Gestion Gaec du Courgan : Deux robots de traite sans toucher à la stabulation
Avec plus de 15 000 robots de traite en France, il n'est plus rare de voir dans nos villages des agriculteurs faire confiance à la robotisation pour la traite de leur troupeau. Mais en fonction des exploitations et de leurs structures, les chantiers d’installation s'avèrent différents. Embarquons pour la Bretagne, où le Gaec du Courgan a accueilli deux robots de traite et plusieurs installations annexes, le tout sans avoir eu à reconstruire la stabulation existante.
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Les prim’holstein font partie du paysage breton. Dans cette région, plusieurs agriculteurs travaillent avec des cheptels dépassant la centaine de laitières, et bon nombre de bâtiments abritent des robots de traite. Ce reportage nous emmène dans le Morbihan, entre Josselin et Ploërmel, à deux pas du canal de Nantes à Brest. Au Gaec du Courgan, à Val-d'Oust, les associés Audrey Bauché et Damien Lequitte ont fait le choix de troquer leur équipement de traite en épi à 2 x 8 postes contre des robots DeLaval. Outre son troupeau de 100 vaches laitières, cette exploitation de 125 ha de SAU et d’un droit à produire d’un million de litres compte une petite centaine de génisses, 300 porcs à l’engraissement et une activité de méthanisation en partenariat avec d’autres agriculteurs. Dans un souci de gain de temps et surtout de qualité de vie, les deux associés se sont donc tournés vers la traite robotisée. La particularité de leur installation ? La mise en place des machines s’est faite sans construire de nouveau bâtiment, ni même toucher à l’ossature de la stabulation existante.
Des robots de traite pour une nouvelle vie
Six heures. C’est presque la durée quotidienne auparavant dévolue à la traite des vaches, un poste qui accaparait Audrey. À raison de trois heures le matin et de deux heures et demie le soir auprès des laitières, l’agricultrice, maman de deux enfants, se voyait amputée d’une bonne partie de sa journée. Cette situation l'empêchait de consacrer plus de temps aux autres travaux de la ferme certes, mais aussi et surtout à sa vie personnelle. En plus du côté chronophage de la traite « manuelle », les conditions de travail n'étaient plus vivables pour elle. « Physiquement, j’ai souffert. J’avais hâte que les robots prennent la relève pour traire », déclare Audrey. La répétitivité de tâches telles que le lavage et le branchement des gobelets trayeurs, les portes lourdes à ouvrir et à fermer, le travail par des températures négatives certains jours d’hiver… sont autant de raisons qui ont poussé les deux associés à investir dans des robots de traite.
Le choix de DeLaval
À l’aube de leur projet, Damien et Audrey ont eu à choisir entre les marques Lely, GEA et DeLaval. Pour GEA par exemple, les associés n'ont pu être assurés de disposer d'un service après-vente près de chez eux, dans le Morbihan. Leur choix s’est finalement porté sur le fabricant suédois DeLaval, chez qui chaque manchon ou gobelet trayeur du robot est indépendant, une technologie plus adaptée aux mamelles parfois difformes des vaches de la ferme.
De l’aire paillée aux logettes
Mais pour abriter deux robots de traite sous leur bâtiment, les éleveurs ont dû trouver de la place. Ainsi, 150 m2 d'aire paillée ont été transformés afin d'accueillir les deux salles. L’hébergement des laitières a dû être revu en conséquence sur la surface restante. Pour cela, les associés ont fait le choix des logettes. Avec ce système, l'accueil des 100 laitières est maintenu dans le même bâtiment, malgré l’espace amputé par les robots. Les vaches couchent désormais sur des matelas à eau, lesquels sont recouverts de farine de paille Firstlogette fabriquée par l'entreprise Firstpellets. Les deux exploitants mentionnent quelques avantages à cette organisation : un confort accru pour le troupeau, moins de paille à fournir et aucun fumier à sortir. En effet, les 65 ha de paille auparavant nécessaires pour les aires paillées se sont réduits à 35 ha pour les logettes. La production sur l'exploitation étant suffisante, les éleveurs sont même dispensés d'en acheter. Pour le paillage, ils ont troqué tracteur et pailleuse contre un distributeur spécifique pour logettes, un Bobman Frontload, rendant cette opération beaucoup plus rapide. « Avec le petit automoteur de distribution, 6 à 7 minutes par jour suffisent pour répartir la farine de paille dans toutes les logettes », assure Damien.
