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Machinisme de demain : un défi humain !  Quelle est la place des robots au sein du machinisme agricole ?

Les constructeurs allemands Krone et Lemken travaillent sur un projet commun d'automoteur, à cheval entre un robot et un tracteur autonome, nommé « Combined Power ».
Les constructeurs allemands Krone et Lemken travaillent sur un projet commun d'automoteur, à cheval entre un robot et un tracteur autonome, nommé « Combined Power ». (©A.G.)
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Les robots agricoles entament une conquête dans les exploitations agricoles. Malgré les avantages qu'ils procurent, il faut évangéliser, concevoir et développer la filière robotique agricole. L’un des acteurs de cette transformation à venir est l'association RobAgri, chargée du projet « Grand défi de la robotique agricole » né le 5 mars 2023. Christophe Aubé, président de la structure, répond aux questions de la rédaction.

Vous êtes à l’origine du programme « Grand défi de la robotique agricole » (GDRA). Pouvez-vous nous dire de quoi il s’agit ?

Christophe Aubé : Le GDRA a un objectif très ambitieux d’accompagnement à la transformation de l’agriculture pour faire face aux nombreux défis des agriculteurs. Des défis sociétaux, mais aussi économiques et politiques : quelle souveraineté sur notre alimentation et quelle rémunération pour nos agriculteurs ? Des défis environnementaux : quels moyens donnons-nous à l’agriculture pour faire face aux changements climatiques ? Nous sommes convaincus que la robotique est une pierre de cette transformation de l’agriculture. L’objectif du GDRA est d’initier et de mettre en œuvre des travaux et de nouvelles pratiques agricoles pour répondre à ces attentes.

Comment voyez-vous le rôle économique de la robotique agricole au sein des exploitations dans les prochaines années ?

Nous voyons une augmentation très forte des automatismes dans le machinisme agricole. La robotique s’inscrit dans cette tendance. Pour nombre d’exploitations, ces automatismes sont synonymes de pratiques vertueuses – bien-être animal dans certains cas, agriculture de haute précision dans d’autres. La robotique, comme d’autres outils, devrait offrir aux agriculteurs un confort supplémentaire, associé à une capacité de travail supérieure.

Qui peut bénéficier de la robotique ?

Il y a plus de 45 roboticiens agricoles en France. Les offres sont très différentes, du robot léger d’observation jusqu'au tracteur autonome. Ainsi, il y en a à peu près pour toutes les filières et pour toutes les tailles d’exploitation.

La robotique agricole permet-elle aussi de répondre à des enjeux sociétaux et environnementaux ?

La robotique se développe clairement en s’appuyant sur les interdictions successives des produits phytopharmaceutiques. Cela répond à une pression sociétale et environnementale. Néanmoins, elle permet d’aller beaucoup plus loin dans les techniques culturales et offre de nombreuses opportunités. L’agriculture de demain nécessite une certaine technicité que la robotique pourra apporter, tout en augmentant les effets positifs des cultures sur l’environnement, comme le stockage du carbone avec les légumineuses.

Quels sont à ce jour les secteurs d’activités agricoles où la technologie des robots est mature ?

Nous voyons que certaines filières tirent le marché de la robotique et donc attirent les solutions matures. L’élevage, qui est humainement contraignant, a une grosse expérience de la robotique depuis plus de 30 ans et, bien sûr, le maraîchage et la vigne, lesquels ont une plus grande rentabilité par hectare et font face à une forte pression sociétale sur les herbicides.

Christophe Aubé, président de RobAgri, estime que le robot replace l’homme au cœur de la production agricole, lequel reste maître de ses choix sur l’exploitation agricole. © B.E.

Quelles sont les prochaines tendances de développement concrètes de la robotique agricole en France ?

L'une des tendances qui arrivent touche à l’arboriculture et aux systèmes de préhension afin de réaliser certaines tâches qui ne le sont pas ou plus, faute de main-d’œuvre. En grande culture, les robots vont avoir de plus en plus de fonctions pour couvrir davantage d’opérations. Enfin, nous allons commencer à voir des tracteurs autonomes puisqu’un arrêté autorisant ce type de système devrait être applicable en France dès 2024.

Comment se positionnent les industriels français sur ce sujet ?

Les industriels français tirent bien leur épingle du jeu. Néanmoins, la concurrence est bien présente, et nous allons continuer à porter les solutions de nos industriels, en particulier sur le volet du respect de la réglementation. Nous devrions avoir fin 2023 et en 2024 de belles annonces dans le rang des industriels français.

L’avenir est-il à la robotique agricole ou aux tracteurs autonomes ?

Chaque système, robot ou tracteur autonome, a ses avantages et ses inconvénients. Les cas d’usage peuvent être très éloignés et donc difficilement comparables. Si la demande des agriculteurs est très forte, je pense que les deux solutions vont cohabiter à long terme. À court terme, la robotique pure a de l’avance sur les tracteurs autonomes puisque la France initie les démarches réglementaires en Europe pour autoriser ces derniers et que ces démarches n’aboutiront probablement pas en 2023, mais plutôt en 2024.

Les robots remplaceront-ils 100 % des machines dans les exploitations agricoles françaises ?

Les robots ne s’opposent pas aux machines. Ils ne sont que des automatismes qui permettent aux agriculteurs de répondre aux exigences toujours plus grandes de leur métier. Un robot n’est qu’un tracteur dont le poste de conduite est au sol, avec un accès privilégié à la culture. J’aime dire que le robot replace l’homme au cœur de la production végétale. Mais à la question : « est-ce que les robots remplaceront les ouvriers agricoles et les exploitants ? », la réponse est non. L’Homme reste maître de toutes ses décisions et de ses choix culturaux, il est au cœur de la production agricole et le restera !

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