Le 1er novembre 2020, Antoine Quoquillet, Ludovic Calvez et Nicolas Gourraud ont repris officiellement les rênes de l’entreprise Vitiloire, alors en redressement judiciaire. Ces anciens salariés ne peuvent se résoudre à tourner la page. La majorité de l’équipe, soit une vingtaine de personnes, les suit pour relever ce défi. Afin d’assurer leurs arrières, ils s’associent avec la Socma (Société Occitane de Maintenance), qui fabrique et commercialise des matériels vinicoles depuis Narbonne, dans l’Aude. Afin de prendre un nouveau départ, ils transfèrent le site dans une zone industrielle de Vallet (Loire-Atlantique), aux portes de Nantes, et donnent une nouvelle identité à l’entreprise qui devient « V3TEC », en référence aux secteurs viticoles et vinicoles et au Val de Loire. La nouvelle entité distribue ainsi l’ensemble des outils viticoles, allant du sécateur électrique à la machine à vendanger, en passant par les matériels vinicoles, de la réception de la vendange au conditionnement de la production. Parmi les fournisseurs de l’entreprise, citons Boisselet, CDA, Diemme, ERO, Kreyer, Tecnoma, Vitibot, Willmes… V3TEC commercialise ces matériels et leurs pièces détachées. Elle en assure le service après-vente sur le site de Vallet mais aussi à Saint-Cyr-en-Bourg, en Maine-et-Loire. « Nous avons fait le choix de nous spécialiser, car nos métiers deviennent de plus en plus complexes. Les techniciens sont ainsi dédiés et formés à un secteur d’activité spécifique. De même, nous scindons les ateliers étant donné qu’ils ne comportent pas les mêmes équipements de soudure propres à l’acier ou à l’inox, et que les matériels ne présentent pas la même technicité », souligne Antoine Quoquillet, président-directeur général de l’entreprise. Le directeur général, Nicolas Gourraud, prend également la responsabilité des ateliers, tandis que Ludovic Calvez gère l’activité vinicole. La clientèle se compose de vignerons (80 %), de brasseurs (10 %) et d’industries pharmaceutiques ou agroalimentaires (10 %). « Nous rayonnons sur sept départements de la vallée de la Loire, depuis Mareuil, en Vendée, à Cheverny, en Loir-et-Cher, soit près de 1 200 clients. »
Un besoin de technologies
Antoine Quoquillet constate une progression de la robotisation dans le secteur viticole, induite par une demande accrue de précision dans les travaux à effectuer et par un manque de main-d’œuvre. Le concessionnaire compte également de six à huit tracteurs enjambeurs vendus en 2021-2022, équipés de systèmes de guidage (caméras, GPS) pour optimiser le travail du sol, la pulvérisation, la tonte et l’effeuillage. Fort de cette orientation du marché, il vise ainsi un potentiel de quinze machines à l’année. Selon la largeur des vignes, les clients investissent soit dans des tracteurs enjambeurs à hauteur de 150 000 à 180 000 €, soit dans un tracteur interligne pour un montant de 60 000 €. « Le marché de la viticulture se développe avec l’arrivée de nouvelles technologies, par exemple les descentes à jet porté sur les enjambeurs pour limiter la dérive. Nos ventes annuelles ont atteint, en 2021, de 25 à 30 tracteurs enjambeurs, interlignes et robots, auxquels s’ajoutent 30 pressoirs neufs et d’occasion. Le marché se porte bien dans le secteur vinicole du Val de Loire. Il évolue sur les caves particulières cherchant à optimiser la qualité des jus lors du tri de la vendange et du pressurage. Le fabricant allemand de pressoirs Willmes a une approche très qualitative du produit fini, de même que des étapes d’embouteillage et d’étiquetage. » Les conditions climatiques de 2021 ont également dopé les ventes de tours antigel Gener, qui dépassent les 50 unités. V3TEC commercialise des modèles à deux pales avec moteur thermique et brassage d’air sur 5 ha à hauteur de 60 000 €, incluant la chaudière.
Nouvelles bases en vue
Malgré les risques encourus lors du rachat de Vitiloire, effectuée dans un contexte économique et sanitaire tendu, les trois jeunes repreneurs ont maintenu le cap en se donnant les moyens d’assurer la continuité des activités. À court terme, ils souhaitent faire sortir de terre une base à Saumur, en remplacement de celle de Saint-Cyr-en-Bourg. Le bâtiment actuel, installé en centre-ville, devient trop vétuste. En plus de l’atelier, ils prévoient d’y installer un magasin et un show-room sur une surface totale de bâtiment de 1 300 m2. Le site de Vallet est également en passe de faire l’objet d’un agrandissement de son atelier de 500 m2. « Nous souhaitons répondre au plus près des besoins de nos clients et leur simplifier le travail. Nous projetons, par exemple, de mettre en place une plateforme dédiée à la livraison à domicile et de développer la location de courte durée de tracteurs, d’outils de travail du sol et de pulvérisation, mais aussi des pressoirs, des étiqueteuses et des systèmes de filtration. »
Maintenir la clientèle, se structurer et dynamiser les ventes font partie des objectifs visés par les trois repreneurs. À ce jour, l’entreprise dispose d’un stock de 2 millions d’euros (M€) de matériels et de 1,5 M€ de pièces détachées. Son chiffre d’affaires prévisionnel est estimé à 5,6 M€, répartis de manière homogène entre le secteur viticole et le secteur vinicole. La vente y contribue à hauteur de 75 %. « Nous sommes satisfaits de notre croissance mais restons cependant prudents pour l’année 2022. Elle peut s’avérer plus compliquée compte tenu des gelées survenues en 2021. Nous sommes plutôt optimistes du fait de nos moyens techniques et humains. Nos nouvelles bases vont s’avérer bénéfiques pour nos salariés ainsi que pour nos clients. »