L’ossature du bâtiment intacte
La structure de la stabulation n’a subi aucune modification pour accueillir les robots. Quelques travaux ont cependant eu lieu afin de modifier l’organisation intérieure. Les deux machines DeLaval prennent ainsi place à proximité de la laiterie, et les pièces annexes sont montées juste derrière. Celles-ci abritent notamment l’ordinateur dédié aux robots, les tableaux électriques, les pompes et la robinetterie. Afin de créer l’espace nécessaire, les cases à veaux ont été démontées, et du béton a été recoulé au sol. Les pièces sont délimitées par des murs en panneaux sandwichs de bardage, sur lesquels repose le faux plafond, directement pris sur la structure du bâtiment et relié à la charpente par des chevrons. L’ancienne salle de traite est encore présente mais sera bientôt détruite afin de construire une aire paillée. La salle d’attente, quant à elle, deviendra un espace de logettes. « Ces deux zones accueilleront les vaches malades ou boiteuses ayant besoin d’être séparées du troupeau pour être au calme et se reposer », précise Audrey.
L’installation d’éléments annexes
Ces nouveaux aménagements ont été l’occasion pour Audrey et Damien de changer de méthode de raclage, une tâche quotidienne auparavant réalisée à l’aide d’un rabot attelé à un tracteur. Grâce au système de logettes, fini le fumier. Les aires d’exercice sont à présent nettoyées par un robot collecteur DeLaval qui racle et aspire le lisier. Cette fois encore, aucune modification majeure n’a été requise pour accueillir cette machine, si ce n’est l’installation au sol du chemin de pions guidant ses déplacements programmés. Plusieurs trajets sont paramétrables, l’engin passant ainsi du côté des cornadis ou vers les logettes. Une fois rempli, le robot se vidange dans une préfosse et se recharge en même temps en énergie électrique, sous un abri monté à l’extérieur du bâtiment. Cette préfosse est raccordée à une fosse de stockage d’une capacité de 2 000 m3 creusée à l’occasion de l’installation des robots, de quoi tenir plusieurs mois sans être vidée.
Gestion stratégique des effluents
Le Gaec du Courgan comptant presque 200 bovins à l’année, une gestion stratégique des effluents s’impose. Les éleveurs ont donc mis en place une activité de méthanisation en partenariat avec d’autres agriculteurs. Ils emportent lisier et fumier au méthaniseur, puis récupèrent du digestat qu’ils épandent dans leurs champs. Le premier apport d’azote sur leurs 35 ha de blé n’est donc plus minéral, mais organique. Une entreprise de travaux agricoles épand ensuite dans ces parcelles du lisier ou du digestat, à l’aide d’une tonne équipée d’un pendillard. Par ailleurs, le passage de l’aire paillée aux logettes engendre une production supérieure de lisier, le sol n’étant plus paillé. Enfin, seules les génisses restent en système fumier, dans des boxes.
Plus d'herbe dans les rations
Avec le passage à la traite robotisée, les vaches passent plus de temps dans la stabulation et moins à l’herbe, en prairie. De ce fait, la part d’herbe dans la ration a été augmentée. Cette dernière est composée de betteraves, d’ensilage d’herbe, d’ensilage de maïs et d’un correcteur azoté. Par ailleurs, l’aliment concentré n'est plus distribué en ration complète avec la mélangeuse, mais pendant la traite robotisée.
Entre la réalisation des travaux et l’acquisition des trois robots (dont le racleur), l'investissement total s'élève à 700 000 €. Si cette somme reste importante, l'installation des robots rendue possible dans le bâtiment existant a été une aubaine pour les deux éleveurs. Ce projet considéré comme nécessaire leur apporte aujourd'hui un gain de temps et une meilleure qualité de vie.
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