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Ambiance en bâtiment d'élevage Gaec Dairy Veine : Un bâtiment d'élevage simple, fonctionnel et performant

En construisant une stabulation fonctionnelle et adaptée aux canicules, Éva et Alexis Petitprez ont réussi leur pari.

Pour loger et traire leurs 100 vaches, Éva et Alexis Petitprez ont voulu un bâtiment très ouvert et bien ventilé. Grâce à l’isolation du pignon sud et de la toiture, les éleveurs perdent jusqu’à 7 °C en été. Un confort obtenu sans faire exploser le budget.

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« Nous sommes rentrés dans ce bâtiment en 2020, se souvient Éva Petitprez, éleveuse installée en Gaec avec son mari, Alexis, à Bournezeau (Vendée). Il était temps de déménager, car l’ancienne stabulation ne comptait que 67 places en logettes pour un effectif, à l’époque, de 80 laitières. Et la salle de traite à 2 x 4 places n’était plus adaptée à la taille du troupeau. »

Pour ce nouveau projet, le couple Petitprez s’était fixé plusieurs objectifs : améliorer le bien-être des animaux, notamment en été, et gagner du temps au quotidien en supprimant les besoins en main-d’œuvre, tout en restant dans une enveloppe budgétaire raisonnable. Il disposait déjà, au siège de l’exploitation, d’un bâtiment de 18 m de largeur entre poteaux, par 36,5 m de longueur, construit en 2014 et orienté nord-sud. Ce hangar abritait les génisses. Mais dès le départ, Éva et Alexis avaient imaginé la possibilité de l’aménager ultérieurement pour le troupeau des vaches. En 2019, ils décident donc de l’agrandir de 31 m supplémentaires. En raison de la topographie du terrain, et afin de conserver suffisamment de hauteur sous la charpente, la partie neuve dépasse l’ancienne toiture d’une soixantaine de centimètres. Un auvent de 4 m supplémentaires est également créé sur toute la longueur du pan est pour abriter le futur couloir de distribution.

Dans la salle de traite, les pare-bouses en plexiglas apportent de la lumière au niveau du quai (© D.L.)

Toiture et pignon sud isolé

La laiterie et la salle de traite sont installées à l’extrémité sud de la stabulation. Pour lutter contre les pics de chaleur, ce pignon et toute la toiture sont isolés. Des panneaux en polyuréthane de 4 cm d’épaisseur, recouverts d’aluminium, sont fixés sous les pannes. Aucune tôle translucide n’a donc été installée sur la toiture neuve. Celles de la partie ancienne, quant à elles, sont désormais occultées par l’isolation. À l’intérieur, la luminosité apportée par les ouvertures sur les côtés reste suffisante en journée. Les panneaux d’isolants, très clairs, contribuent à la diffusion de la lumière. Trois bandeaux à LED ont été fixés au plafond pour l’éclairage nocturne. Le bâtiment est ouvert sur les trois autres côtés, lesquels bénéficient en plus, à l'ouest et au nord, de filets brise-vent enroulables. Le pan exposé à l’est, lui, n’est pas protégé, et le soleil peut entrer le matin. Les éleveurs gèrent l’ouverture des filets selon les conditions climatiques. En été, celle-ci est partielle sur le pan ouest afin de permettre un courant d’air par le bas, tout en faisant de l’ombre sur la zone de couchage des animaux. Malgré l’isolation, le premier été a été marqué par quelques pics de chaleur avec des baisses d’ingestion et donc une production réduite. La deuxième année, une rangée de quatre ventilateurs de marque CPM (modèle VSL) d’un diamètre de 4 m a par conséquent été installée en complément. L'aire d’attente s'est pour sa part dotée d'un système de douche, de fabrication maison. Il s’agit d’arroseurs de jardin qui rafraîchissent le troupeau avant la traite. Les étés suivants se sont mieux passés, sans incidence sur la lactation malgré plusieurs périodes de canicule. Le courant d’air créé par les ventilateurs semble donc efficace. Quand les journées sont très chaudes, les éleveurs constatent une vraie sensation de fraîcheur à l’intérieur de la stabulation, l'écart de température avec l'extérieur pouvant atteindre jusqu’à 7 °C.

Trois des quatre côtés du bâtiment sont totalement ouverts. Le pignon sud et la toiture sont isolés. Avec la ventilation intérieure, la réduction de température en été peut atteindre 7°C. (© D.L.)

