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Distribution ClaasGroupe suisse Serco : pourquoi avoir investi en France ?

Les concessions Dousset Matelin, Ballanger et Vamat (fusion d’Ama, dans la Charente, et de Savimat, en Dordogne) conservent leur propre identité et bénéficient de services support communs fournis par le groupe Serco.
Les concessions Dousset Matelin, Ballanger et Vamat (fusion d’Ama, dans la Charente, et de Savimat, en Dordogne) conservent leur propre identité et bénéficient de services support communs fournis par le groupe Serco. (©D.L.)

Après avoir repris successivement les concessionnaires Claas Dousset Matelin, Ballanger et Ama, le groupe suisse Serco présente, par la voix de son président, Werner Berger, l’organisation choisie pour ses trois concessions Claas du centre-ouest de la France.

« L’identité des concessions conservée »

Décisions Machinisme & Réseaux : Vous représentez le groupe Serco, un grand acteur du machinisme en Suisse. 

Werner Berger est le directeur général de Serco, société importatrice de Claas en Suisse ayant repris trois concessions en France. © D.L.

Pourquoi avoir investi en France en reprenant trois concessions Claas du Centre-Ouest ?

Werner Berger : Serco est l’importateur de la marque Claas pour la Suisse et le Liechtenstein depuis 1991. L’entreprise a effectivement acquis une place très importante sur ces marchés. Mais ces territoires restent petits à l’échelle européenne. Pour envisager de nouveaux projets et faire croître la société, nous étions obligés d’investir dans un autre pays. Quand, en 2016, les dirigeants de Dousset Matelin ont cherché un successeur, Serco était justement en quête d’une entreprise à reprendre. Ce rapprochement fut une excellente opportunité pour les deux sociétés. Notre objectif était de créer des synergies entre les structures afin d’améliorer nos compétences respectives et d’apporter de meilleurs services aux clients agriculteurs, Cuma ou entrepreneurs. Dans une seconde phase, en 2021, une autre opportunité, très complémentaire, s’est présentée avec l’acquisition des concessions voisines Ballanger et Ama, toutes deux également dépositaires de la marque Claas en Poitou-Charentes. Nous sommes aujourd’hui très satisfaits d’avoir implanté Serco en France, car c’est un grand pays agricole. Le secteur couvert est diversifié avec des grandes cultures, de l’élevage et des productions spécialisées. Ainsi, nous ne sommes pas dépendants de la bonne santé d’une seule filière.

DM&R : Avez-vous modifié l’organisation des trois entreprises rachetées ? Prévoyez-vous des évolutions pour les années à venir ?

W.B. : Nous tenions avant tout à ne pas perturber les organisations en place pour rassurer à la fois la clientèle et le personnel. Notre objectif était de conserver une réelle proximité de terrain avec les clients, c'est pourquoi nos trois filiales continuent d'exister en tant que sociétés de services. Quelques remaniements ont eu lieu, principalement pour simplifier le fonctionnement, mais sans réelles conséquences visibles de l’extérieur. La principale concerne la fusion d’Ama, dans la Charente, avec Savimat, la filiale de Dousset Matelin en Dordogne, pour former Vamat. Chaque concession conservera son identité, sa propre direction des services après-vente et ses implantations géographiques. Les trois structures indépendantes possèdent chacune une taille et des compétences adaptées à leur territoire. Les synergies se situent essentiellement au niveau du commerce, du support et de la direction générale. Plusieurs services communs ont donc pu être créés : ressources humaines, finance, marketing et informatique. Ces fonctions sont principalement basées au siège de Serco France, à Neuville-de-Poitou [Vienne], dans les mêmes locaux que Dousset Matelin.

DM&R : Quelles synergies envisagez-vous de développer entre les différentes sociétés de Serco France ?

