aussi d’origine Caterpillar, compte cinq rapports powershift à passage sous charge et un doubleur automatique, portant le nombre total de rapports à dix. La boîte de vitesses partage la même huile que le système hydraulique, stockée dans un réservoir sous la cabine. Cette dernière bascule si besoin sur le côté droit pour accéder aux différents organes présents sous son plancher. Un vérin hydraulique optionnel, alimenté par une pompe manuelle, facilite cette opération. Tous les autres accès pour l’entretien se dissimulent derrière des trappes disposées de part et d’autre du capot métallique couvrant le compartiment moteur.

La robustesse encore accrue
Weiler s’inscrit dans la continuité des productions Caterpillar mais ajoute des modifications significatives afin d’accroître la robustesse de ses skidders face aux conditions extrêmes rencontrées en forêt. Ainsi, le système de refroidissement a été renforcé. Placés entre la cabine et le moteur, les radiateurs adoptent une position longitudinale. Le flux d’air entre par le flanc droit du capot et est refoulé par le ventilateur, placé à gauche. La double arche supportant l’imposant grappin voit également ses fixations sur le châssis redimensionnées pour absorber des efforts plus importants. Elle s’articule grâce à quatre vérins. Le grappin affiche une ouverture totale de 3,46 m et jusqu’à 1,46 m2 d’espace entre ses pinces refermées. Le S250 dispose en plus d’un treuil de 25 t de capacité enroulant du câble de 16 à 22 mm de diamètre. Techni Forêt profite de cette tournée de démonstration pour connaître les besoins des exploitants et travaille à l’implantation d’autres équipements tels qu'un double treuil, ou une grue, avec les principaux fournisseurs présents sur le marché. La lame frontale occupe toute la largeur de l’engin. Elle se soulève suffisamment pour offrir 1,80 m de dégagement en dessous d’elle.

Confort et ergonomie
Le S250 profite d’une cabine plutôt spacieuse pour sa catégorie, un opérateur et un démonstrateur tenant sans problème à l’intérieur. Son tableau de bord se résume à un écran jouxté de boutons permettant d’ajuster les différents paramètres de la machine. Celui-ci affiche aussi le compte-tour, les différentes jauges et le rapport de transmission engagé. La console latérale reçoit deux commandes mécaniques actionnant le treuil et la lame frontale. Toutes les autres fonctions se pilotent depuis les deux joysticks, installés sur chacun des accoudoirs du siège pivotant. Celui de gauche dirige le véhicule et comporte à son sommet un basculeur (F-N-R), pour l’inversion du sens de marche, et deux boutons pour le passage des rapports sous charge. Le joystick de droite commande l’élévation et l’inclinaison de la double arche. Il compte quatre boutons pour la rotation et l’ouverture/fermeture du grappin. Deux paires de pédales, correspondant aux freins et à l’accélérateur, autorisent la conduite de l’engin, quelle que soit la position du siège : face à l’avant ou dans une position trois quarts arrière. Le retournement du poste de pilotage permute la commande d’inverseur, et le bip de recul retentit alors lorsque le skidder avance.