Fluidifier les déplacements des animaux

En construisant ce bâtiment, Éva et Alexis ont également privilégié l’efficacité, tout en maîtrisant le budget. Estimant que l’installation de deux stalles de robots serait trop onéreuse, ils ont préféré opter pour une salle de traite par l’arrière à 2 x 10 postes, de marque BouMatic, sans compteur à lait. Le retour vers la stabulation s’effectue par deux couloirs de part et d’autre. Les pare-bouses sont en plexiglas, ce qui apporte de la lumière au niveau du quai de traite. L’aire d’attente, de forme rectangulaire, se trouve au bout des logettes. Elle est équipée d’une barrière poussante, non électrifiée, montée sur deux grands portiques placés de chaque côté. Cette barrière avance de quelques dizaines de centimètres à chaque fois que le trayeur libère un lot de vaches.

« Le cycle complet est automatisé, précise Éva. Quand toutes les vaches de la rangée sont traites, il suffit d’appuyer sur un interrupteur pour les libérer. La barrière frontale se soulève puis s’incline vers l’arrière, avant de redescendre pour chasser les retardataires. Une fois cette barrière refermée, la porte du fond s’ouvre pour laisser entrer le lot suivant. Un capteur détecte la présence des dix vaches, et la porte se referme toute seule. C’est vraiment pratique, car tout s’enchaîne sans intervention de notre part, et nous n’allons quasiment jamais chercher de vaches dans l’aire d’attente. »
Une porte de tri est placée en sortie de couloir, et un capteur détecte les vaches à isoler grâce à un bracelet placé sur la patte arrière. (© D.L.)

Cette automatisation fluidifie les déplacements des animaux et fait gagner du temps. Dans le même esprit, les deux couloirs de retour sont équipés d’une porte de tri. Quand le trayeur veut isoler une vache, il place un bracelet sur sa patte arrière. En sortie de couloir, un capteur détecte ce bracelet, et la porte s’ouvre pour orienter l’animal dans une autre direction. Du côté gauche, la vache est envoyée dans le box d’isolement. Du côté droit, elle se retrouve dans l’aire d’attente, mais derrière la barrière poussante. Il suffira, en fin de traite, de la transférer dans le box pour les soins. Plutôt que d’installer des racleurs classiques dans les deux couloirs de la stabulation, le Gaec a préféré se doter d’un robot aspirateur de lisier Lely.

« Cela évite la formation d'une nappe de lisier mobile, que nous aurions eue avec des racleurs, estime Alexis. L’aspirateur est également plus polyvalent, car il va presque partout. Ainsi, nous n’avons pas de marche au niveau des passages qui relient les deux couloirs pour que le robot puisse les entretenir. Il nettoie aussi une grande partie de l’aire d’attente, ce qui nous fait gagner du temps. »

À chaque cycle, le robot se vidange dans un caniveau relié à la fosse de 1 400 m3 construite au bout du bâtiment.

Pouvant atteindre tous les espaces souillés par les vaches, le robot aspirateur de lisier se montre plus polyvalent que des racleurs classiques. (© D.L.)

5 500 € par place, pas plus !

Après avoir constaté des problèmes récurrents sur les sabots, près de la moitié de la surface bétonnée a été recouverte de tapis. « Depuis, les vaches se portent mieux », confirment les éleveurs. Pour réduire la facture d’électricité, un prérefroidisseur à lait a été installé dans la laiterie. L’eau est renvoyée vers les abreuvoirs ou utilisée pour le lavage des quais de traite. Un tuyau de 100 m, alimentant le chauffe-eau, passe aussi dans la cuve d’eau tiède du prérefroidisseur pour récupérer les calories. Le groupe froid du tank est placé devant un grand volet roulant, qui est ouvert le plus souvent possible afin de le ventiler au maximum.

Astucieux ! Le volet roulant devant le tank permet d’aérer facilement la laiterie. (© D.L.)
« Lors des premières études, plusieurs personnes estimaient que, pour concevoir un bâtiment réellement fonctionnel, avec bloc de traite et adapté aux fortes températures occasionnelles, il fallait tabler sur 10 000 € par place, se souvient Alexis Petitprez. En partant de notre hangar déjà existant et en rationalisant les investissements, nous n’avons finalement dépensé que 5 500 € par place. C’était avant le Covid, aujourd’hui ce montant serait sans doute plus élevé. Le résultat est satisfaisant puisque nous avons gagné en confort de travail et que la plupart des pics de chaleur se passent sans impact ou presque sur la production. »

En 2022, avec 100 laitières, le Gaec a produit 1,35 million de litres de lait.

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