Lesieur fait partie du club très restreint des concessions centenaires. L’entreprise familiale a démarré le négoce des matériels agricoles en 1922. Représentant la troisième génération, Jean-Maurice Mesnage, et Didier Charles, respectivement président et directeur général, sont aux manettes d’un groupe qui compte onze points de vente et de services Fendt et quatre Valtra. Lesieur (Fendt) couvre la Mayenne, la Loire-Atlantique et une partie du Maine-et-Loire, de la Sarthe, de l’Orne et de l’Eure-et-Loir. L’ensemble emploie 200 salariés et réalise 95 millions d’euros (M€) de chiffre d’affaires. Agri Ouest (Valtra) couvre l’Ille-et-Vilaine, une partie de la Manche et de l’Orne, avec 40 salariés, pour un chiffre d’affaires de 18 M€. Les deux entités forment de 25 à 30 apprentis, et consacrent des moyens importants tant à la formation de leurs équipes qu’à celle de leurs clients. Pour Jean-Maurice Mesnage, il s’agit d’un point essentiel pour renouveler les effectifs et être à la hauteur des attentes des clients.

Jean-Maurice Mesnage, en effectif d’apprentis, vous dépassez les ratios moyens de la profession. Vous attachez donc beaucoup d’importance à la formation des jeunes ?
Comme l’ensemble de la profession, nous sommes confrontés à une pénurie de main-d’œuvre. Celle-ci correspond à environ 10 % de l’effectif total. Nous avons donc une vingtaine de postes vacants sur l’ensemble de nos bases. Prendre des jeunes en contrat d’apprentissage, c’est aussi une façon de les intégrer et de leur proposer un poste à l’issue de leur formation. Nous formons et recrutons principalement des BTS. Les jeunes qui décrochent ce diplôme par la filière classique sans apprentissage s’orientent davantage vers des emplois chez les constructeurs.
Vous venez d’investir dans une salle de réunion de 110 m2 avec des moyens informatiques et vidéo pour assurer des formations. À qui est destiné cet outil ?
Nos 120 techniciens passent chaque année entre une et deux semaines en formation chez le constructeur, ce qui équivaut à 250 semaines consacrées à l’amélioration des compétences. Cette salle leur est un peu destinée. Elle voit aussi passer les équipes commerciales, mais nous l’utilisons surtout pour accueillir notre clientèle. Chaque client est bien sûr accompagné lors de la mise en route d’un tracteur ou d'un autre matériel neuf, mais cela s’avère parfois insuffisant. Nous organisons donc des journées où se retrouvent les propriétaires du même type de tracteur ou de machine. La formation est dispensée en salle le matin. Après le repas pris sur place, l’après-midi est consacré à une prise en main avec différents types d’outils. Par le passé, ces formations étaient dispensées par des spécialistes envoyés par le constructeur. Nous sommes désormais autonomes et avons créé un poste propre à cette activité. Nous allons aller plus loin en devenant un centre de formation, ce qui permettra, entre autres, la prise en charge de nos prestations par les différents fonds de formation. Nos spécialistes pourront en outre partager leurs compétences dans des domaines spécifiques : récolte, pulvérisation, épandage, irrigation, guidage…
Y aura-t-il, selon vous, des évolutions notables dans la façon d’exercer votre métier ?
Nous avons déjà mis en place le dépannage à distance grâce à des caméras installées dans les cabines des tracteurs Fendt. Nos techniciens peuvent se connecter à cette caméra et guider le client par téléphone pour lui expliquer une marche à suivre ou venir à bout d’un code panne. Ils ne prennent pas la main et se déplacent s’il s’agit d’un problème mécanique. Nous sommes aussi équipés pour le dépannage par vidéo. Nos techniciens peuvent ainsi se faire guider à distance par un spécialiste lors d’une intervention complexe. Il y a aussi des débuts prometteurs avec les imprimantes 3D, qui permettent de fabriquer une pièce dans l’urgence. Enfin, et toujours dans les situations d’urgence, pourquoi écarter l’hypothèse d’une livraison au champ à l’aide d’un drone ? Dans le monde de l’automobile, il y a des situations où le concessionnaire ne facture plus. La marque s’en charge et commissionne le concessionnaire. Nous ne sommes pas à l’abri d’une évolution dans la façon de commercialiser les machines. En revanche, nous resterons incontournables pour tout ce qui concerne le service face à des clients de plus en plus exigeants. Avec la réduction du nombre d’agriculteurs va aussi se poser la question des bases de proximité. Nous sommes organisés pour qu’aucun client ne soit à plus de 30 km d’une des nôtres. Un tel maillage sera-t-il nécessaire demain ?