« Ça serait dommage d’avoir survécu à un virus en avril et de mourir de faim en décembre » : c’est en ces termes que Pierre Prim, le président du Sedima, évoque la situation et les interrogations dans les réseaux de distribution. A travers les résultats de sa dernière enquête, le syndicat rappelle que l’année était globalement bien engagée. En mars, les ventes en neuf étaient en progression de 11%, par rapport à mars 2019. Le chiffre d’affaires généré par l’occasion affichait une croissance de 6%. Les voyants étaient aussi au vert pour l’activité pièces (+9%) et les prestations à l’atelier (+10%).
La chute a été rude en avril : -29% en neuf, -24% en occasion, -14% en pièces, -19% à l’atelier. Un coup d’œil sur les autres secteurs et sur les chiffres de l’Insee montre que le machinisme agricole a été relativement préservé : son indice de chiffre d’affaires s’est tassé de 16%, tandis que le commerce de gros d’autres équipements industriels à reculé de 29,2%. Le reflux le plus sévère concerne le commerce et la réparation d’automobiles et cycles, qui s’écroule de 59,7%.
L’enquête Sedima montre par ailleurs qu’il existe de fortes disparités régionales. Les régions du Sud, où domine l’activité viticole concentrent les reculs les plus sévères en neuf comme en occasion. A l’opposé, Poitou-Charentes et Pays-de-la-Loire, zones relativement préservées par le Covid, s’en tirent correctement.
Pour ce qui concerne les perspectives, les concessionnaires regardent les récoltes et les marchés agricoles. Les tendances sont plutôt positives en blé tendre, lait et porc. Elles prêtent moins à l’optimisme en maïs, viande bovine et surtout en vin. La filière est confrontée à la taxation de certains produits aux Etats-Unis et à la chute de consommation qui est allée de pair avec le confinement. Tous secteurs confondus, et moyenne sur mars-avril, les commandes en neuf ont reculé de 30% et celle d’occasions, de 24%.
Au manque de visibilité s’ajoute l’attitude des constructeurs, et notamment la pression qu’ils vont mettre sur les réseaux pour constituer des stocks. Un sujet qui agace Pierre Prim : « Certains constructeurs poussent les concessionnaires à faire du stock. Ils proposent leurs financements « floor plan » à des taux qui se situent entre 3,5 et 6% alors qu’ils empruntent sur les marchés entre 0,3 et 0,7%. Une manne pour des groupes qui ont des structures installées dans des pays à fiscalité avantageuse. Le procédé, certes légal, leur permet d’échapper à une bonne partie de la fiscalité du pays où ils exercent leur activité. Est-ce bien moral au moment où notre pays a besoin d’un maximum de ressources pour reconstruire son économie ? Rappelons que nos entreprises de distribution sont non délocalisables et participent à l’emploi, à la formation et aux investissements dans nos bassins de vie.»
Pour ce qui concerne le Covid-19, l’enquête su Sedima montre que la profession, qui a pourtant continué d’apporter ses services aux agriculteurs, n’a connu que 31 cas dans 27 entreprises. Les responsables du syndicat ajoutent qu’au plus fort de la crise, les contacts ont été fréquents et constructifs auprès des différents ministères. Preuve d’un certain optimisme : le syndicat reste mobilisé sur le front de l’emploi et regarde dans les secteurs très touchés par la crise. Certains salariés des secteurs sinistrés pourraient trouver matière à se reconvertir dans les métiers de la distribution.
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Enquête Sedima Les réseaux attendent la rentrée

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