Leur vision du futur Julien Desvaux, Éleveur : « La technologie doit nous libérer du temps et réduire la pénibilité »
Julien Desvaux, Éleveur à Guémené-Penfao (Loire-Atlantique) et adhérent de la Cuma du Nord nous livre sa vision de son métier dans le futur au travers de 5 questions.
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Matériel Agricole : Comment voyez-vous votre métier dans le futur ?
Julien Desvaux : Cette année, nous allons investir dans deux robots de traite. L’automatisation des tâches connaît un réel essor. Avec mes associés, nous nous intéressons aussi à la robotisation de l’alimentation qui sera sans doute l’étape suivante, d’ici une dizaine d’années. Nous suivons les robots tracteurs en pensant que cela deviendra courant dans deux ou trois décennies. Si notre Cuma est toujours active, elle pourra sans doute investir dans ce domaine.
M.A. : Quels sont, selon vous, parmi vos problèmes quotidiens, ceux qui seront résolus demain par la technologie ?
J.D. : En élevage laitier, la charge de travail reste importante, avec beaucoup d’astreintes et de longues journées. Personnellement, je recherche des technologies qui permettent d’abaisser la pénibilité et de libérer du temps. Aujourd’hui, nous travaillons à deux, un week-end sur deux. Avec les robots, l’objectif est qu’une seule personne puisse tout faire afin de n’avoir plus qu’un week-end sur quatre d’astreinte.
M.A. : Qu’est-ce que la robotisation vous inspire ?
J.D. : Ma première interrogation concerne le coût de ces technologies. Elles doivent rester abordables financièrement, car, s’il faut travailler encore plus qu’avant pour les financer, ce n’est pas un progrès. Avant d’investir, il faut également réfléchir à leur maintenance. Les concessionnaires peinent à recruter des techniciens compétents. C’est un des points essentiels à prendre en compte. Les agriculteurs doivent aussi se former, car nous serons de plus en plus souvent amenés à intervenir nous-mêmes. Enfin, pour moi, la robotisation doit améliorer le confort de travail en réduisant les contraintes physiques et mentales. Au Gaec, je tiens par exemple à maintenir le troupeau au pâturage. Avec l’arrivée des robots de traite, le projet est de conserver notre salariée, sans travailler sur plus d’hectares, ni augmenter le nombre de vaches laitières.
M.A. : Quelle est, selon vous, la Cuma type du futur ?
Afin de gagner du temps et pour valoriser des outils toujours plus technologiques, les Cuma proposeront de plus en plus de prestations complètes avec chauffeur. Le mouvement est déjà enclenché et il permet aux petites exploitations d’accéder à des équipements performants. J’espère que les Cuma seront aussi actives qu’aujourd’hui. Les producteurs n’auront pas intérêt à toujours produire plus, mais il faut qu’ils puissent produire mieux en intégrant les questions sociétales et écologiques. Obtenir des prix rémunérateurs est donc essentiel pour éviter la course aux hectares. Si la taille des fermes augmente trop, les agriculteurs seront encore plus isolés et peineront davantage à attirer des jeunes. Cela fait aussi courir des risques pour les structures qui les accompagnent, notamment les Cuma. Quand un adhérent augmente sa SAU, il décide parfois de s’équiper individuellement en matériels et il quitte la Cuma, pénalisant parfois ceux qui restent, car ils n’arrivent plus à rentabiliser leurs équipements en étant moins nombreux.
M.A. : Si le climat évolue selon les prédictions des scientifiques, quel(s) changement(s) voyez-vous dans votre domaine ?
J.D. : Nous devrons adapter les bâtiments pour mieux protéger les animaux, notamment des pics de chaleur. Au Gaec, nous avons déjà planté des arbres sur une parcelle, à côté de la stabulation. L’objectif est de créer des îlots ombragés, accessibles aux vaches en cas de canicule. Il faudra aussi revoir nos périodes de pâturage et opter pour de nouvelles variétés, voire de nouvelles espèces de fourrage. Cela suppose de repenser nos méthodes de travail, avec moins de monocultures et plus d’agronomie. La demande des consommateurs s’orientera sans doute vers moins d’alimentation carnée et plus de productions végétales. C’est à nous, agriculteurs, de répondre à ces attentes.
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