La lentille verte du Puy est une appellation d’origine protégée (AOP). Elle tire son nom de son bassin de production, à proximité du Puy-en-Velay, la préfecture de la Haute-Loire. Cette céréale est cultivée par 653 agriculteurs*. Au total, ceux-ci emblavent 3 000 ha répartis sur 87 communes. Dans la plupart des cas, la lentille n’est pas leur principale production. Cette zone du sud de l’Auvergne s’avère plutôt propice à la polyculture-élevage. Cette légumineuse s’intègre à merveille dans la rotation des cultures. Par exemple, elle constitue un excellent précédent cultural puisqu’elle stocke de l’azote dans le sol, favorisant la croissante de la culture suivante.

Cependant, produire de la lentille n’est pas une sinécure. Tout d’abord, les rendements ne sont pas très élevés, en particulier depuis ces dernières années. Les agriculteurs hésitent même à souscrire une assurance récolte, les garanties étant calculées à partir de la moyenne de production des trois dernières campagnes. De plus, la lentille a la particularité de former des gousses, qui ne mûrissent pas toutes à la même vitesse. Il est donc primordial de choisir le moment de la récolte permettant d’optimiser la maturation des gousses.

Récolte en altitude
L’une des solutions serait de faucher les lentilles quelques jours avant la moisson, afin d’homogénéiser la maturation. Cependant, le relief et les parcelles de petite taille, à 1 000 m d’altitude, n’incitent pas les entrepreneurs de travaux agricoles à investir dans les équipements nécessaires. Enfin, la plante croît au ras du sol. La récolter nécessite donc de baisser la coupe de la moissonneuse-batteuse au plus bas, exposant ainsi ses sections au risque de rencontrer des pierres. Les cailloux peuvent aussi monter dans le batteur et l’endommager. Une coupe flexible pourrait corriger ce problème, mais, là encore, les faibles surfaces de production n’incitent pas les ETA à s’équiper.

Au sein du Gaec de l’Artisou, en agriculture biologique à Rosières (Haute-Loire), les fromages fermiers côtoient les sachets de lentilles vendus en circuit court. Ici, une antique moissonneuse-batteuse McCormick demeure présente pour s’affairer à la récolte de la lentille. Cette machine profite d’une mécanique simple, facile à réparer en cas de dommages dus à des pierres. Un ancien trieur de céréales en bois est également utilisé. Il permet de retirer les cailloux présents dans la récolte. Cependant, des machines plus modernes assurent un tri densimétrique afin de retirer les petits graviers, susceptibles de passer à travers les grilles, avec les lentilles.

Des associations favorables
La lentille se sème en février et se récolte entre fin juillet et début août. Afin de faciliter son émergence, il peut être idéal de l’associer avec des céréales à paille qui lui serviront de tuteur. L’avoine, par exemple, peut remplir cette fonction. Elle profite d’un cycle de végétation et d’une période de récolte compatible avec la lentille. Au sein du Gaec de l’Artisou, cette dernière s’associe également avec la cameline. Cette plante originaire d’Europe du Nord et d’Asie centrale profite d’une racine pivotante et forme une tige de 40 à 80 cm de haut. Ses petites graines servent notamment à produire de l’huile.

Ces associations n’ont en revanche pas permis de contrer les pertes dues aux intempéries de l’été 2021. Des averses de grêle ont en effet égrainé la lentille avant la moisson. Les rendements se sont donc avérés minimes. Les producteurs espèrent que la récolte 2022 sera meilleure. Ils doivent en effet fournir suffisamment de cet or vert, qui s’exporte vers 70 pays dans le monde.
* Selon l’organisme de défense et de gestion (ODG) La Lentille verte du Puy.