Même si quelques secteurs de l’Hexagone, tels que la Côte d’Azur ou la Corse, peuvent encore manquer de revendeurs attitrés, John Deere l’affirme : « 100 % du territoire avec un potentiel agricole est couvert par le réseau. » Les derniers mouvements en date concernent l’est du pays, dans lequel SV-Pro s’étend pour couvrir le territoire libéré par Déméterre. À l’ouest, Agrivision continue à mailler efficacement la Nouvelle-Aquitaine, et BPM vient d’annoncer l’acquisition des établissements Chesneau et Chesneau Agri-Ouest. Ce dernier groupe, diversifié dans la distribution d’automobiles, de camions et d’engins de TP, semble entrer dans une catégorie d’entreprises appréciée par le groupe américain, mais aussi par ses grands concurrents. En annonçant pour 2023, toutes activités confondues, un chiffre d’affaires global de 1,6 milliard d’euros et un effectif de 2 600 collaborateurs, le groupe BPM peut en effet justifier d’une assise financière susceptible d’inspirer de la confiance, mais aussi d’un savoir-faire dans l’acquisition d’entreprises et l’intégration de nouvelles activités.
Des opportunités dans les contraintes
Dans une présentation adressée à un public d’investisseurs et réalisée au mois de janvier, John May, le PDG de John Deere s’est montré très clair dans la stratégie qu’il veut déployer dans les prochaines années. Pour ce dirigeant, nous vivons à présent dans un monde se transformant plus vite que jamais et devenant de plus en plus complexe. Les agriculteurs doivent affronter des coûts en augmentation, des réglementations se durcissant, et doivent s’engager dans des pratiques de plus en plus durables. Dans ce contexte, un constructeur tel que John Deere entrevoit davantage de marges de progrès dans la technicité de ses produits que dans l’accroissement de leur production. « Nous devons faire plus avec moins ! », affirme-t-il. En développant des engins autonomes, des automatismes pour rendre les travaux plus précis et de la connectivité pour engranger des données, ainsi que l’ensemble des logiciels et équipements électroniques associés, il chiffre à 150 milliards de dollars le potentiel de croissance de ce marché. La meilleure marche à suivre, pour lui, est de viser résolument les zones agricoles les plus confrontées à ces défis. Il a assigné à sa division agriculture de précision et de production de placer ses produits sur 220 millions d’hectares à l’horizon 2026. La moitié de cette surface doit déjà être confrontée à de telles contraintes et, à l’horizon 2030, il veut viser un taux de pénétration de 75 % de ces terres engagées dans des schémas de durabilité.
Davantage de valeur par machine
Pour continuer à augmenter la valeur des machines et services qu’il peut proposer à sa clientèle, le nombre d'équipements connectés pourrait atteindre 1,5 million en 2026. À la même échéance, le constructeur prévoit d’aligner des démonstrateurs de machines émettant peu ou pas de CO2. Le modèle économique actuel axé autour de solutions pourrait progressivement s’orienter vers des services. Il serait à même d’afficher de meilleurs taux de rentabilité. Dans ce schéma, le groupe, qui a affiché 51,7 millions de dollars de revenus en 2024, dont la très grande majorité en Amérique du Nord (60 %) et en Europe de l’Ouest (12 %), compte sur des partenaires solides financièrement, à l’organisation bien rodée. La distribution de machines, qu’elles soient agricoles, de construction ou routière, est au cœur de leurs métiers. Ni la taille, ni la zone de chalandise ne semblent à présent connaître de limites. Le plus grand distributeur du réseau international de John Deere pourrait bien être le Canadien Brandt. Celui-ci est très discret sur son chiffre d’affaires, mais il annonce un effectif de plus de 5 100 personnes et un réseau mondial de 170 bases. En plus de distribuer des camions et des engins de construction, il commercialise les matériels John Deere sur une partie du Canada, des États-Unis, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. Il côtoie dans ce club de distributeurs actifs sur plusieurs pays ou continents des acteurs tels que l’Australien Afgri, présent dans son pays et en Afrique du Sud, ou même le Français Monnoyeur qui couvre, via sa filiale Ipso, la Roumanie, la Croatie et la Turquie.