Login

Leur vision du futur Margaux Toinard, Kuhn : « Les systèmes culturaux devront être de plus en plus pointus afin d’économiser les ressources »

Margaux Toinard est fille d’agriculteur de la filière Comté à Voiteur, dans le Jura, et élève-ingénieure à l’Institut Agro Dijon, en apprentissage chez Kuhn au service communication produit. Elle nous fait part de sa vision des choses quant à l'avenir de ses milieux professionnels.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Matériel Agricole : Comment voyez-vous votre métier dans le futur ? 

Margaux Toinard : Je pense avant tout que, quelle que soit l’évolution, nous, constructeurs, devrons toujours nous adapter aux besoins des agriculteurs. Plus précisément, des pôles tels que l’agriculture de précision ou l’intelligence artificielle se développeront, et nous nous devrons de travailler dessus. Chez Kuhn, par exemple, lorsque je rédige des plans de communication, je me dois d’intégrer toutes les technologies prenant de l’ampleur, telles que l’Isobus ou les solutions électroniques diverses. D’un point de vue personnel, sur la ferme, les technologies ne sont maintenant plus en option. Les constructeurs se doivent ainsi d’être à même de répondre à ces besoins.

M.A. : Quels sont, selon vous, parmi vos problèmes quotidiens, ceux qui seront résolus demain par la technologie ? 

M.T. : Un premier problème qui, à mon sens, pourra être résolu, ou du moins en partie, par la technologie est le manque de main-d’œuvre. Les robots, par exemple, sont déjà en mesure de pallier ce problème. J’ai en tête, par exemple, les projets de tracteurs autonomes. En second lieu, je peux mentionner la pénibilité et la répétitivité des tâches, qui seront réduites grâce à la technologie. Je pense, notamment, au robot de traite qui évite la traite manuelle depuis maintenant trente ans.

M.A. : Qu’est-ce que la robotisation vous inspire ? 

M.T. : Quand je pense à la robotisation, je vois un confort de travail accru allié à une meilleure productivité. J’émets par ailleurs l’hypothèse que les robots pourraient à l’avenir consommer moins d’énergie. Cependant, malgré ces bienfaits, certains bémols m’interpellent, comme l’accessibilité. Je peux mentionner le coût, mais également les éventuelles impossibilités techniques à l’emploi de robots. En prenant l’exemple de la ferme familiale, les robots de traite ne sont pas possibles du fait de l’AOP Comté. Par ailleurs, d’un point de vue métier, les agriculteurs seraient-ils prêts à se faire « voler » leur travail par les robots ?

Le Gaec du Serein exploite 500 ha et produit du lait à Comté (AOP) avec ses 220 montbéliardes, au sein d'un cheptel total de 680 bêtes. (© M.T.)

M.A. : Quelle est, selon vous, la ferme type du futur ? 

M.T. : D’une manière générale, je dirais que les fermes seront plus automatisées. Cependant, je ne visualise pas une ferme type. Par exemple, j’ai en tête les fermes travaillant avec des appellations. Les cahiers des charges limiteront, à mon sens, l’utilisation des robots ou d'autres formes d’automatisation. Cependant, je pense que des fermes aux productions standards seront de plus en plus friandes et dépendantes de technologies, comme celles que nous avons aujourd’hui : le guidage, les réglages automatiques des machines, etc.

M.A. : Si le climat évolue selon les prédictions des scientifiques, quel(s) changement(s) voyez-vous dans votre domaine ? 

M.T. : Si les périodes de sécheresse s’intensifient et se prolongent, et qu’à l’inverse les pluies sont de plus en plus conséquentes, je vois une évolution des itinéraires techniques. Par ailleurs, l’accès à l’eau risque de devenir une source majeure de préoccupation. Je pense ainsi que les systèmes culturaux devront être de plus en plus pointus afin d’économiser les ressources. C’est ici, à mon sens, que la technologie et la robotisation entreront en scène. Je pense aux outils d’aide à la décision, aux robots, bien évidemment, ou encore aux carburants alternatifs. Ainsi, en ayant une réflexion en lien avec mon poste chez Kuhn, nous devrons être en mesure de proposer des produits et des services s’inscrivant dans ces nouveaux besoins des agriculteurs.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement