Convention des agroéquipements L’objectif de la souveraineté énergétique et numérique
Les 20 et 21 avril, a eu lieu au Puy-du- Fou (Vendée) la convention nationale des agroéquipements et des espaces verts. Près de 350 adhérents ont fait le déplacement pour réfléchir aux enjeux de leurs filières.
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L’un des enjeux majeurs soulevés lors de la convention nationale des agroéquipements, au Puy-du-Fou (Vendée) les 20 et 21 avril, concerne la disponibilité des ressources, qu’elles soient énergétiques ou matérielles. « En 50 ans, nous sommes passés d’une consommation annuelle mondiale de 28 à 100 Gigatonnes, présente Viet-Long Duong, directeur du projet Économie circulaire et décarbonée au centre technique des industries mécaniques (Cetim). Elle devrait atteindre 170 à 180 Gt par an en 2050. » En conséquence, les réserves fondent comme neige au soleil. Le Cetim estime qu’à consommation constante, en prenant comme référence l’année 2016, l’épuisement d’un certain nombre de matériaux surviendra dans les 10 à 20 prochaines années.
Des tensions sur les approvisionnements sont donc à prévoir, que ce soit pour des raisons géopolitiques ou de coût économique. Pour réduire la voilure, la Commission européenne et le gouvernement français recommandent de mettre en place l’économie circulaire. « Elle permettrait de diminuer de près d’un tiers la consommation de ressources, en utilisant le recyclage et l’éco-conception », poursuit Viet-Long Dong. Ce dernier concept prend en compte l’ensemble des aspects environnementaux, positifs et négatifs, d’un produit tout au long de son cycle de vie.
Décarboner la filière
Depuis 2016, des quotas d’émissions carbone ont été instaurés pour limiter la pression sur les ressources. Jusqu’à présent, les actes vertueux en bénéficient de gratuits. Mais cet avantage est en passe d’être supprimé par la Commission européenne. Dès lors, comment répondre aux exigences écologiques tout en restant compétitif ? Pour Julien Painaud, responsable des relations de Total Énergies Marketing France, « il faut utiliser un mix d’énergies comprenant à la fois les biocarburants, l’électrification et l’hydrogène ». Mais, quid de leur mise en application ? « Nous avons besoin d’outils méthodologiques pour y arriver », explique Deborah Gohard, responsable du développement durable chez M-Extend, fabricant de chargeurs pour tracteurs. Sa société a intégré en 2021 la démarche « Act pas à pas » proposée par l’Ademe. « La première étape a été d’évaluer notre bilan carbone pour ensuite identifier des leviers d’actions et une feuille de route pour 2050 », précise l’intervenante. L’entreprise ambitionne une diminution de 77 000 tonnes d’équivalent CO2 d’ici 2030, soit une réduction de 17% de ses émissions annuelles. « Pour y arriver, nous visons l’atténuation des émissions générées dans et en dehors de nos sites de production ainsi que celles induites par l’utilisation de nos produits », précise Deborah Gohard. Le transport est l’un des leviers privilégiés via l’allégement du chargement et la réduction des distances.
Réussir la transition numérique
L’autre grand sujet, discuté lors de ces deux jours, est la question du numérique. En effet, un règlement sur l’usage, la disponibilité et la sécurité des données est discuté au sein de la Commission européenne. Ce « Data Act » ambitionne leur libre circulation. Le texte introduit une nouvelle obligation pour les fabricants : rendre accessible gratuitement aux utilisateurs les données qu’ils génèrent via le produit connecté utilisé. Ils devront également être capables de les redistribuer à une entreprise tierce si celle-ci leur demande et le prix facturé ne pourra pas excéder le coût technique de leur transfert.
Celle loi devrait donc empêcher les fabricants d’imposer des clauses contractuelles jugées inéquitables. Seulement, le tournant pris actuellement par Bruxelles inquiète le secteur de l’agroéquipement. « L’esprit du texte tel qu’il était prévu à l’origine nous semble un peu dévoyé par le levier des lobbyistes des grosses industries, comme celui de l’automobile. Ils ont émis des clauses favorables leur permettant de mettre en place un droit de véto pour ne pas donner les données à leurs propriétaires, alerte Marc Bothorel, président de la commission numérique de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CGPME). Cette mesure nous semble déséquilibrée, dans le sens où la loi devait à l’origine permettre une diffusion égalitaire, quel que soit le statut : distributeur, revendeur ou client. » Pour le moment, il n’en est rien et le texte est toujours en cours de discussion. Pour Loïc Morel, président du Sedima, « le syndicat soutient la démarche initiale du Data Act de libre accès des données à l’ensemble de la filière pour que chacun puisse bénéficier du service de maintenance. Nous suivons donc de près l’évolution du texte. »
Ce partage de l’information soulève aussi la question de sa sécurité. « L’évolution numérique est un vrai avancement pour la profession en termes de suivi, de traçabilité, de performance mais il faut l’encadrer », poursuit Loïc Morel. La cybersécurité est donc un axe de recherche à privilégier. « Face au vandalisme virtuel, il est plus que nécessaire de protéger les informations sensibles mais aussi leur échange entre utilisateurs, fournisseurs, partenaires et institutions étatiques », complète Philippe Loudenot, directeur stratégie Cybersécurité chez Bluefiles, entreprise spécialisée dans le cryptage des messages.
Enfin, depuis fin 2022, « la mise à jour du droit d’exemption accorde au fabricant la possibilité de vendre en direct sur Internet, à condition que le prix fixé par le constructeur ne soit pas inférieur à celui d’achat facturé par le concessionnaire », explique Valérie Guillin, avocate associée au cabinet BMPG spécialisé dans le droit de la distribution et la défense des PME. Cette mise en concurrence, certes encadrée, n’inquiète pas pour le moment le réseau de distributeurs confiant dans son rôle auprès des agriculteurs dans le conseil à l’achat, et notamment pour les outils représentant un investissement important.
Les défis de la transition énergétique et numérique qui attendent concessionnaires et constructeurs sont donc de taille. Pour le Sedima et l’Axema, souplesse et agilité sont de mise.
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