Bineuse
L’efficacité totale
Contrairement aux autres outils de désherbage mécanique, la bineuse ne travaille que dans l’interrang. Elle se destine donc aux cultures semées avec des écartements entre rangs suffisamment larges, en général d’au moins 25 cm, à l’instar du maïs et des betteraves, mais aussi des céréales. Elle se compose d’éléments indépendants pour chaque rang, reliés à un châssis transversal par le biais de parallélogrammes afin d’assurer la parfaite horizontalité des pièces travaillantes, et de ressorts pour moduler leur pression sur le sol. Dans la plupart des cas, les bineuses reçoivent des dents vibrantes supportant des socs droits, pour briser la croûte de battance, ou de type patte-d’oie, voire plats, afin de scalper les adventices juste en dessous de la surface du sol. Des lames de type Lelièvre, travaillant sur un seul côté de la dent, permettent de s’approcher au plus près du rang sans risquer d’endommager la culture. Pour déloger les adventices sur les rangs, il est possible d’ajouter des étoiles dotées de doigts Kress, dont la matière souple a un effet de brossage entre les plants qui n’abîme pas ces derniers. La bineuse autorise des vitesses d’avancement élevées, à condition que son guidage soit précis. Elle reçoit pour cela une ou plusieurs caméras destinées à détecter les rangs et à corriger la position de l’outil, ou bien un guidage GPS combiné à celui du tracteur. L’ajustement de sa position est permis par un attelage coulissant latéralement, piloté par le système de guidage. Certains constructeurs développent également des machines autoguidées dotées de skis glissant entre les rangs pour diriger les dents de désherbage. Ces bineuses offrent le meilleur résultat sur les interrangs, à condition que les rangs soient assez espacés. À défaut, le traditionnel siège à l’arrière de la machine pour un guidage manuel est encore au catalogue des constructeurs. Il existe également des bineuses montées sur l’avant de la machine ou des tracteurs à poste de conduite inversé pour assurer leur positionnement avec l'outil. Certains constructeurs proposent désormais des solutions de désherbage entre les plants dans le rang grâce à une intelligence artificielle reliée à des caméras. Des gammes de bineuses s’adaptent aussi spécifiquement aux cultures céréalières à paille dont l’interrang sur certains semoirs s’affiche à 25 cm.
Des bineuses se destinent désormais à des céréales à paille semées avec un écartement de 25 cm. (© J.M.)
(© Hatzenbichler)
Herse étrille
Des réglages plus fins
La herse étrille autorise le désherbage mécanique à l’aveugle, avant la levée de la culture, à condition que le semis soit réalisé suffisamment profondément. Il faut également éviter les mottes et s’assurer que le terrain est bien nivelé et dépourvu de débris végétaux. Les dents sont alors réglées pour travailler à la superficie du sol, et la vitesse est assez soutenue, autour de 12 km/h. Le désherbage le plus efficace sera obtenu au stade filament des adventices. Cependant, la herse étrille peut être utile jusqu’au stade 3/4 feuilles. Lorsque la culture est levée, l’utilisateur doit faire preuve de la plus grande minutie. Il est coutumier de dire que la vitesse d’avancement, dépendant du stade de développement de la culture, doit être de 1 km/h par feuille. Il faut alors procéder par tâtonnement, en parcourant quelques mètres, puis en augmentant l’agressivité des dents, et répéter ces étapes jusqu’à ce que la herse endommage la culture, puis revenir au réglage précédent. La vitesse d’avancement peut également s’accroître dans la limite de ce que peut supporter la culture. Si la herse étrille est capable d'offrir un débit de chantier faible, elle nécessite une puissance de traction de l’ordre de 7 à 10 ch seulement par mètre de largeur de travail. Concernant le réglage de l’agressivité de ses dents, deux systèmes se différencient sur le marché. Les herses étrilles à sections, d'abord, comptent plusieurs compartiments rigides sous lesquels prennent place les dents. Le réglage s’effectue alors pour chaque section. Le second montage propose un ressort de tension pour chaque dent, avec un réglage centralisé. Quel que soit le système, ce réglage peut être hydraulique. Ainsi, lorsque le sol est irrégulier, les dents sont en mesure de bouger indépendamment. Cependant, ce dernier montage entraîne un coût d’achat plus élevé que pour une herse à sections. Lemken propose même un réglage hydraulique indépendant pour chaque dent afin de conserver une tension constante, quelle que soit la position de la dent. Enfin, il est possible, dans la plupart des cas, de choisir à la commande le diamètre des dents, disponible en 6, 7 et 8 mm. Des éléments plus fins génèrent plus de vibrations, alors que les plus épais s’avèrent davantage efficaces en sols battants ou lourds. La longueur des dents peut, elle aussi, varier pour accentuer, au choix, l’effet vibratoire ou la rigidité.
La herse étrille peut être utilisée sur des cultures hautes mais risque de ratisser les adventices à un stade de développement avancé. (© L.C.)
Roto-étrille
Vitesse et agressivité
La roto-étrille effectue un travail plus agressif que celui d’une herse étrille, permettant, par exemple, d’intervenir à un stade de développement plus avancé des adventices, jusqu’à 6 feuilles. Elle présente également l’avantage de ne pas ratisser les pailles et les débris végétaux présents en surface. Son mode d’action diffère, lui aussi, de celui d’une herse puisqu'elle va surtout recouvrir de terre les adventices, plutôt que véritablement les arracher. Les doigts rigides de ses soleils agissent comme une brosse sur le sol et cassent la croûte de battance dans l’interrang ainsi que sur les rangs. L’utilisation de la roto-étrille nécessite d’être en présence d’une culture suffisamment développée pour que celle-ci ne soit pas détériorée. Obtenir un bon compromis entre recouvrement des adventices et dégâts sur la culture rend donc le réglage de cette machine assez délicat. La vitesse d’avancement conseillée se situe autour de 5 km/h, voire plus si la culture présente un développement suffisant. La roto-étrille embarque des soleils disposés selon un angle d’attaque courant d’environ 30° par rapport à l’axe d’avancement. Certains constructeurs proposent le réglage de cet angle. La pression sur les soleils s’ajuste de manière centralisée, souvent grâce à un vérin hydraulique. Il faut compter environ 10 ch de puissance de traction par mètre de largeur de travail.
L’angle d’attaque des soleils par rapport à l’axe d’avancement provoque un effet de brossage, recouvrant ainsi les adventices de terre. (© Einböck)
Désherbage thermique ou laser
Coup de chaud sur les adventices
Le désherbage thermique constitue une autre solution pouvant se substituer à la destruction chimique des adventices. La technique repose sur le choc thermique subi par les plantules conduisant à leur dessèchement dans les jours suivant l’intervention. Si elle s’avère efficace sur la partie aérienne des adventices, elle ne détruit pas leurs racines. La source de chaleur peut provenir d’une flamme, alimentée par une réserve de gaz, d’un dispositif à infrarouges, de l’eau bouillante ou encore de la vapeur. Ce mode de désherbage convient à un passage en prélevée pour traiter l’ensemble de la surface. Lorsque la culture est développée, des déflecteurs prennent place autour des brûleurs afin de la protéger. Le désherbage thermique localisé permet de réduire la pression des adventices entre les rangs des cultures sarclées. Le désherbage laser se développe également et attire les constructeurs, lesquels proposent alors des modules abritant des caméras qui déclenchent des lasers pour brûler la zone où des adventices sont détectées.
Le désherbage laser nécessite d'isoler les caméras des variations de luminosité. (© Kult)