« Ça peut paraître grossier d’utiliser une dameuse mais, dans ces conditions, peu importe le tracteur qui ira dans le champ, il restera enterré à coup sûr », explique d’emblée Timothée Martin, ouvrier agricole au sein de l’ETA Beauvilain, basée à Jumelles (Maine-et-Loire). Depuis son arrivée dans l’entreprise de travaux agricoles en 2012, au printemps, Timothée conduit une dameuse PistenBully PB 200D équipée d’un distributeur d’engrais Amazone.

La zone couverte par la machine concerne notamment des terres composées de sable sur une grande épaisseur et juste au-dessus d’une seconde couche d’argile. « Ce type de sol sablonneux, d’une profondeur de 50-70 cm, réagit comme une éponge lors des périodes de forte pluie. L’eau n’a pas le temps de s’infiltrer, freinée par l’argile juste en dessous », explique le chauffeur. L’ETA propose alors les apports d’engrais en prestation, que ce soit sur prairies ou sur des cultures céréalières. « Depuis son arrivée dans le parc matériel de l’entreprise, il y a une quinzaine d’années, la dameuse sort tous les ans. Ce printemps, nous sommes déjà à 1 300 ha épandus et devons encore en faire au moins 500 supplémentaires », indique Timothée Martin.


Une portance optimale
Grâce à ses chenilles de 1 m de large, la dameuse dispose d’une portance de 533 kg/m2. Le poids est donc huit fois plus réparti, voire dix, qu’avec un tracteur de poids équivalent, selon la monte de pneumatiques. Ce sont cette caractéristique et son poids réduit, de 6,4 t à vide, distributeur d’engrais compris, qui permettent à l’engin d’évoluer dans les parcelles sans s’embourber et sans créer d’ornières. Après le passage de la dameuse, les empreintes au sol sont minimes au regard des conditions humides. « À peine deux semaines après l’épandage d’engrais, on ne voit plus les traces de la machine. La culture se relève très facilement », se félicite Timothée Martin.

La dameuse est animée par un moteur Mercedes à six cylindres de 5,7 L de cylindrée qui développe 200 ch. Celui-ci entraîne une transmission hydrostatique avec deux réducteurs situés à l’arrière et fournissant la puissance aux chenilles par les barbotins. Le chauffeur gère l’accélération à l’aide d’une molette située sur le volant à gauche et dispose d’un inverseur au centre.

« Auparavant, l’ETA possédait une autre dameuse, mais les chenilles n’étaient pas assez larges, et la machine manquait de puissance, raconte le chauffeur. Quand elle arrivait dans des mouillères de sable, le régime du moteur thermique chutait trop. La rotation des disques du semoir descendait alors à 300 tr/min, au lieu des 500 initiaux pour bien fonctionner. » La machine actuelle reçoit un distributeur entraîné par un moteur hydraulique permettant, via un potentiomètre, de gérer le débit. Ainsi, le conducteur peut adapter ce dernier et l'augmenter, par exemple, si le régime moteur de la dameuse chute. Il se base pour cela sur le régime du moteur hydraulique affiché au tableau de bord, sur un compteur de la marque Buisard.


La PistenBully épand sur 24 m de large à l’aide d’un distributeur d’engrais Amazone ZA-M Tronic 1250. Afin de piloter celui-ci, la machine dispose d’un unique distributeur hydraulique. Deux vannes ont donc été installées pour effectuer manuellement les fermetures gauche/droite des trappes de descente. « Le fonctionnement du distributeur reste inchangé, avec le terminal d’Amazone, précise Timothée Martin. Nous avons seulement ajouté un capteur étanche avec un aimant au niveau de la roue folle de la chenille droite, pour bénéficier du DPA [débit proportionnel à l’avancement] ».
Débit de chantier de 10 à 15 ha/h
« La barre de guidage Isa360 m’évite de jalonner manuellement, et je dispose de l'enregistrement de tous mes tracés de passage. C’est pratique pour comptabiliser les surfaces épandues ou dans le cas où je travaille de nuit, par exemple », souligne le chauffeur. Cela lui permet aussi d’épandre une passée sur deux pour ne pas abîmer les cultures en place lors des demi-tours, avec le ripage des chenilles. Malgré ses plus de 40 années de service, sur la neige puis sur terre, la PistenBully offre de bonnes performances, avec un débit de chantier compris entre 10 et 15 ha/h.

La machine se montre également économe, sa consommation en GNR, variable selon les conditions, affichant en moyenne 0,5 L/ha. L’un des atouts de cette solution choisie par l'ETA réside dans son transport optimisé. En effet, l’entreprise utilise un plateau basculant autorisant un déchargement rapide de la dameuse, sans rampes, le conducteur déverrouillant uniquement le système à l’avant. Le plateau est attelé à un tracteur standard Fendt 722 Vario, doté de bavettes pour retenir la boue lors du transport. Cette configuration permet de couvrir de nombreuses parcelles sur une journée sans perdre trop de temps.

L’ETA compte investir dans un distributeur d’engrais plus récent afin de bénéficier de la pesée et de la coupure de tronçon pour plus de précision. « Nous prévoyons de monter le nouveau distributeur sur silentblocs pour limiter les vibrations, précise le chauffeur. Cela permettra de répondre à la demande de certains de nos clients désirant davantage de précision pour leurs apports d’engrais. »
À voir aussi : Vidéo matériels, unePistenBully pour épandre l'engrais en conditions humides