Chargeurs télescopiques  Un marché disputé

Jusqu’à présent, les ventes annuelles de chargeurs télescopiques en France n’avaient franchi qu’une seule fois la barre symbolique des 5 000 unités. C’était en 2019, année record, avec un total de 5 402 immatriculations. Le score de 5 161 ventes enregistrées pour l’année 2023 donne donc le sourire aux professionnels de ce secteur, pour lesquels les difficultés liées à la crise du Covid semblent oubliées. Les constructeurs de matériels de manutention suivent désormais de près la santé économique de leur clientèle, et beaucoup espèrent que la dynamique du marché se maintiendra en 2024. En effet, avec l’évolution des structures dans le monde agricole, les besoins en manutention progressent. Les exploitants sont à la recherche d’outils performants, offrant des capacités toujours plus importantes. Actuellement, ce sont les modèles de 4 t pour 7 m de flèche qui représentent le cœur du marché.

Un podium inchangé

Dans le palmarès des ventes, pas de grande surprise en 2023 du côté du podium, qui reste inchangé depuis de nombreuses années. Le télescopique est toujours une affaire de spécialistes, puisque les quatre premiers constructeurs totalisent à eux seuls plus de 80 % du marché sur la quinzaine de marques recensées. Manitou, dont le siège social se situe à Ancenis (Loire-Atlantique), domine toujours le marché avec 31 % des ventes, un chiffre en légère baisse par rapport à l’année passée (-0,5 point). Le leader français du télescopique peut compter sur un réseau de distributeurs historiques très stable, avec des revendeurs reconnus et bien implantés. Arrivent ensuite le Britannique JCB, avec une part de marché de 25,9 % (-1,5 point), puis l’Italien Merlo, avec 12,8 % (-0,4 point). Ces deux constructeurs maintiennent aussi leur place depuis plusieurs années grâce à des organisations bien rodées et à des réseaux respectifs relativement stables. Quelques évolutions de cartes sont à signaler toutefois dans certains secteurs, consécutives, pour la plupart, à des changements de marques de tracteurs chez les concessionnaires concernés.

Kramer, la marque qui monte

De 5,2 % de part de marché en 2019, le constructeur allemand Kramer a connu une progression régulière pour atteindre, en 2023, 10,5 % des immatriculations, se hissant ainsi à la 4^e place du classement. L’accord de distribution via le réseau John Deere a donc porté ses fruits, puisque la marque est désormais présente sur toute la France grâce à des distributeurs très actifs et reconnus sur leurs territoires respectifs. Bobcat prend la 5^e place avec un positionnement stable en part de marché à 5,6 % (-0,2 %). Avec son usine également basée dans la Loire-Atlantique, le constructeur a su répondre à une demande en hausse, obtenant notamment un marché spécifique, pour approvisionner les Cuma via leurs groupements d’achat. De cette même usine sortent aussi les télescopiques aux couleurs de Massey Ferguson. Le tractoriste, 6^e du palmarès avec 3,7 % de part de marché, devance désormais Claas, qui perd une place, à 3,5 % (-1,3 point). Massey Ferguson prend donc la tête du classement des constructeurs full-liners en mettant en avant une gamme agricole complète et « made in France ». De son côté, Claas impute sa mauvaise performance de 2023 à des difficultés temporaires d’approvisionnement et de livraison liées à la guerre en Ukraine. La marque allemande compte bien inverser la tendance en 2024.

Des outsiders aux dents longues

Dans la seconde moitié du tableau, les parts de marché sont plus modestes, mais les constructeurs présents ne cachent pas pour autant leur ambition de progression. C’est le cas, par exemple, du groupe CNH, dont les marques New Holland et Case IH, respectivement 8^e (2,2 %) et 11^e (0,6 %) du classement, comptent sur l’arrivée de leurs nouvelles gammes pour se démarquer des concurrents et reprendre des parts de marché. Dieci, actuellement 9^e, à 1,6 %, met en avant sa progression de 0,2 point. La marque espère encore gagner du terrain et attirer de nouveaux concessionnaires avec sa nouvelle gamme équipée d’un pont avant suspendu et d’une transmission à variation continue dévoilée à Agritechnica.

Chez Weidemann, on se réjouit aussi des performances de l’année 2023 : quasiment absente du tableau auparavant, la marque est aujourd’hui le 10^e vendeur de télescopiques en France avec 1,6 % de part de marché. Le constructeur s’est récemment diversifié avec une gamme plus étoffée, complémentaire des valets de ferme et des agrochargeuses déjà présents au catalogue. Aujourd’hui, Weidemann estime que son offre peut répondre à plus de 90 % des demandes d’agriculteurs. Pour continuer à progresser, le constructeur souhaite aussi recruter de nouveaux concessionnaires, car le réseau actuel ne couvre efficacement que la moitié du territoire français. Le reste du tableau est occupé par Schäffer, Kubota et Faresin. Ce dernier a récemment réorganisé sa distribution en France avec le souhait de peser sur ce marché dans un avenir proche.

Le concessionnaire fait la différence

Il ressort de cette enquête que « pour gagner des parts de marché, c’est le concessionnaire qui fait la différence ». Sur une exploitation agricole, le chargeur télescopique est un matériel unique et spécifiquement affecté à certaines tâches quotidiennes. « Les clients n’acceptent pas les immobilisations : nous devons être organisés pour intervenir rapidement, ou pour prêter une machine quand le dépannage est plus long que prévu », explique un revendeur. Cela passe par du personnel qualifié et dédié à la manutention, un stock de pièces conséquent et un parc de machines de courtoisie. Un profil de distributeur que les marques se disputent.