W.B. : J’ai plusieurs exemples en tête. Les services support viennent en appui du personnel des trois concessions en offrant des compétences spécifiques. L’objectif est de faciliter le travail des salariés sur le terrain en limitant au maximum les tâches administratives. Autre exemple avec la gestion commerciale : chaque vendeur est rattaché à sa concession, mais la stratégie globale est commune à tout le groupe. C'est un modèle qui a déjà bien fait ses preuves. Avec nos 22 bases, incluant quatre agents, nous disposons d’un potentiel important nous permettant d’obtenir des conditions d’achat intéressantes. Par sa taille, Serco dispose aussi d’une assise financière solide et d’une bonne crédibilité auprès des banques. Cela nous permet d’avoir un stock conséquent de machines et de pièces de rechange. Nous venons aussi de créer une filiale supplémentaire dénommée « Sevra », dont l’activité sera centrée sur la digitalisation et les nouvelles technologies. Elle propose ses services sur un territoire plus étendu que celui des trois concessions avec du personnel spécialisé et très qualifié. Nous avons formé des techniciens sur des connaissances spécifiques en électronique, agronomie et informatique. Sevra s’occupe, entre autres, de la distribution des tracteurs autonomes AgXeed. Acquérir de solides compétences dans les nouvelles technologies nécessite d’importants investissements que nous pouvons envisager au sein du groupe Serco, entre la France et la Suisse.

Serco dispose d’une assise financière importante avec la capacité de stocker du matériel et des pièces de rechange rapidement disponibles pour les clients. © D.L.

 

DM&R : Vous parlez justement de formation et de compétences du personnel. Le secteur du machinisme agricole manque de main-d’œuvre, comment comptez-vous réussir à attirer vos futurs collaborateurs ?

W.B. : La pénurie de personnel est effectivement un vrai problème. En Suisse, la formation par apprentissage revêt historiquement une importance supérieure à celle qui lui est attribuée en France, et elle fait même partie de notre culture d’entreprise. Je souhaite profiter de notre expérience en la matière pour appliquer ici les bonnes pratiques de Serco Suisse. Nous avons actuellement 65 apprentis en formation dans l’ensemble du groupe. La sélection est rigoureuse au départ. Les apprentis sont accueillis dans de bonnes conditions avec une mission préétablie. Leurs tuteurs reçoivent aussi une formation et ont des objectifs à remplir. Nous communiquons localement auprès des collèges et lycées pour faire connaître l’entreprise et expliquer nos belles opportunités de carrière, avec des métiers utilisant des technologies de pointe. C’est un investissement sur le long terme.

L’accent est mis sur la formation par apprentissage : promotion du métier, conditions attractives et formation des tuteurs. © D.L.

DM&R : Nous assistons depuis plusieurs années à des regroupements et concentrations dans le monde des concessions agricoles. S’agit-il d’une course sans fin à l’agrandissement ?

W.B. : Il est difficile de prévoir l’avenir et l’évolution nécessaire pour nos entreprises. Nous constatons tous les jours que nos métiers utilisent plus de technologies et requièrent de nouvelles compétences. L’agriculture a de grands défis à relever : combler le manque de main-d’œuvre, s’adapter au changement climatique, répondre aux attentes sociétales de plus en plus exigeantes sur les pratiques employées, etc. Nos matériels apportent déjà de réelles solutions. À terme, cela passera aussi par la digitalisation et les machines autonomes. Pour répondre aux attentes de la clientèle, chaque concessionnaire est amené à investir dans des équipements spécifiques et à former de plus en plus de spécialistes. À la différence d’une entreprise de dix personnes où il est impossible d’avoir du personnel qualifié dans tous les domaines, une structure de 100 personnes peut l’envisager via des économies d’échelle. Mais croître sans cesse n’est pas un but en soi. Notre vision est d’être le partenaire privilégié des utilisateurs. Le distributeur doit rester proche de son client final, c’est pourquoi nous avons voulu maintenir l’identité des entreprises et conserver des structures de service clientèle à taille humaine.

 

 

Serco

Filiale de la coopérative suisse Fenaco

La société Serco est une filiale de la coopérative agricole suisse Fenaco. Cette dernière est présente dans un grand nombre d’activités : céréales, viande, alimentation animale, fruits et légumes, etc. Fenaco possède d’autres filiales, dans l’industrie agroalimentaire, l’énergie et les magasins en milieu rural. Serco est l’importateur de la marque Claas pour toute la Suisse, ainsi qu’au Liechtenstein. Le chiffre d’affaires global annuel de Fenaco atteint 7,4 milliards d’euros pour 11 300 collaborateurs en 2021. De son côté, Serco emploie aujourd’hui 500 personnes, dont 300 en France, pour un chiffre d’affaires global de 200 millions d’euros. Son siège français est établi à Neuville-de-Poitou (Vienne). Le groupe compte au total 22 bases en France, dont cinq pour Ballanger, sept pour Dousset Matelin et six pour Vamat, ainsi que quatre agents. Le territoire couvre dix départements, de Tours (Indre-et-Loire) à Bergerac (Dordogne).

 

 

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