Pour la troisième année consécutive, je travaille sur l’exploitation agricole australienne PenAgri Farm en tant que chauffeur de tracteur pendant la saison des semis de céréales. La ferme, située dans la région du Mingenew, à 300 km au nord de Perth, la plus grande ville de l’État d'Australie-Occidentale (Western Australia), totalise 20 000 ha de surface agricole utile. Cette année, le programme de semis inclut 6 000 ha de blé, 2 000 ha de colza et 2 000 ha de pois, ainsi que l'élevage de 18 000 moutons sur les 10 000 ha restants. Les parcelles de terre, ou plutôt de sable, présentent des superficies allant de 30 à 800 ha.

Les semis ont commencé le 11 avril et se termineront autour du 25 mai. La récolte est prévue entre octobre et décembre de la même année. Pour cette saison, six employés sont affectés à la conduite des tracteurs et des pulvérisateurs automoteurs dans le cadre des semis et de la protection phytosanitaires des cultures. Un manager supervise le bon déroulement des chantiers. Le travail de semis est réalisé à l'aide de deux tracteurs, un John Deere 9RX 490 et un Versatile DeltaTrack 620, tous deux équipés de quatre chenilles triangulaires. Le premier développe une puissance de 540 ch, et le second plus de 600 ch.

Des semoirs d’origine canadienne
Les semoirs utilisés, du constructeur canadien Morris, sont deux modèles Air Seeder 9682. Chacun s’équipe d'une barre de semis de 18 m de large comptant 60 rangs, soit un interrang de 30 cm. La capacité totale de la trémie s’élève à 11 t, réparties en deux compartiments – l'un pour la semence et l'autre pour l'engrais solide – et une cuve de 7 000 L pour l’azote liquide. En cabine, le chauffeur dispose de deux écrans. Le premier, qui est le terminal du 9RX ou du DeltaTrack, gère le GPS, l'hydraulique et les différents réglages du tracteur.

Le second, d’origine Topcon, est dédié au fonctionnement du semoir et de la barre de semis. Afin de ne pas semer sur une zone déjà couverte, cette dernière intègre un dispositif de contrôle de section fermant les tuyaux, au niveau des têtes de répartition, dédiés à chacune des huit sections égales de la barre. La vitesse d’avancement avoisine les 8 km/h. La densité de semis, en colza, atteint 2,2 kg/ha. Cette semence est achetée en sacs de 20 kg, de type « 4022P canola », au prix unitaire de 2 000 $ australiens (1 196 €).

La fertilisation au semis repose sur deux engrais, l'un solide ((note NP : NPK ?)) à une dose de 80 kg/ha, et l'autre liquide avec un starter (Flexin : 40 unités d'azote), dosé à 40 L/ha. La profondeur de semis ne dépasse pas 1 cm, car les terres de la ferme sont majoritairement sableuses et très pauvres en argile.

Deux équipes par jour
Chaque tracteur et son attelage sèment entre 250 et 300 ha en 24 heures. Ce chantier intensif requiert en effet deux équipes, l'une de jour et l'autre de nuit, soit 12 heures chacune environ. Entre les deux rotations, le matériel bénéficie d’un entretien bien mérité.

Les filtres sont tapés ou soufflés, tout comme les radiateurs de refroidissement. Le semoir et le tracteur reçoivent un graissage au niveau des différents points d’articulation avant de repartir pour 12 heures de travaux dans des conditions sèches et sablonneuses. Le climat australien est généralement très sec jusqu’à la fin du mois de mai, les pluies faisant leur apparition début juin. Il est donc important pour les agriculteurs australiens de terminer les semis avant la période humide.

Ravitaillement par semi-remorques
Sur le plan technique, le processus commence par le semis d'une variété OGM de colza résistant au glyphosate. Celle-ci sera suivie par des pois, puis du blé. Les plants sont enveloppés d’une couche de protection phytosanitaire contre les insectes et les champignons.

Un premier camion de service transporte une cuve de diesel de 7 000 L, un compresseur et diverses caisses à outils. Composé de deux ou trois remorques, un second ensemble de marque Western Star, typique de l’Australie (appelé « road train »), assure le ravitaillement du semoir. Il transporte l'engrais solide et les graines de semence, ainsi qu'une cuve d'engrais liquide de 8 000 L. Enfin, un pulvérisateur automoteur Miller Nitro 7000, d'une capacité de 6 000 L, se charge de l’apport en azote liquide et des traitements phytopharmaceutiques. La largeur totale de sa rampe correspond à celle des semoirs, soit 18 m. Pour l'épandage d'engrais et les autres travaux légers de la ferme, l’exploitation dispose d’un tracteur New Holland T7 et d’un Claas Axion 920.
Propos recueillis par : Henri Etignard
Pour suivre l’avancée des travaux à la PenAgri Farm, retrouvez Nicolas Pastorelly sur :